... Réaction

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Silence de Zoé. Pas bon signe. Ca veut dire que ça cogite fort là-haut.

- Lise, tu me dis que cet Alex Miller la juste devant nous, LE Alex Miller qui s'est tapé plus de meufs que le bottin contient de noms, c'est le même mec que ton boss autoritaire et méprisant, qui t'exploite 70 heures par semaine et te prend pour son esclave ?

- Zoé t'exagère un peu

- Le défends par Lise ! Ça fait des mois que t'es pas sortie tellement t'es fatiguée à bosser pour lui comme une forcenée

- S'il te plaît Zoé, arrête

- Bon ok, t'as raison, il te gâche toutes tes journées, il va pas en plus te pourrir cette soirée. On en a rien à foutre de lui, TU n'en as rien à foutre de lui ce soir, ok ?

- Ok ...

- Cool, bon, avale ce Mojito cul sec !

Je me fais pas prier, je sais que dans moins d'une minute, grâce au pouvoir de l'alcool, je me sentirai beaucoup plus légère.

- On y retourne ?

- C'est parti !

Heureusement, tout le monde a repris ses occupations entre temps. Plus personne ne nous regarde, à part Alex qui me fixe avec insistance.

- Désolées pour notre fuite tout à l'heure, une urgence de fille à régler. Bonjour moi c'est Zoé, et voici Lise

Je serre des mains dans tous les sens jusqu'à ce que j'arrive à lui. C'est vraiment trop bizarre, alors je me contente d'un signe de tête

- Monsieur Miller ...

- Mademoiselle Caminsky ...

Je ne m'attarde pas et suis Zoé sur la piste.

Quand j'arrive en bas, je vois qu'il ne m'a pas lâchée du regard, et s'est accoudé à la mezzanine. Alors je retourne dans ma bulle. Le mojito m'a fait du bien, je me sens libérée de mon angoisse habituelle, de ma sagesse légendaire, de ma transparence. Et plus que tout, je me sens sexy, désirable, comme je ne l'ai jamais ressenti.

Mon corps se met à onduler au rythme de la musique qui s'est faite sensuelle et lancinante. Je laisse ma tête se pencher un peu en arrière et entre-ouvre la bouche pour laisser passer les paroles de la chanson que je connais par cœur. Ce moment d'abandon, j'en ai souvent rêvé sans jamais oser le vivre. Jusqu'à ce soir.

Je me sens tellement bien que je ne réalise pas tout de suite que des mains se sont posées sur mes hanches. Un corps accompagne le mien, bouge contre le mien. Mais je suis ailleurs. Mon esprit est loin, très loin de ma vie sage et rangée. Loin d'Alex Miller et de ses exigences sans queue ni tête. Loin de cette vie de célibat et d'abstinence qui s'est imposée à moi depuis un an.

Les mains sur mes hanches se font plus insistantes, je sens un souffle dans mon cou, des lèvres sur ma peau. Quelque chose de dur appuie sur mes fesses, et quand je réalise ce qui m'arrive, je me mets à paniquer. Je n'arrive pas à me libérer de son emprise, il me tient trop serrée. Je lève les yeux à la recherche d'une échappatoire quand je vois Alex me fixer à 2 mètres de moi. Il a l'air furieux. Et merde, en plus de me faire tripoter comme une fille facile habillée en pute, je vais me faire virer. Génial.

- Barre-toi connard.

Sa voix grave et menaçante m'arrache à mes élucubrations. Les mains se décollent tout de suite de mes hanches et je me retourne vers celui qui me plaquait contre lui encore 5 secondes plus tôt. C'est de la peur que je lis sur son visage et il ne demande pas son reste pour déguerpir.

Alex se plante devant moi.

- Je m'en sortais très bien toute seule monsieur Miller

- Mais bien sûr, ricane-t-il. Si je n'étais pas intervenu, il vous aurait carrément violée sur place.

- Qu'est-ce qui vous dit que ce n'était pas ce que je voulais ? Et pourquoi me surveillez-vous d'abord, nous ne sommes pas sur votre territoire, laissez-moi tranquille !

Sans prévenir, il m'attrape par la taille et me pousse vers un coin à l'écart de la piste

Mon dos se colle contre un mur et ses deux mains se plaquent de part et d'autre de ma tête, m'empêchant de fuir. Sa main droite quitte le mur et son index vient se poser sur ma bouche. Lentement, il le fait descendre sur mon menton, dans mon cou, jusqu'à la naissance de mes seins où il s'arrête soudainement.

- Êtes-vous vraiment ce genre de fille Lise ? Le genre qu'on saute dans les chiottes d'une boite alors qu'elles sont bourrées et aguicheuses ? Le genre qui se mettent à genoux pour sucer toutes les queues qui se présentent à elle sans savoir à qui elles appartiennent ? Le genre qui se fait tringler à l'écart de la piste contre un mur sans se soucier des regards posés sur elle ?

L'affolement fait place en une fraction de seconde à la colère et ma main s'écrase aussitôt avec violence sur sa joue. Il se recule surpris et me laisse me dégager

- Effectivement je ne suis pas ce genre de fille Monsieur Miller. Mais grâce à vous et à votre tirade, j'ai juste l'impression d'en être une, du genre de celles que vous rapportez au bureau d'ailleurs. Je ne pensais pas être tombée si bas, je vous remercie de m'avoir ouvert les yeux. Sur ce, bonne soirée Monsieur Miller !

Alex m'attrape la main

- LISE !

Rester digne. Enfin tenter de le rester, ce sera déjà pas mal ! Je dégage ma main et pars sans me retourner, cours jusqu'au vestiaire autant que mes talons de 15 cm me le permettent, récupère mes affaires et saute dans le 1er taxi venu. A l'intérieur j'envoie un texto à Nathan et Zoé pour les prévenir que je rentre et pose ma tête contre la vitre. Voir la ville défiler me détend et m'aide à reprendre mes esprits.

Je sens que cette soirée vient de transformer le cours de mon existence mais j'ignore encore à quel point.

Puissance 1 000 (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant