Echappatoire

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(LISE)

Un bruit me réveille en sursaut.

J'ouvre les yeux d'un coup mais reste bloquée sur le plafond.

Je ne comprends pas pourquoi la fissure a disparu.

Elle est là depuis toujours, enfin du moins depuis que j'ai pris cet appart avec Zoé il y a 3 ans. Et là, pffuitttt, plus de fissure. 

Je laisse mes yeux se promener sur le plafond blanc.

A bien y regarder, il n'y a pas que la disparition de la fissure qui est bizarre. Le plafond lui-même a l'air différent, beaucoup plus grand en fait.

Ma crise de panique m'a laissé des séquelles on dirait. D'un autre côté elle était tellement forte par rapport aux autres. J'ai un truc qui a dû griller là-haut. Le Dr Dubreuil m'a dit que ça pourrait arriver. Cash. Sans fioriture. Mais j'avais préféré savoir.

Donc ça y est, j'ai officiellement un pète au casque...

Bien, bien ...

Ou pas ...

Car à bien y regarder, y a autre chose qui ne va pas.

Ce plafond n'est pas le mien. Et cette chambre n'est pas la mienne. Gloups. Ce n'est pas la chambre de Zoé non plus. Ni celle de Nathan. Les 3 seules que je connaisse à Paris.

Je me redresse d'un coup.

J'y suis ! Je dois être dans une chambre d'hôtel. On a dû m'y déposer quand je me suis évanouie au gala de charité. Oui c'est ça. Forcément. Un hôtel super chic à en juger par la déco.

Je m'assois sur le bord du lit.

Ouille ça tourne.

Une méchante impression de gueule de bois, mais sans avoir picolé. La gerbe sans l'ivresse, la loose.

Je cherche un indice sur l'hôtel dans lequel je me trouve, mais je ne vois rien. Aucun crayon estampillé, aucun dépliant touristique, aucune carte de room service où le moindre snack coûterait un salaire. Même pas de mini bar ... Nul cet hôtel en fait !

Je me retrouve devant un miroir. Minute de silence. Bon bah j'y reviendrai plus tard, pas la peine de se faire tant de mal au réveil.

En tout cas, le personnel est prévenant, quelqu'un a accroché ma robe sur un cintre et m'a mis un pyjama hyper sexy avant de me coucher. J'évite de me demander quelles fesses ont été recouvertes par ce minuscule bout de tissu avant moi.

J'ouvre une porte et trouve la salle de bain. Parfait. Une brosse à dent neuve attend son nouveau propriétaire dans un verre. Hello youuuuuuuuuuu !

De retour dans la chambre, je découvre à côté de ma robe de soirée une autre robe, noire cette fois, toute simple mais ravissante, des sous-vêtements coordonnés et une paire de ballerines posés sur une chaise. Vraiment très prévenant ce personnel. Trop peut-être. C'est quand même étrange. J'ai jamais dormi dans un hôtel de luxe mais je doute que ce soit une prestation classique.

Des voix me parviennent derrière la porte. Je l'entrouvre discrètement et glisse un œil. Alex est debout devant un canapé en grande conversation avec Nathan.

Euh c'est quoi cette embrouille ? Qu'est-ce qu'ils font dans ma chambre d'hôtel ... ?

Massage des tempes. Réflexion intense. Révélation.

OH MY GOD.

Je ne suis pas à l'hôtel

Je suis chez Lui

Peut-être même dans sa chambre ...

Vite une idée de génie. Maintenant !

Je saute dans les fringues, chausse les ballerines, attrape mon téléphone qui était posé sur la table de nuit, et ouvre la fenêtre. Mon cerveau analyse les infos : 2ème étage - Gouttière - Jardin en bas.

Je bénis mes étés d'enfant à la campagne où je faisais les 400 coups dans les bois, à grimper aux arbres.

Je m'accroche au tuyau qui bouge sous mon poids et après quelques glissades, je saute. Bon, j'étais plus agile avec 40 cm et 15 ans de moins. Mais pas de casse cette fois.

Je trouve une porte d'immeuble, l'ouvre et la referme aussitôt.

Des photographes sont là. Beaucoup. Trop. Des flashs de la soirée commencent à me revenir.

Respire Lise, respire.

Je retourne dans le jardin pour voir s'il n'y a pas une autre porte.

Yes ! Sûrement l'entrée de service. Cette fois-ci, pas de charognard planqué derrière. Il faut que je m'éloigne vite. Je sors mon téléphone pour me localiser et commande un Uber. Quelle idée de génie ce site quand même. Même sans le sou et larguée je ne sais où, je vais pouvoir rentrer chez moi en toute discrétion. Et sitôt dit, sitôt fait, à peine 2 minutes plus tard je suis à l'abri dans une voiture aux vitres teintées.

De retour dans mon appartement grâce à la clé de secours planquée dans une latte amovible et secrète des parties communes, je me précipite dans ma chambre. Je sais que j'ai peu de temps avant qu'ils ne viennent me chercher ici.

J'attrape mon plus gros sac, y jette des fringues au hasard et une paire de converse, file dans la salle de bain me faire une trousse de toilette à la va vite et l'envoie valser dans le sac. Mon ordi portable, un chargeur iPhone et un casque rejoignent le tout. Je décroche d'une patère un sac à main. Reste plus qu'à sortir de sa planque mon petit bas de laine qui après plusieurs années à s'engraisser doucement pourrait presque acheter à lui tout seul cet appart, mon passeport que je ne sors que pour les grandes occasions et mes lunettes de soleil.

Je suis prête.

En 4 minutes je suis devenue une fugitive de ma propre vie.

Je claque la porte sans regarder derrière moi, remets la clé dans sa cachette et dévale l'escalier.


Puissance 1 000 (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant