35 - Piégée

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En média : Sail - Awolnation

* * *

Trop tôt. Cette fois-ci c'est beaucoup trop tôt. Je ne sais pas pourquoi je m'embête à bourrer mon crâne de discours sur les dangers de l'alcool, si c'est pour constamment y replonger la tête la première. Sauf que cette fois ci, je ne m'attendais pas à ce que ma prochaine cuite soit à peine cinq jours après la dernière en liste. Et je regrette aussitôt ce comportement lorsque la représentation grandeur nature d'un tambourin envahit, encore une fois, mon cerveau.  Insupportable. Ma situation ne s'arrange en rien une fois debout, si ce n'est pire. Mon petit cœur me dicte de courir me réfugier sous les draps, et de ne sortir de cette caverne qu'au prochain matin. Mais ma raison, elle, m'ordonne de boire un coup d'eau, de passer un peigne sur mes cheveux, d'enfiler une tenue convenable, et de descendre voir mes hôtes, tout en faisant comme si je n'avais pas ingurgité la moitié d'une cave la veille. Après tout je suis leur invitée, d'autant plus de la famille de Ian, il ne faudrait pas que je passe pour une malpolie. 

Je. Ne. Boirai. Plus. Jamais.

Bien sûr Alex, on te croît...

Une fois mon désormais célèbre pull gris et jean noir sur le dos, et ma chevelure revenue à peu près à la normale, je traverse le couloir afin de rendre une petite visite de courtoisie à Ian. Je l'avoue, je suis un peu -beaucoup- gênée de mon comportement de la veille. Il a dû me prendre pour une tarée, voir une nympho à me jeter sur lui de cette façon. 

Et si je l'avais choqué ? Et si il ne voulait plus de moi ? Après tout, il m'a quand même repoussée...

Il t'as surement repoussée pour ne pas abuser de toi alors que tu étais à moitié inconsciente, ça t'arrive de réfléchir banane ?

Oui bon, ma conscience marque peut être un point, mais on n'est jamais trop prudent. De toute façon c'est sa faute tout ça. A quoi s'attendait-il sérieusement en me laissant seule dans une réception de ce style ? Que j'allais taper la discute à leurs voisins milliardaire, que j'allais leur conseiller le meilleure champagne de la région ou que j'allais idolâtrer leur tenue haut de couture ?  Il est évident que non, un clochard à cent kilomètres pourrait aussi bien voir que ce comportement est loin d'être naturel pour moi. C'est déjà un miracle que j'ai accepté de le suivre dans cet endroit, et de me pavaner dans une robe coûtant plus chère que ma vie entière.

Avec une conscience à moitié allégée, je frappe à la porte de Ian. C'est avec stupéfaction que je trouve la sienne complètement vide. Super. Cette maison ressemble littéralement à un château, je peux tout aussi bien mettre une minute à le retrouver, que trois heures. 

Mon corps bien meurtri par la débauche n'étant pas prêt à partir à l'aventure , je décide de me diriger vers le second choix le plus évident : la cuisine. Après tout, il est tout aussi possible que Ian est décidé de prendre son petit déjeuner sans ma compagnie, pensant qu'il serait surement mieux pour moi de dormir plus longtemps. Ce qui est très plausible. Pourtant, lorsque j'atteins l'immense et somptueuse salle à manger, seule sa mère est présente. 

Vu mon état j'aurais préféré ne pas tomber directement sur les beaux-parents, mais puisque je n'ai pas le choix...

Ses long cheveux bruns sont cette fois-ci détachés, et retombent en cascade sur un énième chemisier coloré. Des lunettes sur son nez, Diana lit attentivement un magasine, sans me prêter aucune attention. Doucement, je m'éclaircis la gorge.

— Alexia ! m'adresse-t-elle finalement, Je ne t'avais pas entendu arriver. Tu as bien dormi ?

Son sourire est aussi éclatant que la veille. Vraiment beaucoup trop gentille

PRISONERS | TerminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant