Descente Aux Enfers

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Vitali

Malgré l'heure tardive, je suis encore plongé dans la paperasse qui encombre mon bureau. Normalement, ce travail de lecture revient à Vassili, mais mon Consigliere avait besoin de s'éloigner après la mort de son fils aîné. Je n'ai pas réfléchi longtemps avant de lui accorder les quelques semaines de repos qu'il m'avait demandées. C'est pourquoi la fastidieuse tâche d'étudier tous les rapports et de s'occuper des problèmes administratifs m'échoit, un véritable enfer dont je ne vois pas le bout. Dès que je range un dossier, trois autres font leur apparition sur la pile.

Après avoir pris connaissance du bilan de notre dernière vente aux enchères, organisée pour nous débarrasser de reproductions d'œuvres d'art, j'attrape le compte-rendu des soldats que j'ai envoyés au Mexique pour surveiller la situation sur place et le comportement du jefe du cartel de Sinaloa, Ricardo. Et d'après ce que je lis, tout ne fait que s'aggraver. Ricardo a tué cinq de ses hommes au motif qu'ils ne se sont pas retournés sur son passage. Mes soldats décrivent la peur constante dans laquelle vivent les Mexicains à l'idée que leur chef leur tire une balle dans la tête. Ils évoquent également l'accord passé entre le cartel et la Commission, les cinq Parrains de la mafia italo-américaine. Même eux commencent à regretter leur décision de négocier avec le cartel. Il va falloir s'occuper de cette situation très rapidement ou je ne verrai jamais la couleur de mon argent.

Je suis en train de rédiger une réponse à mes hommes infiltrés quand un cri me fait relever la tête de l'ordinateur.

Je bondis de mon siège en entendant le hurlement de Katerina. Le cœur battant la chamade, je me précipite hors du bureau pour rejoindre la chambre de la jeune femme. Un second hurlement résonne tandis que je monte l'escalier. Alors que je parviens au deuxième étage, je manque de me cogner contre Yegor. Luka le suit, plus lent sur ses jambes encore fragiles.

— C'est Kat ? demande ce dernier, essoufflé.

Je hoche la tête et poursuis ma route jusqu'à la chambre de Katerina. Ses cris s'intensifient. J'entre dans la pièce, envoyant la porte claquer contre le mur, et me précipite vers le lit. Mes pieds se prennent dans la couette étalée au sol, manquant de me faire perdre l'équilibre. Lorsque je lève les yeux, la vision qui s'offre à moi me serre la poitrine. Katerina est au milieu du matelas, le corps agité de soubresauts. De sa bouche se déversent des hurlements glaçants.

Je ne perds pas de temps et monte sur le lit. Durant l'une de ses crises précédentes, elle s'est blessée en se cognant violemment le crâne contre la tête de lit. Je ne veux pas que cela se reproduise. Il faut la réveiller. Soulevant le haut de son corps, je parviens à me glisser derrière elle, collant son dos contre mon torse. Mes mains saisissent ses poignets et les immobilisent contre son ventre. Tout en prenant soin de ne pas toucher sa main droite, je l'appelle pour tenter de la faire réagir.

Yegor et Luka, qui se tenaient près du lit, me rejoignent sur le matelas et l'entourent. Sentant notre présence, la jeune femme s'apaise et ses cris se transforment en faibles gémissements. Cependant, ses muscles se contractent toujours. Il faut que nous parvenions à la réveiller, alors nous l'appelons sans interruption, et je caresse lentement ses cheveux et ses bras pour lui faire reprendre contact avec la réalité.

Au bout de cinq longues minutes, ses paupières papillonnent enfin.

— Katerina, je murmure en caressant tendrement ses joues.

Progressivement, elle ouvre les yeux. Dans un sursaut de panique, elle regarde autour d'elle et tombe sur les sourires rassurants adressés par Yegor et Luka. Puis sa tête pivote et son regard perdu rencontre le mien. Je n'ai pas cessé mes caresses. Il lui faut encore quelques secondes pour reprendre conscience de la réalité. Là, des larmes d'épuisement perlent du coin de ses yeux, et des sanglots commencent à secouer son corps.

ITALIAN MAFIA - Édité chez BMROù les histoires vivent. Découvrez maintenant