Jour 155 « Un simple homme » : Vendredi 13 Février

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Jour 155 « Un simple homme » : Vendredi 13 Février

On était vendredi 13, je ne croyais pas vraiment en ces superstitions, mais bon si c'était vrai, je préférais que la journée passe vite. Je me trouvais dans le hall du lycée, je patientais en attendant que les autres finissent leurs épreuves de philosophie. Mon téléphone faisait que vibrer, je pensais que c'était l'un de mes amis qui m'appelaient, mais pas du tout. C'était ma grand-mère, la mère de mon père pour être plus précise. C'était bizarre, d'ailleurs.

« Allô, mamie ? Répondis-je.

-Bonjour ma puce. »

Elle avait une petite voix comme si elle avait pleurée, je ne sais pas ce qui se passait, mais sa voix me brisa le cœur.

« Tes épreuves se passent bien ? Reprenait-elle.

-Je... Oui, je viens de finir ma dernière épreuve. Celle de philosophie.

-Je suis contente pour toi, je suis désolée de te l'annoncer comme ça. Ta mère ne voulait pas te le dire tant que tu travaillais. Mais tu as le droit de savoir. Ton grand-père était à l'hôpital toute cette semaine, il est mort hier... »

Qu'est ce qu'elle venait de dire ? Pourquoi personne ne me prévient jamais ? Pourquoi croit-on que je suis fragile ? C'était à moi de décider. Je n'ai même pas pu le voir, une dernière fois ! J'avalais difficilement la nouvelle, je réalisais petit à petit.

« Mamie, je viendrai te voir plus tard !

-Attends... »

Je lui avais raccroché au nez sans le vouloir, mais c'était involontaire de ma part. Je ne voulais pas le faire. Je n'avais pas encore pleuré. Qu'est ce que j'attendais ? Je n'allais pas bien, comment on peut décrire la perte de quelqu'un ?

De loin, Benjamin me fit coucou. Pourquoi maintenant ? Il est toujours là. Quand je disais qu'il faisait partie intégrante de mon quotidien, je le prenais à la rigolade, mais je commence à le croire de plus en plus. Mais heureusement qu'il était là.

« Alors, comment tu vas ? »

Pourquoi tu m'as demandé ça, Benjamin ? J'explosais en sanglot. J'avais l'air bête, une fois de plus. Mais maintenant, il devait en avoir l'habitude. J'ai fait une chose qu'en temps normal, je n'aurai pas faite. Je me mis à le serrer fort. J'avais besoin d'affection à ce moment-là, je me cachais dans son t-shirt. Je ne voulais pas qu'il me voie comme ça.

« Bleuenn, qu'est-ce qu'il t'arrive ? »

Je n'avais pas la force de lui raconter, j'étais restée là à pleurer pendant qu'il me frottait gentiment le dos sans rien ajouter.

« Il faut que je trouve mon frère ! »

Je ne sais pas si mon frère était au courant. Mais s'il l'était, je trouvais ça injuste. L'intercours venait de commencer, je le repérais au milieu du groupe d'adolescents puérils qui lui servait d'amis. Je lui tirais le sac un peu violemment, peut-être.

« Tu fais chier Bleuenn... Bleuenn, tu as pleuré ? »

Benjamin m'avait suivi, je reniflais ma stupide morve qui tentait de dégouliner. Je lui racontais tout ce que notre grand-mère m'avait dit. Il s'essuya les larmes qui allaient fondre sur son visage. On se prit dans les bras, on pleurait tout les deux. On avait l'air, sûrement, de vrais pleurnichards, mais au moins on l'était ensemble. Quand l'intercours fut finit, il dut rejoindre sa classe.

« Bleuenn, tu devrais rentrer chez toi pour le moment, me conseilla Benjamin attristé par la situation. »

L'ancien monde de BleuennOù les histoires vivent. Découvrez maintenant