- La ferme, Lalikine, répondit Shilar en se couchant à son tour.

- Allez faites-moi un peu de place, leur dit Eliam en s'allongeant.

Quelques minutes plus tard, ses amis dormaient d'un sommeil de plomb. Les ronflements de Shilar emplissaient la pièce. Eliam était fourbu, chacun de ses membres étaient douloureux, il avait l'impression que sa tête allait exploser. Il aurait tué pour un bain, mais dans ce bouge, ce n'était pas la peine d'y penser. La fatigue eut bientôt raison de lui et le sommeil le gagna enfin.

Le jour se levait quand les trois hommes franchirent les portes d'Estran. La cité, bâtie à flanc de coteaux, était encerclée de douves puis de hautes murailles. Les sabots de leurs montures claquèrent sur le pont-levis, puis sur les pavés de la grand'rue. Ils croisèrent quelques soldats ensommeillés. La ville était encore endormie. Ils gravirent le premier niveau de la cité et parvinrent sur la place principale où quelques commerçants installaient le marché. Il leur fallu atteindre la sixième porte et le cinquième niveau pour entrer dans la cour intérieure du château. La bâtisse fortifiée qui avait abrité l'enfance d'Eliam s'élevait face à lui, surplombant la cité. Elle était l'une des rares habitations à posséder un toit d'ardoise, le reste des bâtiments était recouvert de toits de chaumes. Les nombreuses tours donnaient à la citadelle un aspect massif et sécurisant. Il était étrange pour Eliam de retrouver la maison familiale. A l'ouest de la cour pavée, il pouvait apercevoir la cime des arbres peuplant le parc luxuriant qui descendait jusqu'au lac à la limite des remparts extérieurs de la cité. A l'est, l'écurie et la salle des gardes fermaient l'enceinte intérieure de la cour.

Alerté par leur présence, un groupe de soldats vînt à leur rencontre. Eliam, Shilar et Lalikine mirent pied à terre.

- Bonjour, Messeigneurs, nous voudrions voir le Roi, dit le Prince.

- Et qui le demande ? demanda le plus gradé des cinq soldats dans un sourire.

- Introduisez-nous et vous verrez, répondit le jeune homme, volontairement provocateur.

Le soldat posa la main sur la garde de son épée. Les trois hommes ne lui inspiraient pas confiance, la couche de poussière qui les recouvrait masquait leurs traits. Le soldat avait face à lui trois soudards, crasseux, massifs et armés.

Eliam le dévisagea de la tête au pied, et l'autre put voir une lueur étrange passer dans son regard. Le jeune Prince ne pensait pas que son retour serait aussi amusant, il lança un coup d'oeil à Shilar, puis à Lalikine. Ceux-ci comprirent immédiatement et sourirent à leur tour. Désone n'était pas là pour les raisonner, ils allaient se divertir un instant.

- Liam !

Le cri retentit dans la cour du château. Le prince se retourna.

- Nom de Dieu ! Eliam c'est bien toi, s'écria un grand gaillard blond qui s'approchait d'eux d'un pas rapide.

Eliam reconnut immédiatement son frère aîné, vêtu d'une légère cuirasse de cuir, Galahaad s'apprêtait visiblement à chevaucher. Il n'avait pas changé. Ses pommettes hautes, son port altier, tout en lui respirait la noblesse, le sang royal. Il portait désormais ses cheveux plus longs, jusqu'aux épaules, mais son regard était toujours le même : franc, incisif, agate. C'était le point commun le plus marquant des deux frères, tous deux avaient hérité des yeux de leur père.

- Gal ! s'écria à son tour le prince cadet, en se jetant dans ses bras.

Les deux frères se serrèrent l'un contre l'autre.

- C'est bon de te revoir, dit Eliam.

- Je ne t'aurais pas reconnu, laisses moi te regarder, dit Galahaad en se détachant de son frère.

Les Royaumes d'Eredjan 1 - La Princesse de CendreWhere stories live. Discover now