Conte d'enfance

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Je crois que j’ai appris le sens du mot amour aujourd’hui. Tu sais, j’ai l’impression que le monde est parfait parce que je suis avec lui. Je veux le rejoindre en Enfer pour l’aider à croire au paradis. Je sais, j’y crois peut-être trop, mais je suis sûre que ça ira. Nous changerons le temps, les choses, nous mettrons un peu de soleil dans notre croisière sur l’Achéron. 
 
« Je n'ai qu'un instant. 
Je t'envoie l'éternité dans une minute,  
L'infini dans un mot, 
Tout mon cœur dans : je t'aime » 
Victor Hugo 
 
L'amour ? 
 
L'amour... pilier de la vie et tourment du cœur, celui qui se promène, que l'on peut voir partout sans pour autant en saisir l'essence, la logique.  
Qui n'a jamais rêvé de l'amour ? Qui n'a pas été élevé dans un monde où ce mot se retrouve sur toutes les bouches ?  
Quelle jeune fille n'a jamais entendu les idioties des grands, celles écrites dans les livres ? 
 
Une petite fille rêveuse fut bercée d'histoires magiques et merveilleuses, celles de preux chevaliers qui viennent sauver la princesse pour l'aimer d'un amour véritable jusqu'à la fin des temps. 
Petite fille naïve fantasmait ce prince charmant. Déjà dotée d'un caractère puissant, elle était persuadée qu'elle rencontrerait son prince à elle, qu'ils s'aimeraient pour toujours et qu'ils vivraient heureux et auraient beaucoup d'enfants. Rapidement, elle pensait que c'était nécessaire pour vivre, qu'elle ne pourrait être heureuse sans cela. Enfermée dans ses illusions, elle se disait qu'elle le rencontrerait vite et que le monde ne pourrait être mieux.  
 
Elle en oubliait la dystopie qui avait lieu devant ses yeux, 
Elle ne prêtait pas attention aux cris, aux pleurs et aux objets qui volaient en l'air lorsqu'elle jouait à la poupée dans sa chambre coincée dans ses contes, ses films qui lui louaient les bienfaits de l'amour. 
Elle refusait de voir les mises en garde du destin posées sur son chemin. 
Rien à faire, l'amour était merveilleux, magnifique comme dans ce qu'elle avait pu entendre ou voir.  
Impossible de la raisonner, l'amour c'était un papa et une maman qui s'étaient mariés il y a longtemps et pour qui tout allait bien. 
Elle en oubliait les avertissements de sa maman, ceux qui lui disaient que l'amour n'était pas toujours celui du prince charmant. 
Elle laissait filer le plus important entre ses petits doigts d'enfants. 
 
Petit ange rieur ne comprenait pas que l'amour est tellement plus grand, plus vaste, qu'il n'y avait pas de limite à celui-ci et surtout qu'il pouvait se trouver partout, qu'il pouvait être bien loin de cet objectif fixé par son enfance de trouver l'homme de sa vie. 
 
Petite fille insouciante jouait avec les boucles de ses cheveux sans comprendre. 
Elle ne pouvait pas saisir que l'amour est un sentiment puissant, celui qui arrache une partie du cœur quand on lui enlève un être cher, qui donne l'impression de ne plus être soi-même, qui semble indiquer cette impossibilité de guérir de cette perte. Que l'amour est ce besoin d'une personne dans sa vie, liant deux êtres sans raison. L'amour peut transformer un inconnu en sœur, en frère, en mère ou en père, il peut prendre la place d'un membre absent dans une famille, il peut combler le vide des cœurs. Il est beau il est pur, mais il rend vulnérable.  Il est précieux et rare pour protéger des blessures profondes. Il n'est pourtant pas infaillible, il sait blesser, il sait détruire et sait le faire avec tant de délicatesse que l'âme arrive à pardonner les traumatismes qu'il a causé. 
 
Petite fille grandissait dans son ignorance, puis elle devint jeune fille. Finis les contes de fée et les cheveux bouclés lâchés en crinière, bonjour l’adolescence et ses déceptions. 
Jeune fille apprit enfin que l'amour pouvait se trouver ailleurs, si bien qu'un ami devient vite un frère. Mais, petit brin de femme n'a pas été prévenue, quelle est cette douleur dans son cœur qui réalise qu'elle est passée de sœur à inconnue ? Elle comprit qu'elle peut se tromper en aimant les mauvaises personnes. 
 
Alors, petit bourgeon décide de commencer à apprendre comment son cœur fonctionne. Petite fleur est d'une empathie impressionnante, elle ressent ce que les autres ressentent. Etoile du matin est sensible, elle a un cœur immense, mais qui s'attache si vite, si bien qu'il finit bien souvent piétiné. Elle a peur, elle a besoin d'un preux chevalier pour la sauver.  
 
Elle a besoin d'Amour, 
L'Amour avec un grand A, celui qui la faisait rêver il n'y a pas si longtemps lorsqu'elle peignait le prince charmant au bras de la douce princesse. 
 
Elle veut cet amour, peut importe le prix,  
Tel un lionceau, elle sort les griffes pour échapper à la solitude. 
Alors elle rôde, à l'affût de la moindre étincelle d'amour, tant pis si elle n'est pas fondée. Jeune femme veut montrer qu'elle existe, elle sort avec des garçons qu'elle croit aimer sans ne comprendre une stricte nuance de ce sentiment. Elle se sent intéressante, fière de pouvoir dire qu'elle n'est plus une antilope seule dans la savane.  
Mais, jeune enfant ne comprends pas qu'elle n'est plus une petite fille, elle ne voit pas que son corps n'est plus le même, qu'elle n'est plus une petite fille aux yeux rieurs, aux joues de hamster et aux cheveux noirs bouclés qui volent lorsqu'elle court. Elle ne réalise pas que les garçons grandissent et qu'ils ne veulent pas toujours s'arrêter à des baisers volés et une main dans la leur. 
Petite brise tranquille se transforme en tempête lorsqu'elle comprend. Le moindre contact non consenti, la moindre caresse mal placée, les moindres lèvres se déplaçant là où personne n'est jamais allé, le moindre excès de fougue la font paniquer, trembler et crouler sous le poids d'une peur intense.  
Petite créature frémissante doit fuir, oublier son attachement, arracher une part de son cœur pour ne pas finir détruite.  
 
La proie frêle se met en sécurité, elle ne reverra plus jamais ce félin. Mais elle n'oublie pas, les larmes montent en entendant son nom, elle s'effondre, s'écroule dans un tourbillon sombre de souvenirs où tout n'est que peur et douleur. Elle n'était pas prête. Elle se sent seule, plus seule que jamais... 
Il lui faut de l'aide pour se relever. 
Petit ange effrayé a besoin d'espoir. 
 
La chance accepterait-elle de lui sourire ? 
Une lueur, un ange brisé se découvre.  
 
Il est gentil, attentif et semble vouloir l'aider. 
Alors, dans son désespoir elle accepte ces bras protecteurs. Pourtant, l'amour a été bien trop détruit dans son cœur pour parler de celui-ci si tôt, mais l'affection est là sans aucun doute. Comment savoir lorsque l'amour s'installe ?  
 
Jeune fille s'épanouit, apprend à oublier le passé, accepter de vivre dans le présent. 
Brin de femme arbore cet ancien sourire rieur sur son visage resplendissant quand elle le voit. Elle découvre pour la première fois l'amour, celui qui balaye ses peurs, celui qui lui dévoile un monde plus beau. 
Petite princesse retrouve ses penchants utopiques, elle se surprend à rêver, à retrouver la magie des contes de son enfance. Elle s'égare... Peut-être même qu'elle le fait trop, qu'elle ne devrait pas être autant dans la lune, mais cela n'a pas d'importance, elle rêve, elle profite, elle aime.  
 
Elle est heureuse avec son miracle. Dans ses yeux une petite étincelle semble rendre ses yeux plus lumineux, cet éclat effacerait presque qu'ils ne sont habituellement que des abysses noirs.  
Ses yeux qu'elle a toujours détestés paraissent tout à coup plus beaux, car il aime s'y perdre. Son sourire timide, un peu forcé est remplacé par ces éclats de rire, par ces sourires sincères et tendres.  
 
Petite fille rêverait-elle à nouveau au prince charmant ? 
 
Elle découvre l'amour, 
Celui qui crée des liens si forts que l'on ne peut se passer de l'autre, 
Celui qui rend incomplet quand le manque vient tout bouleverser, 
Celui qui rend malade de savoir que les êtres aimés s'effondrent en silence, qu'ils souffrent, Celui qui réduit le cœur en miette, 
Celui qui le guide vers un monde merveilleux,  
Celui dont chaque être a besoin, 
Qui nous réchauffe même dans nos plus grands moments de pleurs. 
 
Elle ressent l'amour, 
Celui qui guérit les cœurs et apaise les âmes, 
Qui rend insouciant, 
Qui fait le monde extraordinaire. 
 
Elle voit bien qu'il rend totalement vulnérable mais qu'importe, 
Elle vit au rythme de l'amour, créateur des plus beaux rêves et des plus beaux sourires. Elle aime cet ange qui rend tout plus beau quand il la prend dans ses bras. 
 
Petite fille naïve fantasmait son prince charmant, son homme parfait. 
Jeune femme apprenait qu'il n'a pas besoin d'être parfait pour être son prince charmant. Petite fille naïve rêvait, Jeune femme vivait. 
 
« Elle aimait avec d'autant plus de passion qu'elle aimait avec ignorance. Elle ne savait pas si cela est bon ou mauvais, utile ou dangereux, nécessaire ou mortel, éternel ou passager, permis ou prohibé ; elle aimait. » 
Victor Hugo 

Merci à talesfromthesky pour ce dessin !

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Merci à Talluty pour le siens !

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