.-5-. Retour imprévu

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Et merde...

Sa voix résonne en moi et la peur m'envahit. J'essaye de reprendre mes esprits tandis que sa voix tonne pour la deuxième fois.

- T'es sourde ou quoi?! J'attends un bonjour !

Je ravale ma salive, tente de reprendre mon calme, et pivote à moitié pour faire face au propriétaire de cette voix.

L'homme, d'une quarantaine d'années, me fixe de ces yeux bleus glaciaux cherchant à me déstabiliser le plus possible. Comme il voit que je peine à répondre, tant j'essaye de me reprendre et de ne pas m'effondrer en pleurs par terre, un sourire sadique se dessine sur son visage.

Il aime faire peur, et voir l'effet qu'il me fait, lui confirme ce plaisir.

Malgré ma boule au ventre, je réussi à formuler quelques mots pour lui faire croire que je ne suis pas impressionné par sa personne. Néanmoins, les quelques gouttes de sueur qui perlent désormais mon front, mon regard fuyard, et mon hésitation quand je parle, me trahis totalement.

- Bon...bonjour Christian.

-...Christian?! Combien de fois dois-je te le dire, appelle-moi Papa!

Habituée par cette remarque, je prends mon courage à deux mains et rassemble mes forces pour répondre à son habituelle provocation.

-Tu n'es pas mon père.

Son sourire sadique se ferme suite à ma réponse, et ses sourcils se froncent. Un voile d'hésitation passe dans ses yeux, peut-être hésite-t-il à monter les escaliers pour me rejoindre et me faire faire face dans le but de répondre à mon insolence. Au lieu de cela, son sourire sadique réapparaît, et trône son visage tandis que ses sourcils reprennent leurs formes originelles.

-Biologiquement non, c'est vrai. Mais si ça avait été le cas, ne t'inquiète pas que tu serais déjà en foyer ou six pieds sous terre, petite effrontée. Je ne sais décidément pas ce qui est le mieux.

Son sourire s'éteint pour la deuxième fois à la fin de sa phrase, et son visage devient sérieux et fermé. Sa voix est ainsi encore plus effrayante quand il continue de répondre à ma vaine provocation.

-Saches que ça ne change rien à la donne. Tu m'appelles Papa. Et si ta petite bouche de suceuse refuse, ne t'inquiète pas que ça me ferait plaisir de détruire ton obstination si tu vois ce que je veux dire.

Il glisse alors, calmement, une main dans ses cheveux bruns bien ordonnés et repars rejoindre ma mère dans le salon, me laissant ainsi terrifié dans les escaliers, la respiration presque saccadée, suite à ses menaces.

Il me faut cinq bonnes minutes pour me reprendre et respirer convenablement, je m'empresse ensuite de retourner dans ma chambre, sans prendre la peine de parler à mon frère du retour de mon adorable beau-père.

Une fois avoir franchi les portes de mon refuge, je ferme la porte, la barricade avec ma chaise de bureau, et éteins la lumière de ma chambre pour être enfin plongé dans le noir. Connaissant cette pièce comme ma poche, je n'ai pas de peine à me précipiter dans mon lit malgré l'obscurité totale dans laquelle je suis. Je cherche ensuite mon casque dans mon sac et le mets en marche tandis que je l'enfile. Je tente de me concentrer sur la musique pour oublier la présence du copain de ma mère, mais je n'y arrive pas. Il occupe mes pensées, et le simple fait de savoir qu'il est un étage en dessous et que je vais devoir me confronter à lui une nouvelle fois durant le dîner, me coupe déjà l'appétit.

Malheureusement, le moment tant redouté arrive, je peux voir sur mon horloge qu'il est 19h30, heure à laquelle nous mangeons quand mon beau-père est à la maison.

Je me lève donc immédiatement, enlève mon casque et descend tel un robot programmé. Je croise alors mon frère dans le couloir s'apprêtant à ouvrir la porte donnant à la salle à manger. Quand il entend mes pas dans les escaliers, la main toujours sur la poignée, il tourne la tête dans ma direction, dévoilant ainsi un visage sérieux, et un regard grave complété par un semblant d'inquiétude. Sa voix est nerveuse quand il me questionne.

- T'es au courant qu'il est rentré?

- Oui, il m'a déjà fait chier à peine ai-je mis les pieds dans cette baraque. Et toi? Il t'a fait une remarque?

- Je lui ai juste dit bonjour et j'suis vite monté. J'espère qu'il ne restera pas longtemps.

Je n'ai pas le temps de répondre, que sur ces mots, Alban enclenche la poignée de la porte et s'engouffre dans la pièce. Je le suis alors et ferme la porte derrière moi.

Lorsque nous entrons dans la salle à manger, une forte odeur de friture se dégage de la cuisine et emplit la pièce. Mon beau-père et ma mère sont déjà assis à table, celle-ci étant déjà mise, et nous regarde avec sérieux. Ma mère, à peine a-t-on pénétré dans la pièce, nous lance une remarque négative.

-Vous avez deux minutes de retard.

Tandis que nous nous installons à table, nous nous excusons de ce fameux retard avant de devenir muets.

Nous savons tous les deux, que ce dîner ne sera pas une partie de plaisir.

Le Masque [Terminé]Where stories live. Discover now