36 - Passion

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En média : The hills - Cayte Lee (cover) 

(à écouter à la fin du chapitre hihi)

***

Je ne saurais dire depuis combien de temps je suis assise là, sur le carrelage de la salle de bain, mes yeux fixant le canard en céramique en face de moi, et mon corps accroupi au coté de la toilette contenant mon déjeuner. Oui c'est dégueulasse. Mais j'ai perdu toute raison et toute notion du temps depuis mon appel avec Dean. Depuis que j'ai salement dénoncé le meilleur ami de Ian. 

La pression dans mon ventre commence à s'intensifier, comme à chaque fois que je repense à mon acte impardonnable.

Tu n'avais pas le choix Alex...

Si, j'avais le choix. J'avais le choix de ne pas tomber sous le charme de Ian, j'avais le choix de finir mon infiltration en un temps convenable, j'avais le choix de ne pas dénoncer Elliot, qui n'a véritablement rien demandé dans cette histoire. Sérieusement, quelle idiote je suis. Quitte à devoir dénoncer quelqu'un, autant dénoncer une personne détestable telle que Avery !

A qui je mens ? Le problème aurait été le même. Avery a beau être une salope, ma culpabilité aurait été tout aussi grande en prononçant son nom. Non, la seule issue aurait été que je dénonce Ian, comme c'était prévu, comme j'étais censée le faire. Mais ça, c'est au dessus de mes forces.

Le cognement contre la porte de la salle de bain m'interrompt dans mes pensées. Mon corps se redresse et j'inspire une grande bouffée d'air, en espérant que cela fasse disparaître cette envie de vomir. 

— ¿Todo bien señorita Alex? 

Inconsciemment, mes yeux se ferment d'eux même. Carlos, évidemment. Il était évident que celui là n'allait pas lâcher l'affaire après les quatre dernières tentatives.

— Oui Carlos, ça va, réponde-je sèchement afin qu'il me laisse enfin tranquille. 

— Bien Bien...

Je passe une main lasse sur mon visage tandis que j'entends ses pas s'éloigner de plus en plus de la porte. Et puis cette pensée me frappe. Cinq tentatives ? Depuis combien de temps suis-je enfermée dans cette pièce au juste ? Et Ian qui n'est toujours pas...

— Attendez !

Sans prendre en comte ma dégaine de zombie, je me précipite vers la porte et l'ouvre. Le corps voûté de Carlos se dresse face à moi, ces célèbres serviettes dans ses bras.

— Vous savez où est Ian ? Enfin... vous l'avez vu ? ajoute-je faussement désinvolte. 

— Pas vu pas vu.

Et sur ces mots, il marche en direction de la sortie. Que dis-je marche, cours plutôt ! Ouais bon, j'imagine que notre relation gênante ne s'arrangera pas de si tôt.

La fenêtre de la chambre attire instantanément mon attention. Il fait nuit noire. Sérieusement ? Je veux bien croire que nous sommes en plein hiver... quand même. Rapidement, j'attrape mon portable posé soigneusement sur le lit et allume l'écran. Il est plus de dix-neuf heures. Dix-neuf heures et il n'est toujours pas rentré. Il n'a pas non plus répondu à mes textos, envoyés dans un élan de désespoirs quelques heures plus tôt. Est-ce que je devrais m'inquiéter ?  

Tu ne crois pas que tu devrais avoir d'autre source d'inquiétude ? Comment penses-tu que Ian va réagir quand il va apprendre que tu as dénoncé son meilleur ami à la police ?

Comme enragée, je balance l'un des oreillers à l'autre bout de la pièce et renferme mon visage entre mes mains, dans l'espoir d'enfin faire disparaître ces satanés voix dans ma tête.

PRISONERS | TerminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant