As You Are [ TBS ]

21. Matter Of Time

Je ne peux pas croire ce qui est en train de m'arriver. Thomas Speedy-Sangster est en train de m'embrasser, devant la porte de l'internat côté fille, dehors, sous un soleil d'automne. Et je me demande encore comment cela a pu arriver.

Mon cerveau était en plein arrêt. Ou en plein AVC ? Au choix. Ce fut quand Thomas se recula de mon visage que celui-ci se remit en marche. Je ne pouvais pas du tout contrôler mes émotions. J'avais les yeux grands ouverts, ce qui, bien évidemment, effraya Thomas au moment où il rouvrit les yeux.

- Je... Je... Euh...

Mais dis quelque chose de sensé, Bobbie !

- Il faut... Il faut que j'y aille.

Je me recule d'un coup de lui, le laissant abasourdi, et me tourne vers la porte. Je l'ouvre d'une traite, prête à entrer pour courir jusqu'à ma chambre et me cacher sous ma couette.

Qu'est-ce que je suis en train de faire ?

Qu'est-ce que je fais ? Je suis folle ? Je ne peux pas laisser Thomas comme ça, après ce qu'il vient de se passer. Il ne dormira pas de la nuit et perdra ses cheveux dans la nuit tellement il paniquera. Et moi alors ? Je ne dormirai pas non plus. Je n'oserai même plus sortir de ma chambre si je ne mets pas les choses au claire.

Ma main se resserre sur la poignet de la porte, tout comme mes paupières sur mes yeux. J'inspire un coup, et retourne en arrière. Quand je fais volte-face vers Thomas, il est aussi blafard qu'un mort. Ses yeux sont grands ouverts, et je crois que je lui ai fais la peur de sa vie.

Mon Dieu, que t'es débile Bobbie. Regarde ce que t'as fais à ce pauvre Tommy...

- Thomas, je suis une idiote. Je t'avoue que... Que je savais, un peu, qu'il allait se passer un truc du genre, commençai-je en sentant ma voix trembler.

Il se tient droit, et m'écoute avec attention. Je suis persuadé que son cœur est en train de sonner l'alerte dans sa poitrine. Une chose était sûr, c'était la fête dans la mienne.

- Je t'avoue que j'étais prête à m'enfuir en courant jusqu'à mon lit, là. Mais... C'est pas pour les raisons que tu penses.

Il reste silencieux, et tendu.

- Thomas, je ne suis pas sûre de mes sentiments pour toi, avouai-je, plus confiante cette fois. Enfin, dire ça c'est un peu bête. Je sais que je ressens quelque chose pour toi, quelque chose de fort. De très fort, je ne peux pas le nier. Tu es spécial pour moi, t'es pas n'importe qui, et... Et... Mais je ne sais pas si je suis amoureuse. Je t'aime bien ? Oui, je t'aime plus que bien. Mais tu dois savoir que j'ai... J'ai peur de m'engager.

- Ce n'est pas une demande en mariage, murmura-t-il nerveusement, les joues de nouveau rouge.

- Je sais ! Mais... Etre en couple avec quelqu'un, c'est devoir faire des efforts. C'est devoir changer pour quelqu'un, changer ses habitudes, ou sa façon d'être. Et pour le moment... J'ai envie d'être moi. Je veux profiter de ça, je veux faire la folle, crier sans qu'on me dise de me taire parce que ça dérange. Je veux pouvoir porter des chaussettes fluo avec un pantalon vert, et des pulls rouge parce que j'aime ça !

Thomas semble confus, au vue de ses sourcils froncés.

- C'est qu'une question de temps, Thomas. Je sais qu'avec toi, ça pourrait marcher. Mais je voudrais en être sûre. Parce que je me connais. Si je te tombe dans les bras, je n'en sortirai plus. Et je veux être sûre avant de me laisser tomber.

- Bobbie...

Thomas s'approche de moi, et j'ai peur de ce qu'il va me dire. J'espère ne pas l'avoir énervé ou un truc du genre. Je ne m'en remettrai pas.

- Je ne veux pas te perdre, Thomas ! m'empressai-je de dire alors en m'avançant d'un pas. Tu es important pour moi, plus que tu ne le crois, je te jure !

- Bobbie, répète-t-il en souriant, attrapant mes deux mains dans les siennes. Si c'est ça, alors ça me va. Au début, j'ai cru que je t'avais effrayé à vie, que tu ne m'aimais pas et que tu ne m'approcherais plus. Mais si c'est parce qu'il te faut du temps, je suis prêt à attendre.

Je sens mes paupières s'agrandirent. Quoi ? Il est pas en colère du tout ?

- J'avais raison en disant que t'étais différente. Et jamais, jamais je ne te demanderai de changer, Bie.

Il baisse les yeux sur nos mains, le sourire aux lèvres, et je le sens caresser le dos des miennes à l'aide de ses pouces.

- C'est ton toi actuel qui m'a attiré. C'est toi, que je veux. Pas une autre toi, c'est ce que tu es actuellement qui me fait me sentir bien, qui me fait rire tous les jours, qui... Qui me fait craquer ? finit-il part dire en riant timidement.

Putain j'vais faire une SYNCOPE.

Il relève ses yeux sombres pour me sourire tendrement. C'était un vrai sourire, et il ne pouvait pas s'empêcher de paraitre si heureux.

- J'attendrai le temps qu'il faudra. Tu vaux le coup. C'est toi que je veux. Moi, j'en suis sûr. Et quand tu le seras aussi, je serais là.

Je suis bouche bée. Je ne sais pas quoi dire en faite, il m'a clouée le bec. Il est si compréhensif, si gentil et respectueux, si patient. Thomas était une perle dans ce monde, et moi, je le faisais poireauter.

Mais ce n'était pas volontaire. Je ne peux pas changer la chose qui a grandi en moi, seul le temps pourra la faire partir. Et peut-être qu'avec le temps, Thomas m'y aidera. Je l'espérai de tout mon cœur.

- Je te veux comme tu es, Bobbie. C'est tout ce que je veux.

*

COMME 👏 TU 👏 ES 👏
AS 👏 YOU 👏 ARE 👏

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