L'envers de l'inconnu

Chapitre 28

Des semaines plus tard :

— on a le chauffe-biberon, le stérilisateur, les baby-phones, le tire-lait, qu'est-ce qui manque ?

— tenez Laila, je vous ai fait une petite liste de ce qui faudrait rajouter, ça vous aidera. Intervient Miss Danielle

— vous êtes mon héroïne, merci beaucoup !

Mon ventre a grossit et ne passe désormais plus inaperçu. Nous avons d'ailleurs obtenu la confirmation qu'il s'agit bien d'un petit garçon.

— alors bae, qu'est-ce que tu en dit ? S'enquiert Flavio lorsque je pénètre dans la futur chambre du bébé.

— c'est beau... Ai-je admis en m'emparant d'une des peluches posées dans le berceau

La pièce commence à prendre forme, on met du coeur à l'ouvrage pour la décorer.

— voilà au moins une chose de prête. Il faut que je te montre un truc. Reprend-il sur un ton plus sérieux

— qu'est-ce que c'est ? Réponds-je avec une pointe de méfiance dans la voix

— je t'expliquerai en chemin, viens. Dit-il simplement, avant de me conduir vers l'ascenseur.

Je n'ai pu m'empêcher de dormir durant le trajet en voiture, si bien qu'un petit cri s'échappe de ma gorge lorsqu'il freine brusquement,

— toutes mes excuses madame ! S'empresse de dire Nelson

— ce n'est rien...

Après que Flavio m'ait ouvert la portière, mon attention dérive sur une charmante villa en face de nous, non loin d'une route qui longe un flanc de montagne au bord de la mer.

J'ai à peine le temps de me tourner vers lui pour demander des explications, qu'un jeune homme s'empresse de venir à notre rencontre.

—  bonjour monsieur, ravi de vous revoir ! S'écrit ce dernier d'un ton professionnel, qui dissimule mal sa nervosité.

— plaisir partagé Leo ! je vous présente mon épouse, Laila.

Desserrant le noeud de sa cravate, le dénommé Léo me tend une main moite et hésitante - j'ai presque envie de l'inviter à se détendre.

Lorsque nous traversons le portail noir coulissant, je suis impressionnée par la taille imposante de la maison cosy, dotée d'une élégance intemporelle et couverte d'un toit en ardoise.

Une odeur de lavande émane du vaste jardin et chatouille mes narines, tandis que j'essaye de ne pas perdre de vue les deux hommes, qui bientôt disparaissent derrière la grande porte en bois de pivot.

Sans grande surprise, l'intérieur est impeccable, quoique ayant besoin de quelques petites rénovations. Le sol en marbre miroite sous mes pieds, reflétant le haut plafond et ses magnifiques moulures, au centre duquel repose un somptueux lustre en feuilles de laiton plaqué en or et en cristaux.

— comment tu trouves la maison ? Murmure Flavio après m'avoir rejoint dans la cuisine

— les pièces sont immenses... ai-je soufflé

—  j'avais remarqué, répond-il pince-sans-rire

— elle est pleine de charme. Poursuis-je en jetant un coup d'œil à la paillote.

— je l'ai fait construire il y a deux ans mais je ne l'ai jamais habité...

— pourquoi ?

Il hausse les épaules avec nonchalance avant d'enfouir ses mains dans les poches de son jean.

— je ne sais pas, à vrai dire, j'avais acheté ce terrain uniquement à cause de son emplacement.

— c'est vrai qu'elle est située dans une zone paisible et au premier étage la vue sur la mer est magnifique.

— tu te vois habiter ici ?

Les pièces du puzzle se mettent en place dans ma tête et mon visage s'illumine,

— je crois pouvoir me sentir chez moi ici

— dois-je prendre ça pour un oui ?

—  un gros oui ! J'ai déjà hâte de commencer à la meubler et à la décorer. Répond-je avant d'enrouler mes bras autour de son cou pour l'embrasser

— tu auras carte blanche pour le faire dès que les rénovations seront terminées. Bien, cette entrevue a pris moins de temps que prévu, j'en connais un qui s'en réjouira. Reprend-il en désignant Leo

—  j'ai cru qu'il allait s'évanouir tout à l'heure.

— il est toujours aussi tendu lors de nos rencontres...

Après avoir conclu, on s'est rendus dans une boutique de vêtements pour bébés, histoire de compléter ce qui manque. La présence de Flavio à mes côtés, qui s'implique autant que moi, est d'une grande aide - il arrive à rendre ce moment amusant alors que je me sens épuisée.

— regarde moi ces chaussettes, elles sont minuscules ! Souligne-t-il en insérant ses doigts à l'intérieur

— en parlant de ça, il faut qu'on en rajoute

Tenir toutes ces grenouillères, les bonnets et j'en passe, m'ont donné envie de serrer mon enfant dans mes bras, j'ai tellement hâte.

— on a fini ? Demande-t-il lorsque nous sortons enfin du troisième magasin

— oui, c'est bon pour aujourd'hui. Réponds-je en jetant un dernier coup d'oeil à la liste de miss Danielle

— ils sont là ! Siffle Flavio entre ses dents

— qui ?

— tu ne te sens pas observée ?

Je balade mes yeux autour de nous, jusqu'à ce que je repère un homme en train de nous prendre en photo.

— maintenant que tu le dis...

— et il n'est pas le seul, précise-t-il en serrant davantage ma main dans la sienne.

C'est une aubaine que Nelson se soit garé tout près, car je deteste être le centre de l'attention.

— comment tu as trouvé ? Renchérît Flavio après qu'on soit monté à bord du véhicule,

— le fait d'être épiée ? c'était intense et stressant à la fois !

— tu finiras par t'y habituer

— oh que non, j'en doute fort...

Soudain, quelque chose, ou plutôt quelqu'un dans mon ventre décide de manifester sa présence;

— il a bougé. Dis-je en affichant un sourire béat

C'est une drôle de sensation - Flavio pose ensuite ses mains un peu partout sur mon ventre, dans l'attente de nouveaux coups, qui ne tardent pas à arriver.

— c'est merveilleux !