Chapitre 1

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Pdv de Ely
11 juin 2019 // 21 : 49

Ce soir, mon père, Karl Willis, le pdg d'une grande entreprise pétrolière, la Willis Corporation, a organisé une grande réception chez nous où nombreux salariés (plus quelques amis), champagne, amuse-bouche, domestiques, groupe de musique et piscine chauffée seront présents.

Attendant que les premiers invités arrivent, je patiente au beau milieu du salon huppé et je me ronge les ongles, anxieuse d'accueillir autant de personnes. Je ne suis pas ochlophobe ni agoraphobe mais je n'apprécie pas trop me montrer en public.

— Ne te manges pas les ongles, papa a dit que c'était moche de voir ça sur une fille, me réprimande ma petite sœur de 7 ans.

— Oh, Ana, sur moi, il trouve que tout est moche, dis-je en lui lançant un regard glacial.

J'attrape donc le rebord de ma robe verte -ma préférée- et m'occupe les mains en pliant ses rebords et observant la salle de réception décorée par les employés de maison : les trois lustres en verre diffusent de la lumière dans l'immense pièce rectangulaire, des centaines de chaises sont placées autours de cinquantaine de tables rondes recouvertes d'une nappe blanche et de couverts en argents, une estrade où se tiendront les musiciens est placée à côté de la verrière qui mène au jardin et, collées à un mur, d'autres grandes tables sont mises, où la nourriture, les vins et le champagne viennent d'être déposés.

Mais subitement, la sonnerie retentit et ma sœur se lève d'un coup :

— Elise, allez ouvrir ! Ça doit sûrement être père, crie-t-elle à l'intention d'une des domestiques que mon père avait embauchée il y a maintenant un bon bout de temps.

Elle s'exécute et quelques secondes après, mon géniteur passe le seuil du salon.
Son cigare allumé à la bouche, il tire une taffe avant de me dire :

— Tu viens juste de te réveiller ou c'est comment ? Vas te maquiller.

Ne voulant pas l'énerver, je suis montée en quatrième vitesse à l'étage où se trouve ma chambre, tout en soufflant d'exaspération.
J'ai dépassé la bibliothèque qui prend tout un mur de ma salle à coucher, ai dépassé mon bureau blanc toujours bien rangé et ai dépassé mon grand lit deux-places, pour entrer dans ma salle de bain privatisée.
Arrivée devant le miroir de celle-ci et les quelques produits de beauté que l'on m'a offert, j'ai râlé.
J'ai le droit d'avoir envie de le tuer ? Franchement, il ne peut pas m'obliger à faire ce que je ne veux pas !
J'ai alors passé un bref coup de gloss sur mes lèvres, ai fait un léger trait d'eyeliner sur mes paupières et ai appliqué du mascara puis j'ai rejoint mes longs cheveux blonds en un chignon strict sans aucune petite mèche qui ne dépasse.
J'ai descendu les escaliers et suis revenue dans le salon.
Trois personnes sont arrivées et sont déjà postées à proximité du buffet : un homme -les cheveux gris, la peau mate, habillé en costard-cravate- d'à peu près le même âge que mon père tient par le bras une dame -grande, brune, habillée d'une longue robe dorée- qui je devine est sa femme et un garçon -plutôt grand et musclé- se tient dos à moi. Ils parlent avec mon père qui, lui, est le plus souriant possible.
Je l'entends de loin :

— Ah tiens ! Voilà ma fille.

Le garçon se retourne et je peux enfin voir son visage. Sans ses traits durs, sa chevelure noire frisée qui tombe sur son front, la ride formée entre ses sourcils et ses yeux couleur ébène foudroyant sur place, il ressemblerait comme deux gouttes à son paternel.

— Bonsoir, dis-je doucement en m'approchant vers eux.

Je leur fais la bise et l'homme dit à mon père :

— Votre fille est ravissante.

— Oui, je le sais. Donc Ely, je te présente M. Blackburn, Elizabeth Blackburn -sa femme- et Caleb Blackburn -son fils, a poursuivi mon géniteur.

— Appelle moi Emanuel, fait le collègue de mon père.

— D'accord.

Caleb n'a pas encore ouvert la bouche mais me dévisage comme si il voulait me foudroyer de ses yeux.
Avant que je ne lui fasse remarquer, d'autres invités entre dans la pièce, tous aussi émerveillés les uns des autres par les lieux, un "palace" comme ils n'ont pas arrêté de répéter.
Et Karl ne fait que parler business avec ses hôtes.
J'en ai déjà marre. Hâte que ça se finisse.
Je me sers d'une coupe de champagne et la bois lentement tout en grignotant la nourriture du buffet.

— C'est bon ? me dit une voix masculine moqueuse.

Gênée, je me suis déplacée sans regarder qui m'adressait la parole et l'ai laissé se servir.

— Alors, Ely. Tu as quel âge ? continue-t-il.

Je me retourne pour voir à qui j'ai affaire : c'est Caleb Blackburn.
Plus proche de lui, je peux repérer une cicatrice de sûrement trois centimètres sous son œil gauche et la seule fossette qu'il a sur l'autre joue.
Il est plutôt beau...

— Oh ! Tu m'écoutes ! me sort-il violemment de mes pensées.

— J'ai 17 ans. Et toi ?

— 19.

Après ce court échange, il s'est en-aller. Et je me suis retrouvée, encore une fois, seule.

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