.-17-. Oxygène

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Le réveil sonne et ma tête cogne. Je me lève avec difficulté et m'habille presque possédée par une entité supérieur. C'est après que je sois prête que je me souviens de la soirée de la veille.

Tant pis pour la douche, flemme

N'ayant aucune envie de manger, je me rend au lycée le ventre vide. Mes pensées sont brouillées et la fatigue est la seule chose que je ressens sur le trajet.

Je me sens terriblement mélancolique et je suis contente de ne pas croiser Edward sur le chemin ce matin.

J'ai le bourdon toute la journée, j'évite Salomé le plus possible car je ne me sens pas capable de la supporter en train de parler de l'autre nouveau à chaque fois qu'elle ouvre la bouche, c'est à dire, très souvent. Mon casque devient alors mon sauveur de discussion comme tout le temps, et c'est donc avec un son de Twenty one pilots que je passe la sortie de cet enfer physique qu'est le lycée.

But literally I don't know what I'd do,

"I'd live for you" and that's hard to do,

Even harder to say when you know it's not true,

Even harder to write when you know that tonight,

There were people back home who tried talking to you,

But then you ignored them still,

All these questions they're for real,

Like who would you live for? Who would you die for?

And would you ever kill?

I'm falling so I'm taking my time on my ride,

I'm falling so I'm taking my time on my ride.

I've been thinking too much,

Help me.

Je rentre rapidement évitant encore de traîner sur la route. Je me réfugie ensuite dans ma chambre et m'effondre dans la chose la plus réconfortante de cette pièce mal rangée. Complètement affalé sur mon lit défait, je suis dans mon monde, pensant encore et toujours à n'importe quoi. Les souvenirs, les doutes, les peurs, et les envies aussi noires que le charbon se chamboulent dans ma tête. C'est l'intense gargouillement de mon ventre qui me réveille de ce moment de presque léthargie. Je n'ai rien mangé de la journée et mon ventre est en train de me le rappeler. A contre-cœur, je me lève et pars en bas en quête de nourriture, mes réserves personnelles étant vidées.

Levant le plus possible mes pieds, j'évite au maximum les bruits superflus. J'ouvre la porte menant à la salle à manger et est presque choquée de ce que je vois : un bazar sans non. Ma mère qui est très maniaque ne pourrait supporter cet environnement, elle n'est donc toujours pas rentrée ?

Bizarre...

Je rentre dans la pièce et me dirige directement vers la cuisine dans le but de trouver quelque chose de potable. Je suis agenouillé en train de fouiller un placard, quand je sens une forte présence dans mon dos. Effrayée, je relève la tête sachant déjà qui je verrai : Christian. Je n'ai pas le temps de me relever et de lui faire face, que, déjà, il me pousse violemment sur le sol me faisant cogner la hanche contre le carrelage froid. Je pousse un cri sous le choc de l'attaque injuste et laisse échapper quelques larmes suite à la douleur. Je m'appuie avec difficulté sur mon coude, et relève de nouveau la tête pour le regarder dans les yeux et essayer de comprendre le pourquoi de cette attaque. Sa vue me glace le sang. Christian fier de lui, aborde un sourire sadique et avec son pied, balaye mon coude avec force, me faisant m'étaler comme un cadavre sur le sol. Ridiculisée, honteuse et me sentant au summum de l'infériorité, je me met à pleurer à petit sanglot, le visage tourné vers le mur.

Ne voulant plus le voir ni l'entendre, je me contente de continuer de regarder le mur et de me boucher les oreilles avec mes mains. Néanmoins, son rire moqueur est trop fort et je monte encore un échelon de honte. J'attends qu'il parte, ce qu'il ne fait pas, et décide donc de me relever rapidement m'appuyant sur le placard à côté de moi. Une fois debout et face à lui, je prend mon courage à deux mains, et le regarde avec le regard le plus froid et noir que je puisse faire.

Intérieurement, je bouillonne, je le maudit, je l'imagine mourir sous mes coups, je me vois le détruite autant physiquement que mentalement comme il m'a détruite, je n'imagine que souffrance.

Voyant que je suis en colère, il se remet à rire. Bruyamment.

Alors, je le pousse. Je pose mes mains sur son torse et j'appuie, j'appuie, j'appuie, de toute mes forces. Il vacille, enfin, quelque secondes. Son regard étonné passe de mes mains sur son torse à mes yeux froid et haineux envers lui. Une fois l'étonnement passé, il prend mes poignées et les serrent. A ce moment je me refuse d'arrêter de le pousser, non qu'il risque de chuter ou que ça fasse quelque chose sur lui, mais surtout pour lui faire voir, que non, je ne me laisse pas faire quand même, non, je change maintenant, je ne veux plus passer ma vie à subir sans rendre, pour moi, comme pour mon ego je continue alors à pousser. Malgré la douleur, malgré le manque de résultat, malgré son regard moqueur et mon manque de force, je tiens bon.

Ce n'est que quand il me lâche, que je récupère mes mains. Je me masse les poignées tout en regardant l'allure bleuâtre qu'ils prenaient, quant mon souffle se coupe. Une imposante main entoure mon cou, et me soulève du sol tout en me tenant contre le mur.

Je grimace, mon corps panique. Au début, mes pieds se débattent, gesticulent, cherchent à le toucher, mais il est trop éloigné et l'oxygène me manque. Alors, je me résigne à arrêter de me débattre, de toute façon ce n'est pas comme si je tenais réellement à ma vie. Je ferme alors les yeux et laisse mon corps se détendre, encore privé d'air par mon beau-père. Le monde sombre.

Le Masque [Terminé]Where stories live. Discover now