Jour 30

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Hier, nous nous sommes rendus à l'hôtel bredouille - comme on dit. Enfin, presque ! Je m'avoue rarement vaincu et même si on pourrait croire que c'est le cas, je ne suis pas encore à terre ! J'ai reçu ce matin un message de Ted avec la liste des clients et ça m'a donné une idée. Peut-être que quelqu'un de cette liste à essayer de venir à la banque pour accéder au coffre. Je suis donc partie pour la banque de bonne heure en laissant Jonathan dormir. Je lui ai tout de même laissé un petit mot sur sa table de chevet pour qu'il ne s'inquiète pas. Je suis donc en route pour la banque sous un grand ciel bleu. Je suis sereine jusqu'à ce que la seule pensée que je n'ai cessé d'avoir depuis mon réveil ne me revienne à l'esprit. Trois jours. Peut-être que dans trois jours, je ne serais plus. Cette pensée m'attriste mais je ne peux l'éloigner de mon esprit. Je sais pourtant, au fond de moi, que c'est la dernière fois que je mets les pieds ici alors je vais tâcher de savourer ce beau temps et d'arborer un de mes plus beaux sourires en descendant de la voiture, en entrant dans la banque, en m'approchant du guichetier et même en me tournant vers Monsieur Wilkins qui me saluait avec trop d'insistance pour pouvoir l'éviter. Je garde ce même sourire en m'approchant de lui et en lui serrant la main.

"Que nous vaut ce plaisir ? me demande-t-il alors que les hommes avec lesquels il parlait s'éloigner à pas de loup.
- J'aurais besoin de quelque chose ... une liste pour être précise ... explique-je.
- Une liste ? Mais encore ?
- Vous connaissiez mon père ! Il aimait savoir qui mettait son nez dans ses affaires alors je présume qu'il vous a demandé de faire une liste de toutes les personnes qui auraient voulu accéder à son coffre ...
- Vous êtes bien renseigné !
- Je connaissais simplement mon père, Monsieur Wilkins ! Pourrais-je avoir accès à cette liste ?
- Pour quelle raison ?
- Vous voulez que je sois honnête avec vous ?
- Toujours ! L'honnêteté est la clé de la sagesse !
- Je soupçonne certaines personnes d'avoir essayé de détourner les petits échanges de mon père à leur profit.
- Et vous voulez savoir si ces personnes étaient suffisamment renseignées pour venir ici !
- C'est cela ! Mon père était très fort pour cacher des choses mais quand on en connaissait l'existence, il n'était pas très difficile d'en connaître les détails. Un bon détective privé ou quelques connaissances dans la police et le tour est joué ! Son « trafic », comme l'aime l'appeler certains, ne dérogeait pas à la règle !
- Je vais vous trouver ça ! Aphrodite ! La liste des demande d'accès au coffre, au plus vite !
- Tout de suite, Monsieur !"

Elle disparaît et réapparaît aussi rapidement. Elle tend une une feuille à Monsieur Wilkins qui me la tend aussitôt. Je parcours rapidement les noms et en reconnait un Alphonse alors que certains ne me disent absolument rien comme Lysandre Andon, Alberto Garcia ou encore Ludwig Bauer. Je remercie Monsieur Wilkins et lui dit au revoir. Un au revoir qui sonne comme un adieu car même si j'avais plus de trois jours devant moi, je ne serais pas revenue ici. Cette île est magnifique et le climat est idyllique mais savoir que le trafic de mon père s'étend jusqu'ici m'a refroidie. Je ne vais pas dire que savoir qu'il trafiquait n'a pas changé ce que je pensais de mon père - qui, on le rappelle, n'est finalement pas mon père - mais je ne peux m'empêcher de penser à toutes les fois où il m'a mentis, à toutes les fois où il allait soi-disant en déplacement pour le travail alors qu'en fait, il venait ici trafiquer, à toutes les fois où il a crié sur ma mère, à toutes ces choses et bien d'autres. Peut-être que cette réaction est dû au fait que demain sera le trente-et-unième jour après sa mort et que ça fera exactement un mois qu'il sera mort. Peut-être que c'est plus facile de le détester que de l'aimer. Peut-être que ce n'est pas ma tête qui parle mais mon cœur qui, pour ne pas trop souffrir, préfère me rappeler tous les mauvais souvenirs et me faire oublier les bons. Je n'en sais rien mais ce qui est sûr, c'est que je n'ai pas la force de rester plus longtemps ici. Je prends à peine le temps d'expliquer la situation à Jonathan et le traîne de force à la voiture en direction de l'aéroport où nous attend l'Eldorado pour retourner à Forest Hill.

The GrenadeWhere stories live. Discover now