Chapitre 18

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Je n'ai jamais connu de famille d'accueil comme ça. J'observe les photos des différents albums que me montre Laurel. Chaque enfant ou adolescent passé chez eux possède un album. Peu importe qu'il soit resté quelques semaines, des mois ou des années.

- Porter doit avoir vingt ans, comme Quinn d'ailleurs. Il a toujours voulu voyager et aider les autres. L'humanitaire était donc parfait pour lui. Quinn est la seule d'entre tous qui a suivi ma voie en faisant du droit.

- Ils sont tous orphelins ?

- Non ! Pas du tout. La plupart ont au moins un de leurs parents vivants. Parfois, il n'y a pas de réconciliation mais nous sommes toujours là pour eux.

- C'est incroyable.

- Je trouve surtout ça normal. Devon ! Notre casse-cou, il doit bien avoir vingt-cinq ans aujourd'hui. Il vit à Hawaï où il travaille en tant que moniteur de surf. Rosa est notre future chirurgienne. Elle n'a que vingt et an ans mais est déjà en cinquième année de médecine à Yale. C'est une surdouée. Karl fait des études en psychologie. Il a toujours été proche de Marc. Calme et plutôt solitaire. Son anniversaire a lieu le jour de Noël. Il va fêter ses vingt ans.

Laurel parle d'eux avec tant d'amour et de fierté. On pourrait penser que ceux sont ses enfants biologiques.

- Karl est le seul, avec toi, qui n'a aucun de ses deux parents. J'adore lorsque nous sommes tous réunis à la maison. D'ailleurs, il me semblait qu'on devait discuter de ton argent de poche.

- Mais tu n'es pas obligé de...

- Tttt, tu fais partie de la famille. Joshua et Jacob y ont le droit alors toi aussi. Demain, je te donnerai l'argent pour le mois de septembre. Si tes notes sont bonnes ainsi que tes appréciations, tu auras une "prime" à chaque semestre.

- Merci Laurel, c'est vraiment généreux.

- Non Kat. C'est normal. Dans l'expression "famille d'accueil", il y a surtout le mot famille.

Si je n'avais pas déjà épuisé mon stock de larmes, j'en aurais pleuré. Jamais une famille n'avait été aussi gentille avec moi.

- Tu devrais aller te coucher. Demain une nouvelle semaine de cours commence.

J'étreins Laurel en la remerciant à nouveau.

- Hé Kat ! M'appelle-t-elle quand je suis sur le pas de la porte. Je sais que tu fumes. Non que ça me gêne réellement mais tu sais que c'est très mauvais pour le corps. Si jamais tu veux arrêter, n'hésite pas à venir m'en parler.

Malgré son regard bienveillant, je ne peux m'empêcher de rougir.

- Merci.

Je monte dans ma chambre et enfile mon pyjama en deux temps trois mouvements. Je me couche et enfonce mes écouteurs dans mes oreilles.

•••••

C'est parti pour une nouvelle semaine de cours. Déprimant, j'en pleurerai presque. Je descends à la cuisine en traînant des pieds pour prendre mon petit-déjeuner. Laurel est, comme à son habitude, rayonnante et fraîche comme une rose. Josh pareil. Seul Cob semble me soutenir avec une mine aussi défraîchie que la mienne.

- Hum, j'en connais qui vont avoir besoin d'un coup de fouet pour se mettre en route. Se moque Laurel en buvant une gorgée de son café.

Je finis mon déjeuner le plus vite que je peux puis monte prendre ma douche et essayer d'arranger ce qui me sert de visage. Malgré tout, Josh n'a même pas eu le temps de m'attendre. Nous arrivons au lycée avec près de cinq minutes d'avance. Je prends mes affaires de maths même si je compte bien faire une petite sieste pendant le cours. Je rejoins Josh et nous nous dirigeons ensemble vers la salle.

- Désolée l'ami mais je t'abandonne. Je vais me trouver une place au fond et roupiller un peu.

- Ok.

- Grazie mille l'amico !

Je prends place à un bureau totalement à l'opposé du professeur et m'installe.

- Salut beauté !

- J'ai, certes, fait beaucoup d'effort pour camoufler le désastre qu'est mon faciès en cette journée mais s'il te plaît n'aie pas l'hypocrisie de m'appeler "beauté".

- La beauté n'est pas qu'extérieure Kat.

- Mais elle joue pour beaucoup. Donc laisse-moi dormir afin que je réduise ses valises qui ont décidées de voyager jusque sous mes yeux. Tu vois ?

- De ?

- Je suis tellement fatiguée que je fais des blagues nulles.

- Repose-toi et fais de jolis rêves. Chantonne la voix rauque de Cole à mon oreille tandis que je ferme les yeux.

- Tu te prends pour le marchand de sables ou quoi ? Souris-je en gardant les yeux fermés.

- Si ça peut te faire plaisir, oui.

Je ne réponds rien mais mon sourire s'agrandit. Monsieur Kandy entre dans la salle et je suis bien obligée d'émerger afin de lui répondre. Dès qu'il lance la séance d'exercices, je crois mes bras et pose ma tête dessus. Je sursaute en sentant une main sur mon bras. Je papillonne des yeux puis finis par me réveiller complètement.

- Ça sonne dans deux minutes. Chuchote Cole.

- Merci. Réponds-je en baillant à moitié.

Je commence à ranger mes affaires quand, pour mon plus grand bonheur, le prof annonce un contrôle pour la semaine prochaine. J'ai failli danser sur la table tellement cette idée m'a mis en joie. Je quitte cette salle maudite pour aller en histoire où je retrouve Jake.

- Hé beau gosse !

- Mmm, je te retourne pas le compliment. Ta tête est un cauchemar ambulant.

- Connard.

- Ouais mais je suis un connard beau gosse alors que toi, t'es juste moche.

- Il est à peine neuf heures du matin. Tu pourrais être un minimum agréable.

- Bien sûr. Désolée Kat, tu es très en beauté aujourd'hui. Ton visage illumine la pièce tel un soleil.

- N'abuse pas non plus. Qu'est-ce que vous pouvez être idiot parfois.

- Vous ? C'est qui vous ? Josh ne t'a quand même pas dit que tu étais belle ?!

- Et pourquoi pas tiens !

- Ne te vexes pas ma petite Kat. Ce que je voulais dire c'est que Josh est tellement timide. Je ne l'imagine pas du tout te dire qu'il te trouve jolie.

- Parce qu'il me trouve jolie ?

- Comme pas mal de monde oui.

- Pour ta gouverne, Josh m'a déjà dit que j'étais jolie. Mais bref, je ne parlais pas de lui. Je parlais de Cole.

- Cole ? S'il t'a dit que tu étais belle, c'est seulement parce qu'il veut baiser avec toi.

- Parce que toi non peut-être ?

- Oui, mais je suis un bien meilleur coup que lui.

- Ah bon ? Tu as baisé avec Cole pour vérifier ?

- Ne dis plus jamais ça. Grogne-t-il.

- Ne te vexes mon petit Jake. Un trou reste un trou cher ami.

Jake me jette un regard mêlant indignation et colère. Je me tourne vers la prof afin de ne pas éclater de rire.

That Girl (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant