TOUT mais pas TOI

13 / SARAH

-Aïe! Je m'écrie.

Je suis au milieu d'une discussion avec le deuxième assistant du réalisateur, Baptiste, quand quelqu'un me tire les cheveux en arrière. Je porte ma main à mes cheveux et me retourne pour chercher le coupable. J'aperçois Ian, tout sourire, un peu plus loin. Je m'efforce de lui faire les gros yeux à quoi il répond par un clin doeil avant de disparaître.

-Vous avez l'air de bien vous entendre ! s'exclame Baptiste. Je tai vu lui courir après l'autre jour après qu'il t'ai piqué tes feuilles.

Je m'esclaffe. C'est vrai que depuis notre petite discussion, il y a trois semaines, Ian n'a pas arrêté de me taquiner. Encore hier, à la cantine, il s'est amusé à me jeter des boulettes de mie de pain. C'est extrêmement puéril mais je dois avouer que je trouve ça plutôt marrant. C'est devenu notre routine ; le matin, on discute dix minutes dans sa caravane quand je lui apporte son planning puis on se croise sur le plateau entre les prises (c'est durant ces moments qu'il me cherche des poux) et le soir nous parlons par sms. La plupart du temps, nous échangeons sur des sujets légers, sur nos centre dintérêts, nos goûts musicaux ou cinématographiques. Je souris en repensant à hier soir quand je lui ai dit que j'étais concentrée sur mon film et qu'il a passé la soirée à se goinfrer de carambars chez lui en m'envoyant toutes les blagues les plus pourries. Au final je n'ai rien compris à mon thriller psychologique.

-Bon, je crois qu'on a tout vu. Déclare Baptiste. Je te laisse je vais faire mon rapport au grand manitou.

-A plus ! Je lui lance alors qu'il s'en va.

C'est la fin de la journée, je me dirige vers les loges où j'aperçois Candice Ravel qui s'apprête à entrer dans la sienne.

-Candice ! Je l'interpelle.

Elle se retourne avec un jeté de cheveux en arrière digne de la star qu'elle est.

-Oui ? Demande-t-elle.

Lorsqu'elle m'aperçoit, son sourire passe de factice à un carnassier. J'ai vu assez d'épisodes de Gossip Girl pour reconnaître une peste manipulatrice quand j'en vois une.

-Je voulais vous donner le planning à jour pour demain. Il y a quelques modifications qui vous concernent. Je dit professionnellement.

-Oh ! Bien entendu. Acquiesce-t-elle en saisissant le papier que je lui tends.

-Bonne soirée ! Je lui souhaite en m'apprêtant à la quitter.

-Sarah ! Me hèle quelqu'un.

Cest Ian, la tête passée à travers la porte de sa loge. Je lève, les yeux vers lui et lui adresse un sourire en réponse au sien.

-Viens me voir sil te plait ! sécrie Ian.

Candice n'a pas bougé. Elle observe la scène sans dire un mot. Je lui fais un signe de tête avant de m'éloigner face à son regard meurtrier.

Devant sa réaction, je décide de ne pas entrer dans la caravane de Ian mais de lui parler sur le pas de la porte.

-Tu mas arraché la moitié de mes cheveux ! Je me plains.

-Je suis sure que tu serais très jolie chauve ! Réplique Ian.

Je rougis et martèle machinalement le sol avec le bout de mes baskets.

-Tu voulais quelque chose ? Je demande.

-Oui, je voulais savoir si ça te dirait de venir manger à la maison

Je suis abasourdie. Je n'aurais jamais pensé que quelqu'un comme Ian m'invite chez lui.

-Je pourrais nous cuisiner quelque chose ? Propose-t-il.

-C'est un rencard ? Je l'interroge.

-Je ne sais pas. J'avais juste envie de passer une soirée avec la vraie Sarah plutôt qu'avec Sarah en virtuel via les téléphone. Dit Ian en haussant les épaules.

-Ok, je m'entends répondre à mon plus grand étonnement.

-Super ! Ça me fait plaisir. Déclare Ian en souriant. Je t'envoie mon adresse par sms, disons 20h ?

-Ca marche ! A tout à l'heure ! Je mexclame en partant.

18H, plus que deux heures pour rentrer et me préparer. No pressure !

********

Une heure plus tard, je suis rentrée, douchée et je cherche quoi porter. Pourquoi dans ces moments là, notre armoire semble anormalement bondée de choses moches ou démodées ?

Mon téléphone sonne, je m'empresse de le chercher pensant que ce pourrait être Ian. Il m'a déjà envoyé plusieurs messages, le premier avec son adresse et les autres pour des questions sur mes préférences pour son repas :

« tu aimes le poulet ? »

« tu bois quoi ? »

« chocolat ou fruits ? »

Je me mors la lèvre pour m'empêcher de sourire et saisis mon téléphone. C'est Tobias. D'un coups, mon coeur s'affole, prise de panique. J'inspire et expire à fond avant de répondre.

-Toby ! Je m'écrie. Comment vas-tu ?

-Moi ? Mais on sen fout ! C'est toi la grande assistante de Georges Hardy ! Hurle Tobias.

-3ème assistante ! Je suis encore loin de la gloire ! Je rétorque.

-Pour moi tu es première dans tous les domaines ! Affirme mon meilleur ami.

-Quel charmeur ! Que va dire ta chérie ! Je le taquine.

-Pas grand-chose, vu que c'est fini ! Ricane Tobias.

-Quoi ? Oh Tobias je suis désolée.

-C'est rien ! Affirme Tobias. Ca faisait un moment déjà qu'on était plus sur la même longueur d'onde.

-Tu sais ce qu'on dit, une de perdue, dix de retrouvés ! Je tente de plaisanter.

-Je n'en ai jamais voulu dix, Sarah. Répond Tobias sérieusement. Seulement une qui ne veut pas de moi.

-Toby... je commence, mal à laise.

-Ne dit rien, je sais... Tu es mon grand frère blabla... Imite mon ami. Bref, et sinon comment se passe le tournage avec Ian ?

Je me fige au bout du fil. Ces dernières semaines, je me suis beaucoup rapprochée de Ian mais impossible d'en parler à Tobias ; surtout dans son état d'esprit actuel. Il ne comprendrais pas. Je sais qu'il est amoureux de moi depuis longtemps maintenant et qu'il ne me ferait jamais de mal mais rien à faire, je ne ressens pas ce genre d'attirance pour lui.

-Ca se passe très bien. Je déclare. Nous ne nous sommes pas encore entre-tuer donc il y a ça

-Tant mieux ! Cest un mec vraiment sympa. Je suis sure que vous pourriez être amis.

-Peut-être. Je réponds évasive.

Nous discutons encore une bonne vingtaine de minutes avant que je ne raccroche.

Je suis maintenant en retard pour aller chez Ian ; je me décide enfin pour un pantalon bordeaux avec un haut noir à manches longues. Ce n'est pas la typique tenue de rencart mais l'appel de Tobias m'a un peu refroidie. J'attrape mes baskets et mon sac avant de quitter mon appartement plus stressée que jamais.