Bad Romance

Chapitre 1

Austin, Texas

Vingt ans plus tard...

Assis au bar, les verres de whisky commencent à s'empiler devant moi, à tel point que je ne sais même plus compter mes doigts. Fait, qui d'habitude ne m'aurait pas interpellé si je n'étais pas en état d'ébriété. Je fais signe au barman de remplir mon verre vide, d'un nouveau mélange. Peu importe le goût, l'aspect ou l'odeur, l'alcool passe dans mon gosier comme une lettre à la poste.

L'homme à la chevelure dégarnie me remplit l'objet en question, me lançant par la même occasion, un sourire contrit. Croit il vraiment que j'ai besoin de sa compassion ? Je ne sais pas pourquoi je l'attriste, mais celui-ci m'offre même mon verre. Je sais que je fais pitié à voir, mais qu'est-ce que j'en ai à foutre ? C'est le nouvel an après tout ! Tout le monde va être torché et je veux en être. Je veux finir cette année avec classe et panache. La tête entre les cuisses d'une femme, et bourré comme un âne.

Je sais par ailleurs, qui sera ma proie de cette nuit. Luciana Jones. Une ancienne connaissance qui a fini par mettre des coups d'encre sur ma peau, jusqu'à ce que j'en sois pratiquement rempli. En arrivant dans ce bar miteux, je l'ai tout de suite remarqué. Elle et son look sexy de pin-up qui m'a toujours fait de l'effet. Elle fait partie des gens du bar qui danse à en perdre l'équilibre sur des musiques de merde. Cela m'étonne un peu d'elle. La tatoueuse à pourtant de meilleur goût musical que ceux des années 70.

— Dead ! hurla une voix dans mon dos.

Je n'ai pas besoin de me retourner pour savoir qu'il s'agit de la tatouée. Elle a mis du temps avant de me trouver... Elle fait tourner mon tabouret pour que je me retrouve ainsi face à elle et dans un geste habituel, elle me claque un bisou sur la joue. Ses lèvres, peintes en rouge, ont sûrement dû laisser une marque que je m'empresse d'effacer avec la manche de mon t-shirt noir. C'est le genre de truc que je déteste par-dessus tout. De ses grands yeux marron, elle me détaille avec un air suspicieux.

— Tu en fais une tête. Souris voyons, c'est le nouvel an ! s'exclame-t-elle.

Je lève mon majeur devant son nez pour toute réponse. Décidément, ils ont tous envie de me casser les couilles ce soir. N'étant pas du même avis que moi, elle mordille mon doigt et enchaîne :

— Je sais ce qui te ferait rendre ton sourire charmeur... lance-t-elle, joyeuse.

Est-ce qu'elle sous-entend une pipe ? Si c'est le cas, je m'en fais une joie. Elle enroula alors ses bras autour de mon cou, un sourire évocateur sur ses belles lèvres pulpeuses. Néanmoins, je ne suis pas fan de l'exhibitionnisme, si elle souhaite m'avoir dans son lit, on va devoir trouver un endroit. Pourquoi pas les toilettes ? Je suis sûr qu'ils ne sont pas aussi dégueulasses que ce à quoi je m'attends. Il suffirait de fermer la porte à clef et le tour est joué. Ou bien, on peut retourner dans sa piaule, mais je ne suis pas sûr de pouvoir attendre jusqu'à sa chambre si elle me chauffe. Comme si la jeune femme pouvait lire dans mes pensées, elle enchaîne :