Logan #29

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- Hayden ?

La main posée au creux de ses reins, je me demande où il est parti. Son regard ne lâche pas la table où les couverts sont dressés.

- Hey.

Il revient à lui et par la même occasion, vers nous. Je lui souris.

- Bah, alors, t'étais où ?

- Désolé. J'ai loupé quelque chose ?

Je secoue négativement la tête et lui embrasse la tempe.

- Logan, tu as 21 ans, c'est bien ça ? me demande son père

- Oui, c'est ça.

- Alors, j'ai un petit quelque chose.

Il se dirige vers le frigo et en sort deux bières qu'il décapsule à la main. Il pose une bouteille devant moi, sur le plan de travail.

- C'est la meilleure que j'ai, ajoute-t-il en avant de boire une gorgée.

- Merci beaucoup.

J'empoigne la bouteille et en avale un peu. Le liquide bien frais descend le long de ma gorge et effectivement, c'est l'une des meilleures bières que je n'ai jamais bu.

- Et moi ?

Monsieur Ackles dévisage son fils, sa bouteille proche de ses lèvres.

- Excuse-moi ? Rappelle-moi ton âge ?

- T'es sérieux, p'pa ? On est à la maison et c'est qu'une bière. Ce n'est pas comme si je n'en avais jamais bu.

- Ah ! Parce que tu en as déjà bu ? Avec qui ?

Son regard se dirige directement vers moi et je lève les mains dans un geste mi coupable, mi innocent.

- Pas avec moi, je vous le jure.

Il plisse les yeux en nous scrutant l'un après l'autre.

- Laisse le tranquille, p'pa. J'ai dix-huit ans, pas dix. Bien sûr que j'ai déjà bu de la bière. Aller, juste une gorgée. S'il te plaît.

- Hayden, tu es sous médicament. Il est hors de question que je t'en donne.

Le ton tranchant de son père lui indique que rien ne sert d'essayer plus longtemps, et je suis plutôt d'accord. Quand nous passons à table, un petit moment plus tard, je suis soulagé de n'avoir pas encore été assailli de questions personnelles, mais je sais que ça va venir. Je m'installe à côté d'Hayden, en face de son père.

- C'est vous qui avez préparé le dîner ? Ca sent vraiment bon.

- Oui, avec l'aide d'Hayden. Espérons que ça soit aussi bon que ça sent bon.

Le plat est servi et évidemment, c'est vraiment bon. Je me régale avec ma bouchée quand la première question arrive.

- Alors, Logan, si je ne me trompe pas, tu es Australien ? Tu as de la famille ici, en Californie ?

- Hum, non aucune. J'ai seulement mon meilleur ami, chez qui je vis et... Hayden.

La main de ce dernier se pose sur la mienne le temps de quelques secondes. Ce bref contact m'apaise.

- Tes parents sont en Australie ?

- Mon père, oui. Avec ma petite sœur. Ma mère est décédée il y a quelques mois.

- Oh, toutes mes excuses. Je ne savais pas.

- Ce n'est rien, dis-je en m'efforçant de sourire.

- Qu'est-ce qui t'a poussé à venir aux Etats-Unis ?

Ma jambe s'active sous la table. Je n'arrive pas à contrôler ce mouvement de stress et Hayden, qui est près de moi, le ressent. Il pose son regard sur ma jambe puis sa main, qu'il laisse là.

- Le rêve américain ? Non, plus franchement, j'avais besoin de partir loin de chez moi. C'était l'année de mon entrée à l'université, alors quoi de mieux que de venir en Californie pour étudier à UCLA. De plus, il y a de super vagues ici.

- Et tu as toujours voulu enseigner le surf ?

- Ce n'était pas vraiment une envie particulière. J'ai toujours su que je voulais travailler dans le milieu du surf, mais je n'ai jamais pensé à devenir coach. Quand mon patron m'a proposé ce poste, j'ai accepté en me disant que ça serait une super opportunité.

Je ne peux m'empêcher de jeter un regard vers Hayden. Sans ce job, je ne l'aurais certainement jamais revu. Le sourire qu'il m'adresse me fait fondre.

- Tu es un super coach, me dit-il.

- Merci.

Je pose ma main sur la sienne, qui se trouve toujours sur ma cuisse et lis mes doigts aux siens. La conversation suit son cours pendant tout le repas. Son père me pose plein de questions sur ma vie, sur l'Australie, sur ce que j'aime (je me retiens de lui répondre : son fils) et j'en profite pour moi aussi, apprendre à connaître cet homme. Il m'explique que c'est difficile pour lui de ne pas voir Hayden aller à l'université, mais il respecte son choix. Il espère juste qu'il ne regrettera pas et qu'il saura trouver sa voie. Je l'espère aussi.

À la fin du repas, j'aide à débarrasser la table et m'occupe de servir le dessert typiquement australien que j'ai moi-même fait. Le Lamington est un gâteau au chocolat recouvert de noix de coco. Simple mais efficace. Très efficace vu la cadence à laquelle Hayden l'engloutit.

Plus tard dans la soirée, nous nous éclipsons, Hayden et moi, dans le jardin. Je m'assois sur la petite balancelle blanche et l'attire près de moi en lui prenant le poignet. Il se masse le bras en retenant une grimace de douleur.

- Tu as mal ?

- Un peu. Ça me lance parfois, mais ça finit toujours par passer.

Il se love contre moi malgré son bras douloureux et je l'enlace, posant ma joue contre son crâne. Au loin, j'entends le bruit des voitures et de la vie extérieure. Dans ces moments-là, j'aimerais que le temps s'arrête. Rester éternellement comme ça, avec lui dans mes bras, ne pensant à rien d'autre qu'à nous, voilà ce que je veux. 

Cut back (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant