Une rumeur de surprise s'élève du public alors que Claire Whutman éclate en sanglots sous le regard furieux de son mari. Je n'aurais jamais dû la
dénoncer. Il va lui faire du mal.
- Objection ! Madame Whutman ne fait pas partie des accusés dans cette affaire !
- En effet. Mais uniquement car ma cliente a refusé de porter plainte pour non-assistance à personne en danger. Cependant nous ne pouvons ignorer certains faits. Si nous avions tu ce nom comme le souhaiter ma cliente au départ, vous auriez sans doute mis cette tentative de suicide sous la cause des prétendus problèmes mentaux qu'elle aurait d'après votre avis d'expert médical. La vérité est là, cette indifférence à sa souffrance, a poussé la cliente à attenter à sa vie !
- Maître Callaway je vous prie de vous calmer et de laisser votre cliente poursuivre.
- Veuillez m'excuser votre Honneur. Mademoiselle Dennings, poursuivez votre récit je vous prie. Qu'avez-vous fait ensuite ?
- Je me suis mise à pleurer. Rick m'a menacé puis frappé pour que j'arrête. Mais c'est comme si mon âme s'était séparée de mon corps. À peine m'avait-il libérée que j'ai couru dans la salle de bains pour m'enfermer. Je le suis assise dans la douche laissant l'eau couler sur mon corps. Je regardais le sang s'écouler sans ressentir aucune émotion ou douleur malgré les coups. Je suis sortie et j'ai enfilé un peignoir. Je savais où Claire cachait ses somnifères alors je suis allée chercher une boîte. J'ai pris un verre d'eau et je me suis assise sur le lit. J'ai avalé autant de comprimés que possible puis je me suis allongée en attendant que mon cœur s'arrête.
J'essaie de me calmer, je serre mon pendentif dans mes mains, les yeux rivés sur le sol. J'ai tellement honte, cette sensation d'être souillée, qui me poursuit depuis, s'intensifie. J'aimerais me cacher mais je ne peux. Je dois finir ce que j'ai commencé. Je dois obtenir justice pour ce qu'ils m'ont fait. Je prends une grande inspiration avant de continuer.
- Je me suis réveillée quelques jours plus tard à l'hôpital et je ne suis plus jamais retournée dans leur maison.
- Merci de vos explications Mademoiselle Dennings. Avant de laisser mon confrère prendre la parole. J'aimerais vous présenter cet examen médical datant de l'admission à l'hôpital de ma cliente suite à sa tentative de suicide. Le rapport nous indique qu'en plus des hématomes présents sur le corps de ma cliente. Des lésions intra-utérines et anales étaient présentes. Certaines datant de plusieurs mois, d'autres plus récents.
Je n'en peux plus. Tous ces détails. Je ne ne veux plus rien entendre. Je dois sortir d'ici. J'ouvre la bouche en tentant en vain d'aspirer de l'air.
- E-Excu...je n'arrive pas à...
Je me lève en posant une main sur ma poitrine douloureuse.
- Mademoiselle Dennings, avez-vous...
- Kat ! Regarde-moi !
Je reconnais la voix de Josh mais elle me paraît si lointaine.
- Regarde-moi, je suis là !
Je lève la tête, le cherchant du regard. Il me sourit. Je me concentre sur son visage, calant mes mouvements de respiration sur les siens. J'inspire par le nez, j'expirr par la bouche. Nous recommençons ensemble plusieurs fois jusqu'à ce que mes battements de cœur reviennent à un rythme normal.
- Je suis désolée votre Honneur, je...
- Je comprends. Tout ceci ne doit pas être facile à entendre et encore moins à voir. Murmure-t-elle pour que moi seule l'entende. Voulez-vous continuer ?
- Oui. S'il vous plaît.
Je veux en finir une bonne fois pour toutes. Alors cette fois au lieu de baisser la tête, je reste le regard fixe sur Josh qui me rassure autant qu'il peut. Maître Callaway se rassoit tandis que l'avocat des Whutman prend la relève.
- Pour rebondir sur cette dernière...preuve de mon confrère. Je tiens à relever l'absence d'une quelconque trace de sperme de mes clients. Mademoiselle Dennings aurait très bien pu s'infliger ses blessures elle-même au moyen d'un quelconque objet de forme phallique. Insinue l'avocat perfidement.
J'en ai le souffle coupé tandis qu'une rumeur choquée retentit dans le public. Même Josh semble choqué. Les larmes se mettent à couler, je serre les poings si forts. Je ne dois pas réagir. Je dois garder mon calme afin de ne pas me discréditer. Mais ma gorge me brûle tellement j'ai envie de hurler. Hurler au monde entier ce qu'ils m'ont fait, le plaisir qu'ils prenaient à me voir souffrir, qu'ils avouent leurs crimes pour me libérer de ce poids constant.
