Boulettes en 3 variantes

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Un frisson remonta rapidement mon dos et m'arracha un clin d'œil involontaire

- T'as même pas idée, bébé. Allez, ouvre grand cette jolie bouche affamée pour moi, que je te donne une bonne rasade de sentimentalisme à ma façon

Chassez le naturel ...

Ce qu'elle fit aussitôt, non sans m'avoir d'abord lancé un regard brûlant et affiché un sourire adorablement ... cochon. Maintenant franchement excité, je ratai d'un bon centimètre sa bouche et laissai s'échapper une petite goutte de sauce qui se mit à descendre lentement, très lentement, le long de son menton. Mon cerveau bugga aussitôt, associant immédiatement la coulée de tomate à un tout autre jus, beaucoup plus personnel. 

Le dîner fut plié, avant même la première bouchée.

L'image avait dû apparaître tout aussi distinctement à Lise car, avant même que je ne comprenne comment, je me retrouvai plaqué dans le fond du canapé, pantalon défait et queue en bouche. Elle avait pris d'autorité les commandes, aussi excitée que moi si je me fiais aux gémissements qui remontaient de sa gorge et à son air de félicité. A moins que ce soit le mien qui se reflétait sur son visage, allez savoir. Je prenais un pied d'enfer et elle aussi, sans le moindre doute ni pudeur inutiles. Lise savourait ses" Miller's Balls", tantôt du bout des lèvres, tantôt au creux de ses joues, mais toujours avec gourmandise et application. Sa langue bouillante titillait si bien l'objet de sa convoitise que l'affaire fut rapidement entendue et j'essuyai finalement avec dévotion une petite goutte blanche s'étant échappée de ses lèvres un instant plus tôt.

Exacerbant avec violence un instinct viscéral de propriétaire.

Après quelques minutes indispensables à la récupération laborieuse de mes trois neurones encore en vie, j'envoyai les boulettes "Premières Variations" migrer vers le micro-onde pour un réchauffage express (et une ingestion plus rapide encore) puis Lise s'attaqua enfin au gros morceau de la soirée : les boulettes " Variations N°2 "

Je me ré-installai légèrement tendu dans le canapé, ses jambes sur les miennes, ma main droite massant délicatement son pied le plus proche.

Quand elle attrapa mon regard bien au fond du sien, elle attaqua son récit

- Je connais Thiago depuis toujours. Nos mères venaient du même village près de Salvador et étaient amies, inséparables même depuis leur enfance, comme seules des amitiés nées d'un isolement social important peuvent se forger. Ana Clara, la mère de Thiago avait un an de plus que ma mère et quitta la première leur campagne pour la ville et l'université afin de suivre des études d'infirmière. Sa fac, la plus importante de tout l'État de Bahia, avait mis en place à l'époque un programme d'échanges avec plusieurs universités européennes. C'est comme ça qu'elle rencontra le père de Thiago dont elle tomba amoureuse, puis enceinte, pendant sa dernière année.  La nouvelle, plutôt imprévue, fut bien accueillie par le futur papa. Mais nettement moins par son père à lui qui débarqua un jour fou de rage à l'université et embarqua son fils de force pour le mettre dans un avion et rentrer chez eux. Ana Clara ne revit jamais ni le père ni le fils. Ni n'entendit plus parler d'eux. Elle rentra dans son village une fois son diplôme en poche, enceinte jusqu'aux dents et plutôt enragée contre les hommes en général et contre son ex-amoureux en particulier.

Deux ans plus tard, ma mère allait elle aussi s'amouracher d'un bel étranger rencontré pendant un concert. Le coup de foudre fut immédiat. Et réciproque. Mon père avait alors 41 ans, et suffisamment de maturité et de recul pour savoir qu'elle était la femme de sa vie. Ma mère était beaucoup plus jeune, naïve et un peu apeurée par leur passion dévorante qui n'était pas appelée à durer puisqu'ils vivaient chacun d'un côté de l'océan. Lui ne se démonta pas, prolongea son séjour, rencontra sa famille, ses amis, tout son village, demanda même sa main à mon grand-père qui ne se prononça pas, estimant qu'il n'avait pas à décider pour sa fille. Ma mère refusa finalement l'avenir qu'il lui offrait, paniquée à l'idée de quitter son pays et sa vie pour, peut-être, un feu de paille.
Et mon père rentra en France, dévasté et seul.

Puissance 1 000 (Terminée)Where stories live. Discover now