Partie 9

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Eliam était allongé sur l'une des plages de sable fin qui bordaient le royaume Elenith : la Baie des Trépassés. De telles étendues n'existaient pas à Saillans. Hormis quelques criques que l'on avait transformées en ports, le récif n'était que falaises et pitons rocheux. Il était là, le regard perdu dans la voute céleste. L'ennui le rongeait et la relation conflictuelle qu'il entretenait avec son père le minait. Chaque jour, Eliam pouvait voir la déception qu'il lui inspirait. Il enrageait, alors qu'il aurait tellement voulu que ce regard de dédain ne l'atteigne pas. Il avait fuit durant toutes ces années, persuadé qu'il n'était pas et ne serait jamais le fils que son père attendait. Il en avait désormais la certitude. Pourtant, le Roi semblait bien décidé à le faire plier, d'une manière ou d'une autre. Eliam se sentait piégé et il l'était.

Perdu dans ses pensées et obnubilé par l'idée d'échapper à la situation, le jeune prince n'entendit pas le trot du cheval. Il se redressa brusquement, quand il vit passer à quelques dizaines de mètres de lui une monture noire. Son cavalier portait une longue cape sombre, un capuchon recouvrait sa tête et une grande partie de son visage. La lune claire se reflétait dans l'étoffe soyeuse. Alors qu'il avait pratiquement les sabots dans l'eau, l'individu stoppa le cheval, puis il sauta lestement sur le sable humide. Eliam fut surpris par la finesse de la silhouette de l'inconnu. La main de celui-ci s'attarda un moment sur l'encolure de la monture. Le jeune prince était désormais assis sur le sol, intrigué, la main à sa dague, car il était certain que ce n'était pas l'un des guerriers de Saillans : il n'avait pas la carrure des hommes de son peuple et les soldats n'avaient pas le droit de quitter le camp, encore moins seuls. Il était évident que le cavalier était un ennemi. L'homme en question fit alors glisser sa longue cape et la posa sur la selle de sa monture. Eliam eut alors la surprise de découvrir une fine silhouette féminine. La lourde chevelure brune de la jeune femme atteignait ses reins, son corps était recouvert d'une robe blanche diaphane qui ondulait le long de ses jambes fuselées. Elle avanca doucement dans l'eau. Le jeune homme ne quitta pas du regard le dos de l'inconnue, intrigué par sa présence incongrue. Elle progressa dans l'océan jusqu'à ce que l'eau recouvre sa taille. Le ressac laissait apparaître le tissu rendu transparent, collant aux reins de la jeune femme. La fraîcheur évidente de l'eau ne semblait pas la freiner. Soudain, elle disparut dans les flots.

Eliam sauta sur ses jambes et s'approcha doucement de la monture de l'inconnue, flatta son encolure, sans que la jument ne soit effrayée, elle attendait patiemment sa maîtresse. Le jeune prince explora l'océan du regard. Les fines épaules de la mystérieuse étrangère réapparurent bientôt, elle lui tournait toujours le dos, semblant scruter l'horizon. Elle était parvenue à éveiller la curiosité du jeune homme. Elle resta immobile de longues minutes, ses mains frôlant la surface de l'eau. Eliam avait l'impression que cette silhouette rendue opalescente par la douce clarté lunaire n'était qu'une apparition. Définitivement intrigué, il commença à avancer dans l'océan pour rejoindre discrètement l'inconnue. Lorsque l'eau recouvrit ses hanches, il ne put réprimer un frisson. Il s'arrêta à quelques mètres de la jeune femme, celle-ci ne semblait ne pas avoir remarqué sa présence. Sa chevelure brune trempée luisait comme de la soie sous la lumière des étoiles. Sa peau semblait aussi pâle que le tissu humide qui la moulait.

- Belle soirée pour une baignade ! dit-il dans un sourire.

Garance d'Elenith se retourna aussitôt. Le regard d'Eliam se figea sur sa peau diaphane, son teint d'albâtre, ses lèvres légèrement bleuies par le froid. Le tissu de sa robe moulait ses petits seins en forme de poire. De taille menue, elle était mince mais pas frêle. Eliam parcourut du regard sa silhouette durant de longues secondes. La jeune femme soutint son regard sans ciller, puis quand elle prit conscience que celui-ci détaillait sans vergogne ses formes, elle couvrit sa poitrine de ses mains. Elle sonda un instant lpallassinea plage du regard avant de fixer de nouveau son attention sur le colosse qui ne la quittait pas des yeux.

Les Royaumes d'Eredjan 1 - La Princesse de CendreWhere stories live. Discover now