Chapitre 9 - 09

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« Et si on allait se promener dans un parc ? »

En réalité, Jennie est surprise par la proposition de son aînée. Elle fuit d'habitude la foule, de par son agoraphobie. Pourtant, elle vient de lui demander à l'instant si elle désirait se rendre dans un parc. Prise par l'étonnement, elle se contente d'acquiescer. Dans son for intérieur, elle aurait aimé lui poser mille et une questions. Toutefois, ses phrases restent coincées en travers de sa gorge. Elle laisse le liquide dans son verre glisser le long de sa gorge. Rien, si ce n'est le vide, ne sort de sa bouche. Alors, elle boit son verre d'une traite. Et, elle se tait jusqu'à ce que Jisoo se lève. Elle paie l'addition.

« Je ne peux pas laisser une étudiante payer ... » plaisante-elle.

Puis, elles se dirigent ensemble vers un parc dans lequel il n'y a pas trop de monde pour éviter à l'aînée de faire une crise. Elles avancent, et Jisoo glisse sa main dans celle de son amante. Cette dernière laisse naître un léger sourire de satisfaction.

L'herbe chatouille les jambes nues de Jennie. Elle prend une marguerite entre ses doigts fins et fait tourner la fleur sur elle-même l'air rêveur. Plus loin dans le parc, on peut entendre les cris des enfants, les rires, les pleurs, la vie qui se peint autour d'un décor végétal. Jennie en oublierait presqu'elle se situait au cœur de la capitale sud-coréenne. Il était loin le bruit infernal des voitures, la course des passants, la tornade de Séoul. C'est pour elle comme une pause. Et ce doux moment, elle ne le partage pas avec n'importe qui. Kim Jisoo est allongée dans l'herbe à ses côtés, les paupières closes, elle profite de la chaleur du soleil caressant sa peau.

La foule s'accumule, néanmoins. Alors, Jisoo se lève pour poser sa tête sur les jambes nues de l'étudiante. Celle-ci se redresse, surprise.

Le contact de la belle brune sur sa peau lui donne des frémissements. Un frisson traverse l'ensemble de son corps. Le rythme cardiaque s'accélère. Elle perd pieds. Un vertige dans une mélodie de douceur. Une friandise se faufile jusqu'à l'entrée de son estomac. Cela monte et redescend.

Devant tous ces gens ? En est-elle capable. Une envie enivrante de l'embrasser, ici et maintenant, sans plus attendre. Non, elle ne peut pas attendre une seconde de plus. Elle veut la posséder toute entière. Elle ne tient plus. Elle dépose ses lèvres sur les siennes. Jisoo attrape sa nuque par la même occasion pour approfondir le baisser. Les langues se rencontrent et jouent ensemble. C'est un ascenseur d'émotion qui traverse Jennie. Elle n'en peut plus.

« Jisoo ... »

La concernée cesse son manège pour poser son regard profond dans celui de Jennie. Elle hausse les sourcils en signe d'interrogation.

Soudain, une jeune lycéenne se mit à courir en leur direction. Elle s'arrête à leur hauteur, essoufflée et les yeux pétillants. Jennie lâche un soupir de lassitude. Jisoo sourit. Sa compagne la regarde de ses iris sombres, méfiante, presque méchante. Elle en a assez de ces adolescents qui admirent sa belle brune. Néanmoins, elle refuse d'appeler cela de la jalousie. L'attention que porte Jisoo à l'égard de ses fans, délaissant la plus jeune de longues minutes – 10 minutes tout au plus en réalité – durant, l'agace particulièrement.

« Mademoiselle Kim Jisoo ? J'aimerai avoir un autographe et une photo avec vous, s'il vous plaît ».

Jennie détourna le regard et sortit son cellulaire.

Les oiseaux chantent une symphonie passionnelle. L'herbe fraîche caresse les pieds nus de Jennie qui tient ses sandales à la main gauche. Dans la droite, elle tient fermement la main de Jisoo. Cette dernière lui fait remarquer, amusée par l'excitation de son amante. Une promesse a été faite quelques minutes plus tôt. Un hôtel, un baiser, une caresse. Elles pressent le pas ensemble, dans un même mouvement, leurs pieds s'appuient contre l'herbe.

Bientôt, les rues les accueillent.

Mais Jennie n'oublient pas pour autant sa rancune. Elle déteste plus que tout être dérangée par d'éventuels fans de sa compagne. Elle lui appartient, à elle et à elle seule. La tristesse l'envahit. Lorsque sa compagne s'en rend compte, elle arrêta nettement sa marche. Elle lui demande ce qui ne va pas. L'autre secoue la tête pour dire non.

Finalement, elles arrivent à destination.

La chambre de l'hôtel est d'un rose limpide avec des touches violettes pour inviter à la gourmandise, au plaisir, à la luxure et bien d'autres choses encore. A la vue de la pièce, les yeux de Jisoo pétillent de bonheur. En effet, le violet était sa couleur favorite. Elle saute dans le lit et prend dans ses bras un coussin de cette couleur. Elle hume le léger parfum Yves Saint Laurent qui avait été délicatement posé sur les tissus. L'odeur la rend subitement fauve. Elle accorde un regard à Jennie. Un regard sauvage, presque bestial qui en disait long sur ce qu'il se passait dans son esprit. Ce n'est pas pervers. Ce n'est pas obscène. C'est sensuel. C'est beau. Une délicatesse à toute épreuve. Et, qui sait, peut-être un peu d'amour dans l'air. Elle dévore sa silhouette de ses yeux profondément noirs.

La brune a dans le sang une adoration pour sa beauté exotique.

Under my skin.

Néanmoins, elle ne laissait rien paraître. A cause de sa fierté, de son caractère, de sa carrière. Elle ne pouvait rien laisser paraître. Et puis, elle ne savait pas vraiment comme s'y prendre. Alors, elle restait distante tout en goûtant à chaque parcelle de l'épiderme de Jennie comme la plus intense des douceurs. Chacun de ses mouvements est une invitation au plaisir, et la plus jeune la prend avec joie.

Pour l'heure, Jisoo était encore assise sur le lit rose et violet de la chambre d'hôtel à poser ses yeux sur elle comme s'il s'agissait de la huitième merveille du monde. C'est plus fort qu'elle. Elle n'avait jamais ressenti cela avant. Ses expériences précédentes n'étaient pas si fauves et onctueuses que celle-ci. Un mélange d'amour et de désir. Elle ne voulait qu'elle. Jisoo voudrait qu'elle la regarde avec le même regard que celui où elles s'étaient rencontrées. Oui, elle s'en souvient comme hier. Au bord du gouffre, le mannequin pensait se donner la mort dans la nuit, quelques heures plus tard. C'est certainement la raison pour laquelle elle était tombée sous son charme. Jennie l'avait tout simplement sauvée de la mort. La faucheuse l'attendait sur le pas de la porte de son appartement. Une corde était cachée tout en haut de son placard dans une boîte. Le matériel qui lui aurait servi à mettre fin à ses jours était enroulé comme un escargot. Petit escargot qui a perdu sa maisonnette. Petit escargot n'est plus au chaud. L'image l'amusait beaucoup, elle trouvait cela mignon. Peut-être un peu trop pour le sujet. 

𝗪𝗛𝗜𝗦𝗣𝗘𝗥, jeƞsσσWhere stories live. Discover now