Jour 26

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"Nick ! m'exclame-je alors qu'il ouvre à peine la porte.
- Maya ?! Qu ... Qu'est-ce que tu fais là ?! s'exclame-t-il les yeux rouges de fatigue.
- Il fallait que je te parle.
- J'espère que tu as une bonne excuse pour me réveiller à trois heures du mat !
- C'est ce dont on avait peur ! réplique-je en lui montrant le dernier mot.
- Tu ne peux pas dormir et nous laisser dormir par la même occasion ? Tu ne crois pas que ça aurait pu attendre 10 heures ?
- Je n'ai pas dormi de la nuit ! Je n'arrêtais pas de ruminer et quand j'ai enfin eu le courage de me lever pour résoudre le code, tout est devenu clair !
- Tu n'aurais pas pu le garder dans tes chaussettes ton courage, non ?
- Nick, écoutes !
- Dis-moi !
- Le mot derrière le code ... C'est « las » !
- Et ?
- La propriété des Lilas ! « Seules ses habitantes savent la vérité » ! Il parle de Victoire, Lise, Anna et moi !
- On aurait pu le deviner, non ? Sérieux, Maya, il est trois heures du mat. Je suis hyper fatigué ! Tu peux retourner chez toi et aller dormir ?
- Euh ... Si, bien sûr, excuse-moi ..."

Quand Nick referme la porte, je ne sais même pas où aller. Il faudrait que je retourne chez moi mais pour être honnête, ça ne me dit rien. Qu'est-ce que je pourrais faire ? Rien n'est ouvert à trois heures du mat ... Alors que la pluie commence à tomber, je cours vers ma voiture et m'y installe. Je reste là un bon moment. La lumière intérieure s'éteint et seule la lune m'éclaire. Malgré la saison, le ciel est presque entièrement découvert. Les étoiles brillent et scintillent. Plus je les regarde, plus j'ai l'impression d'en voir de nouvelles. Je repère rapidement la Grande Ourse, cette constellation dont j'adorais parler à ma mère alors qu'elle ne connaissait absolument rien aux étoiles. Elle disait qu'elle préférait s'intéresser à ce qu'il se passait sur Terre plutôt qu'à ce qui pourrait se passer au-delà de notre atmosphère. Pourquoi est-ce que je n'arrête pas de penser à elle ? Depuis que j'ai découvert qu'elle n'était pas morte, mes souvenirs d'elle tournent en boucle dans ma tête comme si mon inconscient voulait que je la cherche, qu'il voulait que je la retrouve pour lui demander pourquoi elle m'avait laissée, pourquoi elle n'est pas revenu quand elle a appris que mon père et le Maire Baker était mort, pourquoi elle m'a laissé seule ici sans aucune famille ... à l'exception peut-être de ... Non ! Ça n'a aucun sens ! J'ai beau essayer de me persuader que ça ne veut rien dire, je ne cesse d'y penser. Avant de m'endormir dans ma voiture, je décide de retourner chez moi.
Sur la route du retour, je traverse le centre-ville puis une idée me vient. Je m'engage dans une petite route qui mène tout droit vers le seul endroit de la ville qui n'a pas d'horaire d'ouverture. J'arrive rapidement sur le parking de Shortlake. Shortlake c'est le nom que nous avions donné au lac de Forest Hill. Et quand je dis nous, je veux parler de Brad et moi ... Ce lac ... il représente tellement de choses alors que ce n'est qu'une étendue d'eau immobile. Pourtant, s'y trouver, c'est comme si le temps se figeait. Plus rien n'a d'importance et même la pluie, qui commence peu à peu à imbiber mes vêtements alors que je m'approche de mon arbre, n'a plus d'importance. Quand je m'arrête de marcher, je suis trempée mais souriante. La pluie ne tombe pas sous l'arbre et le seul bruit que j'entends, c'est l'eau qui tombe sur le lac. Alors que mon regard parcourt cette immense étendu d'eau, je remarque des fleurs presque disparu à cause des ravages du temps et un petit ruban blanc qui les entourait. Brad m'avait dit qu'il était venu déposé des fleurs, ça doit très certainement être les siennes. Enfin, c'était les siennes parce que maintenant, comme toute chose, le temps les a abîmées. Même cet arbre ne peut pas arrêter le temps, pourtant pour moi, en cet instant-là, c'est comme si plus rien n'existait. Je m'assois, adossée à l'arbre qui m'a soutenu tant de fois et observe le lac. Je ne vais vous cacher que ma conversation avec Nick, aussi courte puisse-t-elle avoir être, m'a chamboulée. Qu'est-ce que je croyais ?! Qu'il allait m'accueillir, les bras grands ouverts, et m'invite à entrer, en me proposant un chocolat chaud ? Non mais franchement ! Je ne me définis pas comme quelqu'un de naïf d'habitude mais là, on dirait que je le suis ... Je ne sais pas trop pendant combien est-ce je suis restée là mais c'est quand je commence à m'endormir que je décide de rentrer. La pluie a cessé, il ne reste que le silence étouffant d'une ville plongée dans le sommeil. Je ne m'étais jamais promenée dans Forest Hill en pleine nuit mais pour être honnête, c'est plus angoissant qu'apaisant.

The GrenadeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant