.-28-.Entrée en scène

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Nous passons la journée à jouer à des jeux idiots. Al a laissé tomber ses cours aujourd'hui estimant qu'il pouvait prendre un jour de "congé" comme il l'a répété toute la journée, sans doute plus atteint de culpabilité qu'il ne le prétendait. Nous avons enchaîné jeu de carte, mime, blind test ou encore pâtisserie malgré les réticences de Edward. Nous profitons tout les trois de tous les instants ensemble, un peu comme des enfants qui ne se verront plus pendant un moment. Étonnement lorsque l'heure de partir approche, je ne suis pas au fond du trou. Je suis au contraire presque impatiente de retourner chez moi. J'ai ressenti comme un déclic en moi ce matin dans la salle de bain et depuis, les choses paraissent presque facile. Mon ventre remplit de fondant au chocolat fait dans l'après-midi semble approuver mon sentiment. Albert me tend un sachet plastique remplit des dernières pâtisseries avant de me prendre dans ses bras. Surprise par cet élan affectif pour lequel je ne suis absolument pas habituée, je tapote doucement le dos de l'étudiant faisant bien une tête de plus que moi. Lorsqu'il se redresse, je crois entre-apercevoir ses yeux humide par l'émotion. Aussitôt je me mets à le rassurer, étonnée cependant par tant de sensibilité.


- Hé Al ça va aller t'inquiète pas, je suis juste à côté... Je vous fais pas mes adieux...


Je suis au paroxysme de la gêne, heureusement Edward revenant apporter un sac, se met à rire face à l'émotivité de son frère bien plus âgé.

- T'inquiète pas, Al est le gars le plus émotif que j'ai jamais vu. Une publicité le ferai pleurer.


Albert qui a tout entendu se met à rire en essuyant une larme qui allait perler sur sa joue et rajoute que ce n'est pas de sa faute si tout l'atteint comme cela.

Nous sortons après encore avoir dit au revoir à Al, et nous mettons en route. Nous plaisantons sur le chemin en nous taquinant comme à l'accoutumé, Edward râlant sur le soleil qui l'empêche de voir devant lui et moi lui faisant remarquer que sans le soleil nous ne serons rien. Il nous reste quelques maisons avant d'atteindre la mienne lorsque je m'arrête net, faisant face à Edward. Celui-ci me regarde avec un regard surpris puis inquiet, un voile de culpabilité passe aussi ensuite dans son regard.

- Qu'est ce qu'il se passe? Tu ne veux pas y retourner? Tu avais l'air sûre de toi... je suis vraiment désolé de devoir t'imposer d'y retourn...

- Ne t'inquiète pas Edward, je suis contente de rentrer. Je ne veux juste pas que tu m'accompagne jusque devant chez moi. Merci de m'avoir accompagné mais je vais finir seule.

- Tu es sûre? Ça m'inquiète un peu...

- Mais non ne t'inquiète pas je t'ai dit, je suis forte, plus que toi monsieur le maigrichon !

- Je te rappelle que je fais de la muscu mademoiselle.


- Oui ben, je suis quand même plus forte !

- Bon on y va?

- Non, non, moi j'y vais, toi tu restes là je te rappelle, tu as une mémoire de poisson rouge ma parole !

- Tu es vraiment sûre ?!

- Il va pas me tuer t'en fais pas, et puis, moi j'ai déjà failli tuer quelqu'un !

- Ah bon?! Tu m'as pas raconté cette histoire! C'était qui?

- Tu l'as en face de toi.

Je lui offre un sourire moqueur et lui tapote l'épaule devant son air béat.


- Allez allez, j'y vais. Encore merci pour tout Edward, on se tient au jus hein?

- Ouep, juste par précaution envoie moi un message toute les 10 minutes histoires que je saches si tu es vivante.


- Un mail tu veux dire?

- Non je parlais d'SMS, tu sais ces trucs que des gens de notre âges s'envoient normalement?


- J'ai pas ton numéro idiot.

- Regarde bien tes contacts belle demoiselle.


Il me fait un clin d'œil et se retourne prêt à repartir. Il se met en marche dans mon sens opposé et je crois l'avoir entendu murmurer quelque chose avant qu'il ne parte.


- Puisse le sort vous être favorable...


Je le regarde d'abord partir, attendri par son inquiétude et sa petite référence à Hunger Games. J'attends de voir disparaître sa silhouette dans l'obscurité du soir qui commence à tomber, puis pars d'un pas déterminé vers l'enfer. Dans la rue, je répète ce qui va se passer et ce que je vais dire. Prise dans mes pensées, je ne vois pas l'adolescent qui m'épie derrière une voiture, de l'autre côté de la rue.

Gonflée à bloc, je rentre directement, la porte n'étant pas verrouillé. J'entre directement dans le salon. Je pose mon sachet rempli de pâtisseries avec précaution sur un coin de la table à peu près sain. Immédiatement, mon regard se porte sur le canapé au fond de la pièce. Comme d'habitude, mon beau-père est allongé dessus en train de regarder la télévision. D'abord surpris par mon entrée énergique, il étire ensuite son habituel sourire malsain, celui que je déteste voir.

- Alors, enfin rentrée la p'tite suicidaire? 

Que le combat commence.

Le Masque [Terminé]Where stories live. Discover now