Partie 17

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La paume de sa main s'égarait sur la douceur de ses draps. La senteur délicate du jasmin chatouillait son nez. Ilith avait ouvert les fenêtres de la chambre, laissant ainsi entrer la fraîcheur de l'aube. Garance se releva doucement. La brise matinale s'engouffrait dans les longues tentures de lin blanc. Celles-ci virevoltaient dans la pièce, donnant à la chambre une étrange impression d'irréalité. Garance sortit de son lit, elle vit que son bain avait été préparé, des pétales de roses le parfumaient. La jeune femme pensa à sa douce Ilith qui s'occupait si bien d'elle.

Quel bonheur de retrouver le confort, la douceur, la chaleur du doux climat d'Elenith. Elle s'approcha des fenêtres pour contempler ses jardins qui lui avaient tant manqué. Ses pieds glissaient sur le marbre froid. Soudain, elle sentit une présence dans son dos. Elle reconnut immédiatement cette senteur de musc et d'océan. Son corps irradiait d'une telle chaleur que sans la toucher, il brûlait son épiderme. Il posa sa joue rugueuse au creux de sa nuque, lui arrachant un frisson. Son souffle chaud enflamma la peau fragile de sa gorge. Elle ferma les yeux pour s'imprégner de chacune des sensations qu'il provoquait en elle. Elle lança sa main à l'arrière pour la glisser dans la douceur de ses boucles brunes. Mais sa paume ne frôla qu'un crâne lisse. Une main brutale étouffa son cri de terreur. Avant qu'elle n'ait pu échapper à ses bras robustes, une lame se glissait sous son sein.

- Tu n'existes que pour entraver ma route, murmura la voix honnie de Cyrius à son oreille avant d'enfoncer la dague dans son coeur.

Eliam s'était assoupi dans le fauteuil au pied du lit de Garance, attendant son réveil, quand un cri de terreur le fit sursauter. La jeune femme était assise au creux des draps, le regard hagard, essoufflée, terrorisée. Il se redressa lentement pour ne pas l'effrayer plus.

- Où suis-je ? demanda-t-elle d'une voix rauque après quelques minutes.

- Dans le refuge dont on avait parlé, répondit Eliam.

- Depuis longtemps ?

- Vingt-quatre heures.

La jeune femme l'observa un instant, puis remarqua qu'elle était propre et changée, tout comme le prince.

- M'avez-vous lavée ? Qu'avez-vous fait de mes vêtements ? demanda-t-elle avec une pointe d'agressivité.

Eliam ne put s'empêcher de remarquer, non sans agacement le retour au vouvoiement. Il prit une posture nonchalante.

- Je ne me serais pas permis...Princesse ! Vous pourrez demander vos vêtements à la maîtresse des lieux, dit-il d'un ton narquois.

Garance vit immédiatement le changement de comportement du jeune homme. Quelques secondes auparavant il la scrutait d'un air inquiet de ses yeux lagon. Mais il avait brusquement renoué avec les moqueries. Le rêve dont elle s'éveillait lui revint en mémoire. Avant l'angoisse, le désir immense qu'il attisait en elle. Une gêne énorme la submergea au souvenir des nuits qu'ils avaient passé dans le froid des montagnes. Le retour à la civilisation signifiait un retour à leur statut d'ennemi. La jeune femme tenta de mettre de l'ordre dans ses idées, mais elle était perdue au milieu d'une foule de sentiments contradictoires.

Eliam vit de légères rougeurs teinter les joues de la jeune femme. Il pouvait lire chacune de ses émotions sur son visage car il ressentait les mêmes. Il était temps d'éclaircir la situation, alors il lança d'une voix rauque :

- Ce qui s'est passé là-haut.....c'était ailleurs...une parenthèse.....Nous avions froid et.....peur. Je suis votre geôlier, vous êtes ma prisonnière. Vous êtes Garance d'Elenith, je suis Eliam de Saillans, tout est résumé.

Les Royaumes d'Eredjan 1 - La Princesse de CendreUnde poveștirile trăiesc. Descoperă acum