𝗪𝗛𝗜𝗦𝗣𝗘𝗥, jeƞsσσ

Chapitre 13 - 13

잊지 않아, 절대.

∼

Troisième partie

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Depuis le dernier soir, le couple étouffe dans leur appartement. Elles ont emménagé ensemble pas plus tard que le mois dernier. Mais, à présent, les choses se sont compliquées entre elles. Jennie en voulait à son amante de déserter tous les soirs. De rester enfermée toute la journée. De garder son ancien domicile comme adresse officielle. Et, plus que tout, elle lui en voulait pour cette soirée durant laquelle Jisoo avait catégoriquement nié leur relation. Elles n'en ont pas reparlé depuis et c'est sûrement la pire chose à faire. On frise la troisième guerre mondiale. Une guerre entre les deux jeunes femmes.

Elles sont effrayées par la tournure que prennent les évènements.

Elles faisaient l'amour d'une façon si désespérée. Comme pour ramener l'autre à elles. En effet, elles s'aiment d'un amour égal, sur un pied d'étal mais d'une façon qui leur est propre. C'est ce qui effraie l'autre. Elles ont simplement peur de perdre leur âme sœur. C'est un amour pur et profond. Comme un cristal, d'une transparence à en couper le souffle. Pourtant, leur cœur est fragile. Les deux femmes sont prêtes à tout pour ramener leur amour dans leurs filets alors qu'il s'y trouve d'ores et déjà. Elles jouent à un jeu pathétique. Le moindre de leurs gestes mène à un déséquilibre dangereux, à deux doigts d'effondrer le château de carte qu'elles ont bâti ensemble.

Le soir, avant la tombée de la nuit, elles prennent leur premier et dernier repas ensemble. Elles discutent avec appréhension.

« Ta journée s'est bien passé Jennie ?

- Oui, les cours étaient intéressants.

- D'accord. »

Un vent glacial s'installe au côté du silence vertigineux. Néanmoins, Jisoo persiste. Elle ne se sent pas à l'aise entre ces quatre murs blancs. Elle tente de poursuivre la discussion quitte à mettre un pied dans le gouffre. Elle allait commettre une erreur fatale.

« Lis et Roseanne vont bien ?

- Lis ? »

C'est alors que Jisoo comprend. Elle n'a pas averti sa bien-aimée de ce détail. Elle en a trop dit, ou pas assez. Dans les deux cas, elle doit continuer sur sa lancée. Mais elle n'ose pas. Déjà que les choses ne vont pas fort entre elles. Il a fallu en plus qu'elle en rajoute en utilisant ce surnom que personne d'autre que l'entourage de la concernée n'emploie. Elle ne risque plus un pied mais jette carrément son corps dans le vide. Elle a plongé la tête la première. Néanmoins, elle ne sait pas comment remonter à la surface. Elle perd tout autour d'elle, le monde se décompose. Sa poitrine devient si lourde soudainement. Elle suffoque.

« Tu as dit Lisa !? Jisoo, tu connais Lalice !?

- Attends, je peux t'expliquer.

- Très bien, j'attends.

- Calme-toi, je t'en prie. Ce n'est pas ce que tu crois mais tu dois promettre d'écouter, s'il te plaît. Jennie, promets-moi.

- Je te promets ... Bon ça vient ? »

Alors, elle raconte.

La veille, Jisoo était tombée sur son actuelle amante. Jennie l'avait bercée de tendresse. Elle regardait la belle dormir sur un lit qui lui était étranger. Elle se souvenait de chaque détail de la soirée. La douceur de sa peau contre la sienne. Les vas et vient des deux corps l'un contre l'autre. Aucun instant ne lui échappait, elle les gardait tous dans une boîte secrète. Bien enfouie, la nuit, dans les rues de Séoul, seule et perdue, elle les regardait. Jisoo vivait tantôt dans le présent, tantôt dans le passé. Mais jamais dans le futur. Elle n'avait pas de futur. Il n'y avait pas d'avenir pour elle. Une fille à la recherche de l'amour. Et maintenant, le voilà, le véritable amour est sous ses yeux. Elle a senti une alchimie avec la jeune femme. C'était puissant. Et bordel que c'était beau.

Au petit matin, elle était là, à la regarder terminer sa nuit. Elle observait chaque parcelle de sa peau nue et douce comme de la soie. La douceur habitait le corps de cette belle créature du nom de Jennie. Elle avait une petite mine de chaton et une aura brillait autour d'elle.

« Ma belle, merci pour cette nuit. »

Elle acquiesça ses dires et posant délicatement ses doigts sur les traits de Jennie. Elle souriait à l'image de l'étudiante, très bavarde lorsque l'alcool monte dans son sang. Elle avait beaucoup parlé de ses deux amies, de son enfance en Nouvelle-Zélande et de ses rencontres. Contrairement à elle, l'anglophone avait voyagé à travers le monde. Elle avait même été en France ! Jisoo resta un instant songeuse. Elle s'imaginait partir dans ce pays avec elle. Pourtant, elle ne la connaissait ni d'Eve ni de Adam. Mais elle admirait la jeune femme. Elle avait de l'audace et savait se faire entendre. Elle avait fait milles et unes rencontres, connu milles et unes aventures. Elle avait déjà connu l'amour, les déceptions, les amitiés d'enfance, des plaisirs de la vie. Oui, elle avait connu la vie. Jisoo avait beau être populaire, elle n'avait rien connu de tout cela. Elle était désespérément une coquille vide.

Finalement, le mannequin se leva. Elle se servit un verre d'eau dans la cuisine. Elle ne trouva personne dans l'appartement. Par la fenêtre, elle admirait de son regard épuré les passants et les voitures sur la chaussée. Tout était désespérément vide autour d'elle.

La jeune femme n'avait plus rien à faire ici. Alors, elle enfila ses chaussures et son pull pour se diriger vers la sortie. Elle progressa dans le couloir et appela l'ascenseur. Le temps que celui-ci arrive, elle rêvassait encore. Elle aurait aimé la revoir. Elle n'avait jamais connu une femme comme Jennie. Elle avait bien ses amis, tous ces hommes, mais elle préférait mille fois les femmes. Jisoo fantasmait sur la gente féminine. Peut-être l'idéalisait-elle de trop.

L'ascenseur est enfin arrivé. Elle descend dans la rue, concentre son regard sur la droite quand quelqu'un la percute à sa gauche. Il s'agissait de Lalice.

« Pardon, excusez-moi. Oh, vous êtes Kim Jisoo !

- Oui, en effet, je partais je suis désolée ... elle avait interrompu sa phrase en comprenant qu'il s'agissait de l'amie de la femme avec qui elle venait de partager la couche.

- Je ne vais pas vous retenir. »

Et puis merde.

« Je peux avoir ton numéro, miss Lalice ? »