The Grenade

Jour 27

Oui, bien sûr que la possibilité que je meure dans six jours m'effraie mais devais-je vraiment affoler tout le monde pour de simples menaces qui n'aboutiront peut-être à rien ? Je connais les façons de faire de ce genre d'hommes et je suis certaine que d'ici un à deux jours, je recevrais une lettre d'avertissement ou un message qu'il soit papier ou autre me mettant en garde sur ce qui pourrait m'arriver si je continuais à ... Mais continuer à quoi ? Est-ce que c'est parce qu'il connaît une des personnes que j'ai accepté d'aider ? Est-ce à cause du trafic de mon père ? Est-ce à cause du nouveau maire ? De l'enquête que je mène sur le Symbols Killer ? Tellement de possibilités et, même si une serait plus plausible que les autres, je préfère me méfier et me faire discrète ... du moins, je vais essayer ... Après ma conversation avec Albert, je suis maintenant persuadée que mon idée de départ était la bonne. Il y a obligatoirement un lien entre toute cette affaire et le meurtre d'Andrew. La police avait retrouvé mes empreintes dans sa chambre suite à une de mes visites chez lui et mon père avait utilisé l'excuse que mon implication dans toute cette affaire lui offrait pour m'éloigner mais je ne compte pas en rester là. Je compte bien mettre les choses en clair, une bonne fois pour toute ! Il m'a fallu un certain moment pour l'avouer mais je dois bien le dire : la seule personne qui pourra m'en dire plus à propos des décisions de mon père, c'est bien sa fiancée sortie d'on ne sait où.

"Je présume que tu ne m'as pas demandé de venir pour simplement partager un thé ! s'exclame-t-elle.
- Effectivement ... déclare-je en m'asseyant à l'autre bout du canapé avec ma tasse de chocolat chaud.
- Alors, allons droit au but ! Je ne suis pas du genre à tourner autour du pot et j'aime que les gens que je côtoie en fasse de même.
- Si vous voulez de la franchise, il n'y a pas de problèmes ! Qu'est-ce que vous savez à propos de l'affaire Andrew Stein et de mon implication ?"

Elle manque de s'étouffer avec mon thé qu'elle repose sur la table basse.

"Pardon ? À propos de quoi ? me demande-t-elle.
- Vous n'auriez pas manquer de vous étouffer si vous n'aviez pas compris de quoi je parlais, réplique-je.
- Très bien ... On y va cache alors !
- N'est-ce pas ce qu'on avait dit ?
- Si ... Très bien ! Warren savait que tu faisais parti d'un gang.
- Vous ne m'apprenez rien, là !
- Tu le savais déjà ?! Quel talent de fouineuse née !
- Savez-vous au moins quelque chose que je ne sais pas ?
- Certainement ! Et je dirais même que j'en suis sûre !
- Et donc ?
- Le coup de la psychologie inversée ne fonctionne pas sur moi. Je sais très bien que tu meurs d'envie d'en savoir plus. Ça ne sert à rien de la cacher.
- Je ne le cache pas. Mais je connais aussi les femmes dans votre genre. Ne vous avisez de me faire du chantage. Je ne marche pas avec moi.
- Ce n'était pas mon intention !
- Vos talents d'actrice sont trop minables pour que vous ne réussissiez à me persuader !
- Très bien, j'abandonne cette idée alors ! Tu veux savoir quelque chose que tu ne sais
pas ? Très bien, je te le dis ! Mais je veux tout de même une contre-partie !
- On n'avait pas dit « pas de chantage » ?
- Ce n'est pas du chantage ! C'est un arrangement ! Je te dis tout ce que je sais à propos de l'affaire Stein et en échange, je ne voudrais qu'une simple petite chose !
- Je vous écoutes ?
- Le belvédère !
- Lequel ? Mon père était un passionné des belvédères ! Il en a fait construire au moins trois !
- Celui de Forest Hill. Sur le plus haut sommet de la ville !
- Pourquoi ?
- C'est là-bas que j'ai rencontré ton père pour la première fois !
- Alors c'est du sentimentalisme ? Je ne vous aurais pas cru comme ça !
- J'ai un cœur malgré ce que tu peux penser et même si toi et Albert ne m'avez jamais aimée, j'aimais ton père !
- Très bien, vous l'avez !
- C'est tout ? Pas de négociation ?
- Je n'ai pas le temps pour ça ! En plus, je ne l'ai jamais aimé ! Tout le monde sait que j'ai le vertige alors à quoi bon allez sur un belvédère si c'est pour rester contre la falaise ?
- D'accord ..."

C'était faux. Enfin ... en partie. J'adorais ce belvédère mais si ça se trouve, je n'aurais même pas le plaisir d'y retourner alors autant qu'il revienne à quelqu'un pour qui il représente plus qu'une belle vue. Et même si je n'aime pas Lydia, ça ne m'empêche pas d'avoir une certaine pitié pour elle.