Chapitre 47: Life.

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Pdv: Omniscient.

  Les médecins arrivent rapidement après avoir entendu l'alarme annonçant le décès d'Alex. Quand ils entrent dans la chambre, hâtés par le stress, ils y trouvent Alyssa, au chevet du châtain, ne réalisant rien, ou du moins cachant les hurlements dans sa tête.

-Qu'est-ce que vous faites là ?! Sortez d'ici ! hurle l'un des médecins aux filles.

  Aly ne réagit pas, mais est tirée par le bras par Lydie. Alyssa voudrait protester, crier son désaccord, qu'elle ne veut pas le laisser, mais aucun son ne sort de sa bouche. Sa mâchoire est bloquée par les sanglots et refuse d'articuler quoi que ce soit de français. Lydie la tire jusqu'au couloir. Non, il est inconcevable qu'il meurt.

-Ça aurait dû marcher, répète-t-elle inlassablement, comme si elle cherchait à se convaincre elle-même.

  Sa voix est monotone. Quand à Lydie, elle ne réalise pas vraiment. Elle ne saisit rien. Cela vient-il vraiment de se produire ? Alex est-il vraiment mort sous leurs yeux, à l'instant ? On entend les docteurs s'affairer dans la pièce d'à côté, tentant tant bien que mal de ramener le châtain.

-Il faut que... il faut que tu retournes à ta chambre, chuchote Lydie. Je... c'est trop tard.

  Alyssa ne l'écoute pas. Elle sent sa cage thoracique se compresser, comme si elle voulait bloquer les battements bien trop faibles de son cœur. D'abord, c'est comme si son organe était resté dans la chambre, dans la main d'Alex, comme s'il s'était tout simplement détacher d'elle. Ensuite, c'est plutôt comme s'il ne l'avait pas quitter, mais qu'il se serrait, se tortillait.
  Lydie presse doucement son poignet entre ses petits doigts, cherchant une réaction, n'importe laquelle. Aly ne bouge pas.
  La douleur est déroutante. La jeune fille est incapable de saisir ce qu'il se passe. Son corps essaie de rejeter la souffrance. Deux univers sont alors en elle, et elle tente de les séparer.

  L'irréel, noir, ne fait pas trop mal.

  Le réel, rouge, lui donnant l'impression d'être sciée en deux , renversée par un bus, tabassée par un boxeur, jetée dans l'acide, tout ça simultanément. Le réel, c'est de sentir le sol se dérober sous ses pieds sans pouvoir s'en extirper à temps.

  Déchirure. Brisure. Fulgurance de la douleur.

  Ses genoux, comme ses doigts, tremblent d'un frémissement douloureux lui aussi. Si elle tient debout, c'est uniquement parce que Lydie tient toujours fermement son bras.

-Je dois prendre l'air, dit Alyssa d'une voix que seule Lydie est en capacité de percevoir tant elle est basse.

  Sa cage thoracique, compressée, l'empêche de respirer convenablement. Elle s'arrache à l'emprise d'une Lydie décontenancée par la situation, et se rue vers la sortie de l'hôpital, son portable en poche, ses jambes flageolantes. Une fois dehors, elle respire le plus profondément du monde. Lydie la suit, inquiète pour son amie. Elle la sait plus atteinte, c'est Alyssa qui était la plus proche d'Alex. Mais cette dernière serre les poings, et ne montre déjà plus aucune tristesse. Elle l'a remplacée par un regard haineux, noir, perdu dans le vide. Elle dit d'une voix calme mais stricte:

-Je vais rassembler mes affaires et partir. J'ai besoin d'être seule quelques heures, quelques jours. Ouais, être seule.

-Tu sais que si tu choisis de te la faire à l'anglaise ou de signer ta décharge sans l'autorisation du médecin, ils te retrouverons ? l'averti Lydie.

-Il s'en tapent comme de l'an quarante de si je pars ou non. Et quand bien même ça les dérangerait, c'est moi qui m'en tape.

Lydie soupire en silence, attristée. Alyssa ne réagira donc jamais de façon normale... Elle devrait être effondrée, hurler et même plus que cela, et la voilà calme, comme si elle gardait encore le contrôle. Comme si rien ne pouvait plus l'atteindre. Elle se met à marcher droit devant elle, dans le besoin de se vider la tête. Elle n'a rien laissé paraître depuis qu'elles sont sorties de la chambre, mais son martyr reste le même. L'irréel et le réel s'affrontent dans un combat sans merci dans sa tête, lui donnant une migraine poignante. Elle marche sans vraiment faire attention à où ses pas la mèneront. Qu'est-ce qu'elle s'en fout de l'endroit où elle va, du moment que c'est plus loin. Plus loin de cet hôpital.
  Elle arrive devant un parc. Lui et la rue sont délimités par un portail haut comme deux cabanes superposées. Par chance, celle-ci est ouverte, étant en pleine journée.
Ne trouvant pas de banc libre, Aly s'installe sur un où y est déjà une vieille femme. Une fois assise, la châtain respire profondément. Ok, et qu'est-ce qu'elle va faire, maintenant ? Venger la mort d'Alex ? D'accord, mais le venger de qui exactement ? Va-t-elle s'en prendre au conducteur qui les a heurté ? Aux médecins ? Non, c'est idiot. Elle ne peut rien faire, et le pire, c'est qu'elle en a pleine conscience. Alors que va-t-elle faire ? Rien, sans-doute.

Et pourtant, à quelques centaines de mètres du parc seulement... c'est arrivé.

"Le bonheur ? J'avais aucune foutue idée de ce que c'était avant ça. Aucune."

***
Bientôt 20k omgggggggg j'y crois pas!!! Vous êtes les meilleurs merci mille fois pour tout❤️ c'est con mais vos commentaires me font souvent rire (et dieu sait à quel point j'aime rire), sourire, m'aident, fin vous êtes les meilleurs cherchez pas👌🏻❤️ merci merci merci

Cinq pouvoirs, cinq destinsWhere stories live. Discover now