Jour 10

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La Route 76 qui passe tout près des Cabanons du Sud fait dans les dix kilomètres avec trois ponts, quatre feux, deux stations services et cinq carrefours. Si avec tout cela, nous ne réussissons pas à trouver quelque chose pour soutenir les explications de Daniel, je ne sais pas ce qu'il nous faudra. Ne vous y méprenez pas, j'ai entière confiance en Daniel mais toutes nos sources doivent être vérifiées pour pouvoir avoir des éléments fiables et solides. Toute petite anomalie pourrait nous faire partir sur une mauvaise piste. Alors que Tess et Jonathan sont partis à la mairie dans l'espoir d'obtenir les caméras de surveillance que le maire a fait installé autour des ponts pour prévenir le vandalisme, je me rends aux stations services. Conduire sur cette route est un véritable plaisir. Les gens du comté adorent passer par ici, quitte à faire un détour. La route, rénovée depuis quelques années, traverse l'immense forêt dont la ville tient son nom. Passer par ici, nous apporte une sorte de sérénité et de calme qu'on ne retrouve pas sur les autres routes. Quand j'ai eu mon permis, ça a été le premier endroit où j'ai voulu conduire et malgré quelques lièvres qui ont pointé le bout de leur nez, je dois dire que ça a été plutôt calme pour une fois.
Arrivée à la première station, j'entre à l'intérieur du petit magasin rempli de bric-à-brac et me dirige vers le vendeur qui mâche, tel un bovin, un de ses chewing-gum au réglisse qui sent tellement fort que l'odeur nous prend au nez à peine avons-nous passé la porte du magasin.

"Bonjour ma'mselle ! me salue-t-il avec un accent très prononcé. Qu'est-ce que je peux faire pour vous ?
- Bonjour, j'aurais aimé savoir si vous aviez déjà vu par ici un de ces deux hommes ? lui demande-je en lui montrant une photo de mon père et de l'homme tatoué.
- Le grand en costard, ouais ! Il est venu plusieurs fois avec sa belle bagnole ! Une Porsche noire magnifique ! Il y a bien beaucoup de gens qui voudrait la même !
- Quand est-ce que vous l'avez vu pour la dernière fois ?
- La dernière fois ?! Ça remonte à une semaine ou peut-être deux, je ne sais plus trop. Il est venu et il m'a prit un cric parce que le sien était cassé.
- Quelle mémoire ! Comment réussissez-vous à vous souvenir de tous ces détails ?
- Il m'a laissé un gros pourboire, ma'mselle ! Au moins, cent cinquante dollars, rien que pour moi ! On ne voit pas ça tous les jours !
- J'imagine bien ! Merci beaucoup, Monsieur.
- Au plaisir, ma'mselle !"

Après avoir fait quelques pas en direction de la sortie, j'interromps ma course et me tourne à nouveau vers le vendeur.

"J'allais oublié ! m'exclame-je. Vous n'auriez pas une caméra de surveillance, par hasard ?
- Non, ma'mselle ! réplique-t-il. La dernière a été mise en pièce par un petit voyou et d'puis on n'en met plus !
- D'accord, merci quand même !"

Une fois dans ma voiture, je rassemble mes idées calmement. D'après ce que je sais, mon père n'a jamais eu de Porsche noire ou même de Porsche tout court ... En plus, il aurait été incapable de changer une roue : on pouvait le décrire avec énormément de terme mais pas bricoleur. Mais pourquoi aurait-il eu besoin d'un cric ? Ou plutôt pourquoi le sien était-il cassé ? Après tout, on ne se sert peut-être pas d'un cric simplement pour changer une roue ... Si Daniel disait vrai, mon père devait bien mettre la caisse dans le coffre de sa voiture - que ce soit une Porsche ou non d'ailleurs - alors c'est peut-être pour ça qu'il en a eu besoin d'un autre.
En tout cas, j'espère sincèrement que ma visite à la seconde station sera plus lucrative que celle-ci.

Après être rentrée dans le magasin entièrement vitré qui se trouve à un peu moins d'un kilomètre des Cabanons du Sud, je suis interpellé par une très très vieille connaissance aux cheveux roux et aux yeux bruns hypnotisants.

"Maya Bright ! s'exclame-t-il.
- Andreas Stein !" Réplique-je.

Ça fait bien longtemps que je n'ai pas vu Andreas. Avant mon départ, nous ne nous parlions pas vraiment et le meurtre d'Andrew n'a pas du arranger les choses. De plus, Andreas ayant déménagé à l'autre bout de la ville et ayant par la même occasion changer de lycée, il était devenu difficile pour moi de le voir. Il faut tout de même que je vous indique qu'Andreas n'est pas simplement un ami de collège, il est aussi le frère d'Andrew.

The GrenadeWhere stories live. Discover now