Fallen From Above

6

Les heures mordirent l'espace durant un temps indéfini. Et Nótt patientait, maquillant son visage de la fausse mort qu'elle utilisait pour se soigner. La vie revenait douloureusement habiter son être.

Elle sentait, en même temps que la mort fuyait son corps, la vie qui perturbait la tranquillité du château ; elle eut tôt fait de prendre conscience du reste de l'existence que refermait le lieu où elle avait échoué et qui lui restait encore inconnu. Elle recouvrait la vie du palais, celle de la ville qui l'entourait, l'eau qu'il y avait autour, les animaux qui se cachaient des vivants. Elle sentait aussi la magie qui régissait ce monde, et dont les ondes venaient mourir jusqu'à elle, comme si elle était le centre de celle-ci.

Elle essaya de tapoter ses doigts sur la table médicale où elle était allongée, pour évaluer l'avancée de la reprise de ses forces.

Sur un balcon, dans une des pièces éloignées, une étrange impression réveilla l'intérêt de Loki, qui faisait semblant d'écouter l'un des énièmes exploits de son frère, qu'il connaissait – malgré lui – par cœur. Le jeune prince leva les yeux, comme pour discerner une chose invisible, à la recherche de ce sentiment inconnu.

Une magie s'élevait à Asgard, une qu'il n'avait pas encore connue. Il allait demander « vous sentez », alors qu'il n'écoutait plus Thor parler, mais se ravisa en se souvenant que, non, ils ne sentaient pas. Ils étaient incapables de sentir, alors qu'une si douce et merveilleuse chose arrivait, lui faisant frémir les veines.

Il se leva, sans donner d'explication, pour quitter le groupe.

- Hé ! Loki ! Que fais-tu ? Tu n'attends pas la fin de l'histoire ?!

Le prince de vert vêtu hésita un instant, perdu dans ses pensées, attiré par son onde indécelable :

- Non, une chose... importante à faire, résuma-t-il avant de s'éloigner à grands pas, faisant légèrement lever sa cape dans l'air.

Le son de ses pas s'éteignirent des les oreilles des autres, et il fila droit vers un couloir vide et calme. Il fit un tour sur lui-même, curieux de connaître la source de cette onde magique : il leva sa main droite, et une très légère poussière verte s'éleva de sa paume pour stagner dans l'air. Le jeune prince attendit un instant, perché au dessus de sa brume verdâtre, presque invisible, en attendre d'un signe.

Et, en effet, cette dernière se mit soudainement à se mouvoir, pour traverser le vide devant elle, guidant Loki malgré elle. Plus il avançait vers le foyer de la force mystique, plus sa poussière accélérait dans l'espace. Il descendit de nombreux escaliers, traversa les couloirs, passa devant les gardes, ignora les nombreuses portes, avant d'arriver devant l'une d'entre elles qu'il avait passé voilà déjà quelques heures.

La poussière tapa la porte, coincée, et fut attirée vers l'interstice de la porte à travers laquelle elle disparut. Loki s'arrêta, et posa sa main sur cette dernière : il était revenu dans la Salle d'Eir.

Le fils d'Odin comprit immédiatement ; la source de cette magie était l'enfant céleste qui dormait en ce lieu. Dormait. En théorie.