Jour 4

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Ce matin, je me suis réveillée aux aurores et je me suis rapidement préparée. J'ai décidé pendant la nuit qu'il était temps pour moi d'aller dans le bureau de mon père. Je dois bien avouer que j'ai évité allègrement cette pièce depuis que je suis arrivée à la villa. J'ai peur de recommencer à pleurer et de ne pas réussir à m'arrêter. Ce bureau, c'est un peu comme le sanctuaire où mon père se passait tout son temps. Pourtant, je sais que je ne peux pas éviter cet endroit toute ma vie alors autant le lancer maintenant ! Ça me fera moins mal plus tard quand je devrais y retourner. Je ne sais pas si ce que je fais est une bonne idée mais j'ai l'impression que si je règle tous les détails plus ou moins importants dûs à ce qui est arrivé à mon père le plus rapidement possible, je pourrais plus rapidement m'en remettre.
D'un pas décidé, je monte donc au premier étage, traverse le long couloir qui sépare sa chambre de son bureau et arrive devant cette porte fréquemment fermé à clé mais qui cette fois est entrouverte. Je pousse la porte qui émet un grincement comme dans les films d'horreur - rien de vraiment rassurant - et entre dans la pièce plongée dans le noir. Je cherche l'interrupteur d'une main et après avoir tâtonné quelques instants, je réussis enfin à le trouver et à allumer la lumière. La pièce est telle qu'elle l'était dans mes souvenirs. Les fenêtres sont recouvertes d'épais rideaux ne laissant passer presque aucun rayon du soleil. Le bureau en chêne massif où mon père passait la plus part de ses journées, quand il n'était pas dans son bureau à Bright Corporation, est installé au fond de la pièce. Les étagères remplient de dossiers, livres ou bibelots avec plus ou moins de valeur remplissent les murs à droite et à gauche alors qu'un immense tapis est étalé au sol. Tiens, étrange... Mon père a dû estimer que le tapis était trop vieux et a dû le changer pendant que j'étais à l'internat. A moins que ... Non, tu fantasmes, Maya ! Quoi que ... Serait-il possible que mon père n'est pas été tué dans sa chambre mais ici ? Serait-ce aussi fou de le penser ? Après tout, ça n'arrive pas que dans les films. Le sol est en verre trempé dans les couloirs, il n'est donc pas difficile de le laver. Ce bureau est bien moins lourd qu'il n'y parait et mon père n'était pas si lourd que ça, un homme en bonne forme aurait très bien pu le faire glisser sur le sol ... à l'aide du tapis si ça se trouve ! En plus, j'ai déjà dû voir ce tapis dans le grenier : personne ne l'avait sorti depuis des années mais mon père m'a dit quand nous nous sommes appelés qu'il comptait s'en débarrasser. Peut-être qu'il l'a descendu et laissé dans le bureau ou dans le placard d'à côté le temps de trouver quoi en faire. Le tueur aurait simplement eu à remplacer l'ancien tapis par celui-ci et le tour était joué ! Si mes soupçons sont fondés, Lise serait disculpée ! Elle n'aurait jamais eu la force de soulever et de déplacer mon père du bureau jusqu'à la chambre ! De plus, si ça avait été un crime passionnel comme le clame tant Dylan, elle n'aurait eu aucun intérêt à le transporter jusqu'à là-bas. Ça n'aurait fait qu'augmenter ses chances de se faire prendre en laissant des traces supplémentaires ! On frappe à la porte de la villa alors je préfère ressortir du bureau et oublier tous mes fantasmes un moment.

Les policiers n'ont pas attendu que je redescende pour entrer, après qu'Albert leur ait indiqué où je me trouvais, les trois policiers présents se sont rués dans les escaliers, Dylan leur montrant le chemin. On dirait presque qu'ils sont en mission de la plus grande importance et qu'ils n'ont pas de temps à perdre. Comme si mon père était encore dans la pièce à agoniser. Cette pensée m'attriste un instant mais je pense rapidement à autre chose quand je vois Dylan qui me fait signe de le suivre. Nous nous introduisons dans la chambre de mon père, la moquette encore tâchée de son sang. Je m'arrête un instant dans l'encadrement de la porte prise de cours. Il y a plus de sang que je croyais. Dylan me pousse doucement en posant sa main sur le bas de mon dos. Je m'avance donc dans la pièce et m'écarte un peu des policiers qui se regroupent autour de la tâche de sang. Je n'avais pas remarqué plus tôt ce qui avait été cassé mais une lampe qui devrait être sur la table de chevet se trouve écrasée au sol de l'autre bout de la pièce certainement après avoir été lancé contre le mur.

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