PRISONERS | Terminé

10 - Fougue

Durant de longues secondes, un grand silence surplombe la pièce.  Puis soudain, un cri festif imbibé d'alcool fait écho, déclenchant ainsi un  brouhaha interminable. Adam ré augmente le volume de la musique, tandis que je sens les bras d'un garçon au crâne rasé encercler mon corps. Je me détache rapidement de son emprise et me lève en repassant légèrement le bas de ma robe noir. Je jette un coup d'œil à la place opposée de la mienne et fronce les sourcils. Ian n'est plus la. Où est-ce qu'il est parti ? J'espère qu'il n'a pas décidé de s'enfuir sous le coup de la colère...

Je tente d'analyser chaque recoin de la pièce afin de repérer sa présence, mais cela s'avère assez compliqué lorsque tu deviens soudainement l'abstraction d'une dizaine de gars.

— Alors ma belle, c'est quoi ton souhait ? me demande Rick en entourant mes épaules de son bras, geste me donnant littéralement envie de vomir.

— Laisse mec, je sais très bien ce qu'elle veut.

Je tourne mon visage et découvre Ian, descendant les escaliers, le sachet de drogue à la main. Celui-ci le balance violemment sur la table en face de moi. Je relève mes yeux vers lui et croise son regard. Je n'y vois aucune once de sympathie, plutôt un mélange de haine et... un autre sentiment que je n'arrive pas à définir.

— Satisfaite ? me crache-t-il droit dans les yeux.

Sa voix est si dure qu'elle me coupe toute envie de répartie. Alors je me contente d'hocher la tête, silencieusement. 

Face à ma réponse, il s'éloigne jusqu'à la terrasse extérieur, sans jeter un seul regard à quiconque. Au même instant, Rick prend ses aises en renforçant son bras autours de moi, mais je ne réagis pas. Cette victoire contre lui a fait du bien à mon ego, c'est certain mais... Je ne sais pas, en réalité j'ai l'impression d'avoir plus mal agis qu'autre chose, d'avoir gâché la moindre chance de m'entendre avec lui. Il peut encore y avoir des doutes, mais pour l'instant Ian est ma seule piste sérieuse vis-à-vis de ma mission. Et comment suis-je censée me mettre quelqu'un dans la poche lorsque je l'humilie en public ?

— Tu veux que je te montre comment faire bébé ? me susurre Rick à l'oreille.

Sa bouche frôle mon visage, créant un incroyable haut de cœur dans ma poitrine.  D'un geste plus agressif que d'habitude, je le pousse en arrière, le faisant ainsi tomber sur ses fesses, provoquant un fou rire général. Enfin débarrassée de ce gros lourd, j'attrape du bout des doigts le sachet de drogue et m'avance jusqu'à la terrasse.

Ian est dos à moi, accoudé sur la rambarde en bois avec ce que j'imagine être une bouteille de bière dans ses mains. Son tee-shirt fin et sa position en avant révèle de façon plus nette les muscles de son dos. Ce qui n'est plutôt pas déplaisant. 

Je détache mes cheveux, les ébouriffes dans mon dos et d'un pas hésitant, m'approche de lui. Le sol en bois grince sous mes pieds, et je dois réellement me retenir à maintes reprises pour ne pas me plaindre de mes monstrueuses chaussures à talon.

J'arrive tant bien que mal à sa hauteur, et l'imite en m'adossant à ses cotés sur la rambarde. Je pose le sachet de drogue sur le rebord entre nous deux.

— Tu peux le récupérer, je n'en veux pas.

De ses yeux foncés,  il jette un coup d'œil au sachet, puis moi, et replace son regard dans la pénombre en soupirant :

— Ok donc ton but est juste de casser les couilles ?

Visiblement sa mauvaise humeur n'est pas redescendue. Bon, c'était assez prévisible. 

Je décide de jouer la carte de l'honnêteté.

— Tu m'as énervée, je voulais juste te remettre à ta place.