15 - Tension

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Une douleur me traverse l'ensemble du corps quand je retrouve connaissance. Mes yeux s'ouvrent lentement, s'habituant peu à peu à la lumière. Une lumière blanche, sans artifice, éclairant seulement mon corps frêle attaché à une chaise. Autour, rien. Le noir complet, le néant.

Soudain un fond sonore retentit, d'abord lointain, puis de plus en plus près. Des pas. Des pas lourds marchant vers moi, des pas que je pourrais reconnaître parmi des milliers.

« Tu ne vas pas t'en sortir comme ça Alex. Je finirai par te retrouver et je te tuerai. Je le jure devant dieu que je te tuerai. »

Les pièces du puzzle  s'emboitent peu à peu dans me tête. Ça devait finir par arriver. Il m'a retrouvé.

Son corps sort de la pénombre et marche, jusqu'à ce que ses bouts de chaussures atteignent les miens.

— Je t'ai manqué ?

Sa voix grave résonne dans mes oreilles et je dois me retenir pour ne pas fondre en larme. J'aimerais hurler aux secours, m'enfuir à pleine jambes, lui piquer l'arme de ses mains et lui envoyer une balle en pleins cœur. Mais je ne peux pas, ces cordes écorchant un peu plus mon corps à chaque secondes m'en empêchent. Il n'y a pas d'issue.

Alors c'est comme ça que ça va se finir ? Ligotée à une chaise, attendant patiemment que mon pire ennemie me descende ?

Je lève les yeux et découvre ce visage m'ayant hanté durant tant de mois. Ses yeux perçants, son nez droit, son rictus au coin de la lèvre, lui donnant l'air d'un vrai serial killer.

Cette vision de Carter est bientôt remplacée par celle d'un revolver noir planté sur ma tempe. J'en arrête instantanément de respirer.

— Sache Alexia Rhodes que je tiens toujours mes promesses.

L'espace d'un instant, un silence de mort surplombe la pièce. Jusqu'à ce qu'un coup de feu retentisse.

Mon corps sursaute et se redresse, instantanément. Je suis en sueur et j'ai un mouvement de recul face à l'obscurité autour de moi. Mes yeux finissent par assimiler ma chambre universitaire, et ma respiration saccadée se calme, bien que légèrement. Bordel, c'était quoi ça ? Des mois que je n'avais pas fait ce cauchemar, des mois que le visage de Carter n'avait pas hanté mes pensées. J'avais enfin réussi à retrouver une tranquillité intérieure, pourquoi maintenant ?

Le tempête extérieur claque contre ma fenêtre, me faisant pour la énième fois sursauter. Et si... et si c'était un signe ? Et si Carter était sorti, près à partir à ma recherche ? Non c'est impossible, il doit prendre pour minimum cinq ans, et puis Dean m'aurait mise au courant. Et pourtant...

Ce regard qu'il avait quand il prononçait ces trois petits mots Je te tuerai... je ne pourrais jamais l'oublier. Je sais qu'il le pensait, et je sais qu'il le pense surement encore. J'aurais pu m'enfuir. J'aurais pu tout abandonner, demander à Dean une mutation et partir à l'autre bout du pays dès l'annonce de son incarcération. Mais finalement, je ne me sentais plus tellement menacée. Pour la simple et bonne raison que tous ses alliés sont tombés en même temps que lui-même. Il n'y a donc plus personne à l'extérieur pour exécuter ses envies meurtrières. Et puis il faut tout de même avouer qu'être une agent infiltrée à certains avantages, comme entre autres, une possible protection de la police.

J'étire mes jambes sur le coté du lit et m'avance jusqu'à mon long miroir posé sur le sol. Cette vision de mon visage totalement exténué me pèse dans la poitrine. Qu'est-ce qui m'arrive ? Tout va de travers ces temps si. D'abord Carter qui revient « d'entre les morts », ensuite Ian... Pourquoi cette affaire me prend-elle autant la tête ? Ian est certes un abrutis pur et dure, ce n'est tout de même pas la seule tête brûlée auquel j'ai eu affaire durant mon année de pratique. 

PRISONERS | TerminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant