Boulettes en 3 variantes

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Mais ma mère ignorait alors qu'elle attendait un bébé. Contre l'avis de tous, et surtout de mon grand-père qui s'était pris d'affection pour mon père, elle refusa de le prévenir et rien n'aurait changé si elle n'était pas morte lors d'une coulée de boue gigantesque qui décima des dizaines de villages alentour quand j'avais 4 ans. Mon grand-père contacta alors mon père qui fit tout pour me ramener avec lui. Mais il ne me coupa pas de mes racines et chaque année je retournai au Brésil, chez mes grand-parents, pour les grandes vacances. Mon père m'accompagnait autant qu'il le pouvait, se raccrochant ainsi un peu avec désespoir au souvenir de ma mère. Eté après été, je retrouvai alors toute ma famille maternelle, ainsi que Thiago qui vivait toujours là avec sa mère. Notre amitié ne souffrait pas de l'éloignement. Au contraire, plus on grandissait, plus elle me semblait plus vivace, comme un rocher, toujours plus gros, toujours plus dur, auquel je venais me raccrocher plus fermement chaque année. Plus d'une fois nous avons supplié sa mère de le laisser venir avec nous en France, mais immanquablement elle refusait, s'enfermant alors systématiquement, et pour plusieurs semaines, dans un mutisme complet qui nous laissait perplexe Thiago et moi.

Quand l'histoire avec Sandro a mal tourné, je n'ai pas réfléchi plus que ça, et suis partie rejoindre ma famille au Brésil. J'avais besoin de mettre autant de kilomètres que possible entre lui et moi, tout en retrouvant le soutien indéfectible de mon meilleur ami. Il n'avait jamais aimé Sandro et j'avais cru bêtement que c'était de la jalousie de sa part. Il avait juste été plus perspicace que moi, même s'il ne l'avait jamais rencontré. Je soupçonne cependant mon père de lui avoir taillé un costard ou deux lorsqu'il avait Thiago au téléphone ...

Bref. Mes grands parents étaient morts l'année précédente, et la perspective d'habiter seule leur maison pleine de souvenirs était inenvisageable. Alors je suis allée vivre chez Thiago à Salvador. Armé de sa cape de meilleur ami, il me concocta un programme aux petits oignons pour me changer les idées et me remettre d'aplomb, physiquement et émotionnellement. Mais le soleil, la chaleur, la musique, la promiscuité et le besoin physique de réconfort eurent raison des contours flous et fragiles de notre amitié.
Et ce qui devait arriver arriva.

Pendu à ses lèvres, je ne pipai mot, même lorsqu'elle se leva pour se diriger très naturellement vers la cuisine, nos verres vides depuis longtemps dans les mains. Je la regardai avec fascination, et en silence, s'affairer en maîtresse des lieux dans cet espace qu'elle ne connaissait pourtant pas deux heures plus tôt et commençai étrangement à développer des pensées qui allaient avec : "Était-elle plutôt thé ou café au petit-déjeuner?" "Aimait-elle ma déco ?" "Est-ce que le plan de travail était à la bonne hauteur pour la prendre entre la poire et le fromage ? " "Quel était son fromage préféré d'ailleurs ? " ...

Les yeux scotchés sur le bois massif qui m'appelait à la débauche, je ne réalisai que Lise avait quitté la cuisine qu'en sentant le canapé s'affaisser près de moi et un verre plein apparaître miraculeusement dans ma main. Pourtant Lise ne semblait pas m'avoir grillé à divaguer puisqu'elle enchaîna sans même avoir touché à sa boisson.

- Je vais t'épargner le reste de mon séjour car je ne pense pas que tu aies vraiment envie de tout savoir.

Sage précaution en effet ...

- Sache seulement que Thiago a su me faire aimer mon corps pour la première fois et découvrir que le sexe n'était pas toujours violent et brutal. Qu'il pouvait l'être si c'était l'envie du moment, mais que la tendresse, la douceur et la patience pouvaient être tout aussi appréciables. Qu'il ne fallait rien se refuser ou s'interdire si la personne avec laquelle nous étions partageait les mêmes envies.

J'étais mitigé. 

Son résumé sibyllin déclenchait finalement plus de questions qu'il n'apportait de réponses et mon cerveau se mit à turbiner à 8 000. Trop de scénarios scabreux me traversaient l'esprit à cause de son satané "rien se refuser ou s'interdire" ...

Puissance 1 000 (Terminée)Where stories live. Discover now