6 - Une des leurs

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PDV ALEX

J'ai comme l'impression d'attirer tous les regards sur moi à la seconde où je pose un pas dans le campus.  Comme si j'étais une sorte de monstre de foire. Autant la veille j'étais transparente, autant aujourd'hui je suis le centre du monde. Comment ça se fait ? Je suis habillé comme tout le monde, je devrai passer inaperçu non ?

Je jette rapidement le café que je venais d'acheter sur la route et me dirige tant bien que mal vers mon premier cours de la journée. Je dois presque m'arrêter toutes les deux secondes pour masser délicatement ma cheville, si ça continue je vais avoir des ampoules. Comment des filles peuvent-elles supporter ces instruments de torture toute la journée ?!

Va falloir que tu t'y fasses Alex, à partir de maintenant c'est ta nouvelle identité, pense-je en laissant expulser un soupir las.

Je resserre ma poigne autour de la sangle de mon sac à main et pénètre dans l'amphi. Je crois bien entendre quelques chuchotements sur mon passage tandis que je monte les marches de l'allée centrale. Je baisse mes yeux au sol, avant que mes incertitudes ne viennent enflammer mon visage. C'est alors que la voix de Lynna résonne tel un écho dans mon esprit « Tu as eu affaire à des gangs, à des gens de la mafia. Tu ne vas pas me faire croire que des petits jeunes dans une école friquée ça te fait flipper ? ».

Elle a raison, je suis pitoyable. Cette mission n'est rien, quand on sait que j'ai dû un jour défier la mafia japonaise en personne.

Néanmoins je ne peux m'empêcher de me sentir soulagée lorsque j'aperçois Cece au loin, dans le fond de la salle. Celle-ci me sourit, non sans cacher son admiration.

— Alors, tu as passé l'épreuve du Relooking ? me demande-t-elle alors que je m'assois à ses cotés.

J'avais déjà entendu cette phrase un jour dans une émission télé : « On devient un vrai New-Yorkais après avoir passé son premier Relooking ». Je me rappelle que j'avais trouvé ça idiot. Comme si on ne pouvait pas tout simplement être soit même à la seconde où l'on franchissait l'entrée de Manhattan. Évidemment aujourd'hui, cette expression prend tout son sens.

— On peut dire ça, réponde-je simplement en haussant des épaules.

Je sors ma trousse, quelques feuilles et m'apprête à écouter le vieux moustachu nous servant de prof d'économie. Mais c'était sans compter mon nouveau voisin, venant tout juste de prendre place à ma droite. Il doit être installé depuis à peine deux minutes que je ressens déjà une odeur de transpiration combinée à des résidus d'alcool s'infiltrer dans mes narines, comme s'il s'était prit une méga cuite la veille. Charmant.

Je n'ose à peine le regarder. Les seules choses dont j'arrive à distinguer du coin de l'œil sont ses cheveux roux flamboyant et ce bouc broussailleux présent à son menton. 

— Hé... salut ma jolie, m'interpelle-t-il d'une voix mi-séductrice mi-fatiguée, me donnant sérieusement envie de vomir.

Je n'ai même pas le temps de réagir que Cece vient à ma rescousse, d'un ton qui m'était encore inconnu de sa part :

— Ferme-là Nick !

Malheureusement pour moi, celui-ci ne semble pas le moins du monde impressionné par la menace de ma camarade en robe à fleur. Aussi stoïque qu'une statue, je sens son visage s'approcher progressivement de mon oreille, tandis que sa main répugnante commence à jouer avec l'une de mes mèches blonde. 

Tant pis pour la diplomatie. 

Mon fond intérieur est sur le point d'exploser et aussi rapide que l'éclair, je lui attrape son poignet, le tire en arrière en le tordant légèrement mais suffisamment pour qu'une douleur lui traverse tout le corps. Une technique d'autodéfense acquise durant mes longues heures d'entraînement.

PRISONERS | TerminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant