Logan #5

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 Les jeunes sont surexcités aujourd'hui. J'ai dû en recadrer plusieurs qui en devenaient dangereux une fois dans l'eau. J'observe Alan, un jeune récemment entré dans l'équipe, qui tarde à prendre sa vague. Il en a déjà laissé passer deux. Ed vient se poser à côté de moi.

- Qu'est-ce qu'il fait ?

- Je n'en sais rien. Je crois qu'il flippe.

Je siffle Alan et lui fais signe de revenir. Ça ne sert à rien qu'il stagne sur sa planche pendant des heures.

- Hey. Tu ne peux pas faire attention ?!  

Je me retourne vers Hayden qui se tient le bras d'où coule un peu de sang. À cette vision, tout de suite mon envie de le protéger prend le dessus et je me retiens d'accourir vers lui. Un autre jeune se confond en excuses en posant sa planche au sol. 

- Quelle idée de tenir ta planche si haut crétin !

- Hey ! Hayden ! Tu te calmes, intervient Ed.

Il s'approche de lui pour regarder sa blessure. Hayden plisse les yeux, mais ne répond rien. Parfois, ils me donnent l'impression d'être comme père et fils ses deux-là. Hayden n'a jamais un mot plus haut que l'autre avec lui.

- On va aller nettoyer ça.

- Je m'en occupe Ed. Fais revenir Alan.

Je m'approche et passe la main dans le dos d'Hayden, le dirigeant vers notre local. 

- Va aux vestiaires, je vais chercher la trousse médicale.

Il ne bronche pas et y va directement en se tenant le bras qui saigne de plus en plus. Je récupère la trousse médicale sous le meuble de l'accueil et le rejoins après m'être rapidement lavé les mains. Je m'arrête dans l'encadrement de la porte pour regarder Hayden qui, assis sur un banc au milieu des vestiaires, se tient le bras le regard dans le vide. Je l'observe quelques secondes avant de venir m'asseoir à côté de lui. 

- Montre-moi ton bras. 

Il retire sa main en tournant le visage vers moi. La plaie est peu profonde, mais elle saigne beaucoup.

- C'est la dérive de sa planche qui t'a fait ça ?

- Ouais. Pauvre con.  

J'ouvre la trousse et en sors une compresse propre que j'utilise pour nettoyer la plaie. J'ai besoin d'éponger tout ce sang si je veux lui couvrir ça correctement. Je m'applique à lui nettoyer du mieux que je peux et tente d'ignorer son regard, que je sens posé sur moi.

- Hayden, qu'est-ce que tu fais encore ici ?

Je lui désinfecte la plaie, ce qui le fait légèrement tressaillir, et relève le regard vers lui. Ses yeux noisette sont posés sur moi. À y regarder de plus près, ils sont parsemés de touches vertes par-ci par-là. Magnifique.

- Qu'est-ce que tu veux dire ?

- Dans ce club. Tu es bien plus doué que n'importe qui ici. Tu n'as plus rien à apprendre de cette école. 

Ses lèvres s'étirent dans un léger sourire.

- J'aime ce club. J'aime être ici. Je m'y sens comme à la maison. Bien plus que chez moi. Et puis j'aime mes entraîneurs... 

On se regarde quelques secondes sans bouger. Ses entraîneurs, pas son entraîneur. Je n'ai pas besoin de poser plus de questions, son regard me dit tout.

- Logan ?

Je me reconcentre sur son bras et lui pose une compresse sur sa coupure qui est maintenant parfaitement désinfectée. 

- Quoi ?

Je lui passe une bande autour du bras afin de maintenir la compresse en place.

- Est-ce que tu regrettes ? Je veux dire, ce qu'il s'est passé entre nous.

Je soupire et me gratte le front dans un geste nerveux. 

- Honnêtement ? Non, je ne regrette rien du tout.

- Pourtant, tu m'ignores presque. Tu me parles uniquement quand c'est nécessaire. Mais je vois que tu me regardes, je vois comment tu me regardes...

Je baisse les yeux sur sa main qui se pose sur mon poignet. Ce simple contact me fait frissonner. Je remarque la vague tatoué sur l'extrémité de son poignet. Un simple trait qui signifie tant sur lui.

- Hayden...

Je ferme les yeux, mais son souffle se fait sentir sur mes lèvres. Il s'est rapproché de moi, de mes lèvres, de mon cœur. Je suis foutu.

- Logan...

La porte du vestiaire fouettant le mur nous fait reculer tous les deux. Je reprends mon souffle et m'occupe de rassembler les compresses usagées pendant que les jeunes s'engouffrent dans les vestiaires avec vacarme. Je regarde Hayden en me levant.

- Ta blessure devrait vite cicatriser. Laisse là à l'air libre à partir de demain.

- Okay. Merci.

Il se relève. Je lui adresse un signe de tête et quitte les vestiaires. Ma respiration est saccadée, mon cœur palpite. Comme à chaque fois que je me retrouve près de lui.   

Cut back (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant