As You Are [ TBS ]

38. Mercy

Le soleil commençait à se coucher, il était temps pour moi de rentrer à l'internat. Mes pas sont lents, j'ai l'impression de errer dans les rues, sans aucun but précis. Je sais juste que je dois rentrer, et que je connais le chemin par cœur. Je traîne mon corps comme je peux. Au moment où j'ouvre la porte de ma chambre, je suis accueillie par une Emma en furie.

-          Putain, Bobbie ! T'étais où ?! s'écria-t-elle en s'approchant de moi d'un pas lourd.

J'hausse un sourcil, et finis par m'allonger sur mon lit en prenant mon portable entre mes mains.

-          J'étais en promenade, répondis-je sans grand enthousiasme.

-          On t'a cherché partout, t'aurais pu répondre à mes messages !

-          J'avais éteins mon portable.

Un soupire s'échappa des lèvres de la brune, et elle vint s'assoir sur le lit, près de moi.

-          T'aurais pas dû partir comme ça... souffla-t-elle en me regardant.

Je ne réponds pas, observant l'écran de mon iPhone sans vraiment le regarder. Je me sens vide.

-          On a dû consoler Thomas toute l'après-midi.

Cette fois, je réagis en me redressant. Le consoler ? Lui ?

-          Sérieusement ? Il avait qu'à réfléchir après ce qu'il a fait ! m'indignai-je.

Je repense à la scène, et mon cœur se serre. Merde, non Bobbie, pleure pas encore. T'as assez pleuré pour cet idiot.

-          Bobbie, tu devrais écouter ce qu'il a à te dire, c'est pas ce que tu crois, me conseilla-t-elle, l'air triste.

-          Alors tu le défends maintenant ? Il a qu'à pleurer dans les bras de sa Isabella, répondis-je en détournant le regard pour essuyer rageusement une larme qui m'avait échappé.

-          Non mais vraiment... Bobbie...

-          J'ai besoin de me reposer, s'il-te-plait Emma. Laisse-moi... soupirai-je en me rallongeant cette fois.

Elle ne me répond pas, mais reste à sa place. Après quelques secondes, elle finit tout de même par se relever.

C'est pas ce que je crois ? Qu'est-ce que je devrais croire hein ? Qu'il s'amusait à se maquiller avec Isabella en cachette ? C'est pour ça que du rouge à lèvre lui avait atterri sur la gueule ? J'sais pas, il pouvait me le demander à moi, la pro du maquillage. En plus, je suis sûre que le miens et de meilleur qualité que celui de cette pimbêche.

Non mais sérieusement. J'avais eu les faits devant moi, Thomas, torse nu, avec Isabella, et puis le rouge à lèvre, et la réaction de Thomas. Il savait que ce qu'il avait fait c'était grave, il le savait. Je le savais, on le savait tous.

Je ne me rendis même pas compte que je m'endormais sur ces mauvaises pensées. Ce ne fut que le lendemain, où je me réveillai douloureusement. Mes joues étaient étrangement sèches et tirées. En me regardant dans le miroir de la salle bain après mon réveil, je me rendis compte de l'horreur : je m'étais endormie en chialant sans m'être démaquillée. Mon mascara avait coulé partout sur mes joues, mes yeux étaient gonflés et rouges, et j'avais des restes de fond de teint pratiquement effacé.

Putain, les chtars que j'allais attraper encore.

Sans grande conviction, je me démaquille pour effacer cette horrible image de moi-même. Sauf que, alors que je me démaquillai, les larmes firent de nouveau leurs apparitions.