L'envers de l'inconnu

Chapitre 08

- bonjour Miss Ashanti, vous arrivez pile à l'heure! fait-il remarquer en jetant un coup d'oeil à sa montre

Il se lève et se rapproche de moi, non sans me détailler de la tête aux pieds - et j'en fais de même.

Vêtu en costume noir, une chemise blanche et une cravate noire, comme l'autre jour ses cheveux sont soigneusement ramenés à l'arrière, lui donnant une allure ténébreuse qui met en valeur l'éclat de ses yeux.

Par la baie vitrée, le panorama est impressionnant, on peut contempler la ville jusqu'à des kilomètres. Wouah, j'en oublie presque où je suis.

Mais un soudain raclement de gorge met rapidement fin à ce moment d'égarement.

- comme je vous l'avais dis lors de notre dernière discussion, vous êtes une femme brillante et je suis sûr qu'on va bien s'entendre. Poursuit-il en souriant mystérieusement, comme s'il savoure quelque chose connu de lui seul.

- je l'espère. Dis-je simplement

- j'en suis certain ! tranche-t-il de sa voix grave, ce qui m'arrache un hoquet de surprise

- bien... venez que je vous montre votre bureau.

Le moins qu'on puisse dire, c'est que monsieur Del Castillo est de ceux qui veillent à ce que leurs employés travaillent dans les meilleures conditions.

La pièce fait à peu près deux fois ma salle à manger et le bureau d'un design italien pourrait convenir à un dîner pour quatre personnes.

- voici une liste des personnes à qui je peux parler à tout moment. M'annonce-t-il sans remarquer mon admiration pour les lieux.

Étonnamment cette liste est très courte, ne comportant que des noms d'hommes.

Pas de petite amie ni de fiancée ? C'est bizarre !

Après la signature du contrat que j'ai pris le temps de lire et relire, je me met enfin au travail sous les directives de Flavio lui-même.

Heureusement pour moi la journée passe rapidement.

Pendant que je notais les rendez-vous importants, mon téléphone se met à sonner, m'obligeant à détourner mon attention de la paperasse.

- maman! M'écris-je

- bonjour ma chérie. Comment vas tu? je sais que tu es occupée mais je n'ai pas pu résister à l'envie de t'appeler. Alors ce premier jour de travail ? Enchaîne-t-elle avec un enthousiasme mal dissimulé

- tout se passe bien maman, ne t'inquiète pas. Pourquoi tu ne me rappelle pas ce soir, comme ça on pourra discuter tranquillement !?

- d'accord, à ce soir alors ! Prend soin de toi.

Je retire à peine le téléphone de mon oreille, qu'une silhouette masculine fait brusquement irruption dans mon champs de vision;

Miséricorde !

Il s'en fallait de peu pour que je hurle.

-bonjour, je t'ai fait peur? Désolé ! Je suis Frédéric, mais tout le monde m'appelle Fred.

- Laila, réponds-je mal à l'aise, enchantée Fred !

Un homme noir plutôt grand de taille, baraqué, élégamment vêtu.

Il m'a l'air sympathique.

- heureux de faire ta connaissance. J'espère que ton premier jour parmi nous se déroule bien !

- jusque là, je n'ai pas à me plaindre.

- génial ! Je suis venu t'apporter ton badge.

- merci Fred, c'est gentil !

Il me fait un clin d'oeil avant de prendre congé.

En soirée, je range mes affaires à la hâte, non sans être éblouie par la vue de nuit à travers les vitres.

De : Flavio Del Castillo
Objet : heure tardive
À : Laila Ashanti

Vous ne devriez pas travailler jusqu'à cette heure.

De : Laila Ashanti
Objet : départ
À : Flavio Del Castillo

Je m'apprêtais à partir.

De : Flavio Del Castillo
Objet : transport
À : Laila Ashanti

Voulez-vous que j'appelle un taxi?

De : Laila Ashanti
Objet : refus
À : Flavio Del Castillo

pas la peine Monsieur, j'ai ma voiture. Mais merci quand même.

Je me déconnecte sans attendre de réponse, puis j'éteins l'appareil, pressée de retrouver mon lit douillet...

- tu en as mis du temps ! Entend-je lorsque j'ouvre la porte de mon appartement

Aurora me tend des cartons de pizza que je dépose sur la table à manger.

Je meurs de faim !

- cette journée a été longue, j'avais juste hâte qu'elle se termine. Avoue-je en ôtant ma veste

- vraiment ? Tu ne voulais pas plutôt rester avec ton jeune et beau patron ?

Je roule des yeux,

- combien de fois vais-je devoir te répéter d'arrêter !?

- ne prend pas cet air. Tu es au courant que tôt ou tard tu devras refaire ta vie avec un homme ?

- oui je sais, mais ça c'est dans un futur très lointain et certainement pas avec monsieur Del Castillo !

Tout ce qui compte pour moi désormais c'est mon enfant et ce travail qui me permettra de subvenir à ses besoins.