.-2-. Inondation

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Je me réveille en sursaut. Merde ! Encore un flashback ! Le cauchemar intérieur est terminé pour moi tandis qu'autour, le monde continue sa route. Je reprends mon souffle. Essuie les quelques gouttes de sueur qui perlaient mon front. Je relève la tête et essaie de retourner parmi le monde extérieur. Les maths sont toujours là, la classe reste celle qu'elle était avant mon absence excepté un détail : les regards de la moitié de la classe à mon égard. Même le rang des élèves studieux de devant est retourné. Je dois avoir fait quelque chose de fou pour que les premiers de classes se retournent et ainsi, cesse leurs réflexions sur la réelle identité du x dans l'histoire.

Le prof me regarde. Il a l'air en colère.

Putain, qu'est-ce que j'ai foutu encore ?

-Vous me ferez le plaisir de prendre vos affaires et de quitter mon cours mademoiselle.

Je me lève timidement, prend mes affaires aussi rapidement que je peux, et sors. C'est dingue, je pense être la seule fille ici à se faire virer d'un cours pour avoir rêvé. Je vais dans le couloir. C'est silencieux à cette heure-là. Les profs font cours ou critique les élèves dans la salle des profs avec les autres, les élèves sont en cours, et l'administration est trop occupé pour se promener dans les couloirs et ainsi me voir assise au sol.

J'aime cette ambiance silencieuse. Je réfléchi à une excuse à donner aux autres. Il ne faut pas qu'ils me prennent pour une folle, même si, je ne sais toujours pas ce que j'ai fait. Je remets mon casque, ma musique m'emporte. Une larme coule le long de ma joue. Une deuxième la suit. La troisième tente de rattraper son retard. Après les premières gouttes de pluie, la voilà qui s'enclenche. Le torrent se déverse. Je cours aux toilettes. Quand on ne peut pas arrêter une inondation, on se met à l'abri.

La sonnerie hurle. Les bruits de pas tonnent. Les portes claquent. Les gens crient.

J'essaye de m'arranger dans le miroir des toilettes. Je remets en place mon jeans, mon Tee-shirt et mes cheveux. Un p'tit coup de fond de teint par-ci, un p'tit coup de mascara par-là. Et Voilà ! Plus aucune trace de pleurs. Un conseil les filles : toujours avoir un kit de maquillage sur soi ! Ça peut sauver, je vous assure. Je sors des toilettes et rejoins mes amis.

-Ah ! Voilà l'hystérique ! Sicile t'es folle ou quoi ?

C'est à ce moment-là que je me demande encore le pourquoi du renvoi de cours. J'espère que je n'ai pas crié comme une folle dans la classe. Je vais la jouer fino et attendre qu'ils me disent par eux-mêmes ma connerie.

-Heeey ! Non j'suis pas folle pourquoi ?

-Si t'es pas folle, il sortait d'où ce cri que tu as sorti au prof, et ce « Ta gueule » il était puissant !! T'as vu la tête du prof ! Il était vénère !!

Et merde ! Qu'est-ce que je peux dire à ça. Je comprends tout de suite mieux. Ils rient de leur rire le plus innocent du monde. Leurs rires sont stridents. J'ai le droit à une cacophonie. L'orchestre est désordonné. Mon mal de tête reprend mais je ne vais pas leur dire de se taire. Ils me rejetteront. Ils m'abandonneront. Je deviendrais...seule.

Je tente alors une excuse.

-Ce cri représentait le signe de mon mécontentement envers ce cours ennuyeux au pas possible. Sérieux, les maths c'est de la merde.

-Ouais t'as trop raison Sicile !

-Lomé, arrête avec ce surnom, c'est complétement stupide.

-Ok Sicile, j't'appellerai Flan

-Euuuh et pourquoi « Flan » ?

-J'sais pas, je trouve ça drôle.

Les rires reprennent, je m'y mets aussi. Rester la plus naturelle possible. Se fondre dans la foule. Se faire des amis et rire avec eux. Rester la plus naturelle possible. Ne pas craquer. Ne pas pleurer. Ne pas se plaindre. Supporter. Survivre.

La journée se termine, mon casque de nouveau sur les oreilles je sors de cette prison, je ne rentrerai pas tout de suite chez moi, je veux d'abord me détendre un peu.

Cette fois- ci c'est une musique au piano qui résonne dans mes tympans. Elle est apaisante tout en étant triste, il n'y a qu'en musique que l'on peut combiner ces deux sentiments ensemble.

Je me dirige vers ma maison, la route est longue, comme d'habitude je rêvasse. La rêverie est pour moi un échappatoire, une sorte de libération de l'esprit qui permet d'oublier le reste du monde. Rêver, ça m'emmène loin, et ça me détend.

La rue est vide, vide de chaleur humaine. Aucune chaleur, mais beaucoup de fraîcheur. Des monstres de ferrailles passent, leur vitesse et leurs bruits ne me dérange pas, c'est normal après tout, ce monde est gouverné par ces machines que l'on appelle « voiture ».

Les voitures défilent, et mon envie de sauter devant elles augmente à chacun de mes pas. Il faudrait vraiment que j'aille consulter.

Le Masque [Terminé]Hikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin