Cinq pouvoirs, cinq destins

Chapitre 43: I miss her...

-Qu'est-ce qu'elle me manque... soufflé-je.

  Alex passe une main dans mes cheveux.

-Elle manque à tout le monde... répond-il contre ma chevelure.

  Je ne cesse de penser à Mélissa. Je m'en veux tellement, tellement. Tout ça, c'est ma faute. Depuis hier soir, j'y pense encore plus qu'avant. Parce que maintenant, je cache quelque chose: il n'y a pas que mes souvenirs d'Alex qui me sont revenus en l'embrassant. Mais je ne lui mens pas vraiment, j'essaie juste de le protéger. Le protéger de moi, plus que quiconque. J'ose espérer qu'il ne remarque rien. Si ça arrivait, je crois déjà connaître la suite: il va me détester. Il est temps de la jouer fine, quitte à tout perdre s'il l'apprenait. Si je lui disais, il serait à coup sûr en danger de mort. Je ne veux pas prendre le risque de le perdre, lui aussi.

  Mes parents travaillent aujourd'hui. Ils m'ont juste souhaité un bon anniversaire avant de partir ce matin, tartine en main. Je suis censée être en cours. Alex aussi. Cet idiot a réussi, je ne sais par quel miracle, à me clouer au lit toute la matinée, soi-disant parce qu'on ne passe jamais sa journée d'anniversaire à courir dans les couloirs bondés d'un lycée. Excuse bidon pour me faire sécher.

-Qu'est-ce que tu veux faire aujourd'hui ?

  Je fronce les sourcils.

-La journée est déjà bien avancée, on va pas avoir le temps de faire grand chose, baillé-je.

Il lève la tête de mes cheveux et me regarde le plus sérieusement du monde. Il se tait un instant, puis se lève, sous mon regard interrogateur. Il attrape ensuite mon poignet, laisse échapper un "suis-moi" et me contraint de le suivre jusqu'en bas. Nous sortons. Je suis toujours prisonnière de sa poigne quand il ouvre la portière côté passager et m'insigne d'y entrer. J'obéis sans broncher et il prend place derrière le volant, sans un mot. Je boucle ma ceinture à tâtons, en le regardant d'un air interrogateur. Un sourire en coin fend son visage.

-On va où ? dis-je alors qu'il met le contact.

-A un endroit idéal pour fêter ton anniversaire.

  Je rie nerveusement.

-Si tu le dis.

  Dans quoi me suis-je encore laissée embarqué, au juste ? Je suis à la fois stressée et impatiente. Mais peu importe l'endroit, je suis prête à rester n'importe où, si c'est en compagnie de ces beaux yeux là.

  Le trajet ne se fait pas sans rire. Je liste tous les endroits probables où Alex est susceptible de m'amener. Il nie tout, catégoriquement. Je n'adore pas les surprises, je préfère avoir le contrôle sur chaque détail, aussi insignifiant soit-il. C'est pour ça que le brun me chamboule tant: il est comme moi. Avec l'assurance nécessaire pour me faire craquer à chaque requête.

  Nous arrivons devant ledit endroit. Je me retiens de crier de joie, de peur de faire fuir Alex (ainsi que ses tympans). Un parc d'attractions. Mais pas n'importe quel parc d'attractions: Disneyland. C'est vrai qu'habiter à une demi heure du parc, ça aide. Mais je n'y vais jamais, à cause du prix trop élevé. je trépigne d'impatience. Mon âme d'enfant s'est réveillée.

20 minutes plus tard, dans le parc.

  Je ne suis pas venue ici depuis longtemps. La dernière fois, je n'étais qu'une enfant. Revenir ici avec Alex promet d'être magique. Il est midi. Pendant le repas, j'analyserai le plan du parc, afin de mémoriser quelques attraction. L'avantage à venir un lundi de période scolaire, c'est que le parc est vide. A part quelques parents avec leurs enfants qui loupent donc l'école, et autres exceptions. A nous les manèges et les sensations fortes !

Une demi heure plus tard, après avoir mangé des sandwiches.

-Il est évidemment hors de question que je monte dans un carrousel, me prévient Alex.

  J'affiche un air triste avec un regard qui l'est encore plus, avec une pincée d'ironie.

-Oh non... tu viens de détruire mes rêves là... A la place, continué-je avec un sourire grandissant, tu vas devoir monter dans le train de la mine avec moi.

  Il semble ne pas comprendre. Je montre du doigt une montagne.

-ça ! (voir média)

  Nous faisons donc le train de la mine, la maison des poupées, la voiture de toy story, et tout un tas d'autres attractions comme Indiana Jones, jusqu'à ce qu'Alex en aie mal au ventre. J'ai moi-même la tête qui tourne en sortant de certaines attraction, mais rien ne m'empêche de me moquer ouvertement de lui. J'ai gagné en âge, pas en maturité. Nous tombons raides morts sur le premier banc disponible. Malgré la fatigue d'avoir couru dans tout le parc, je me sens bien. Sans-doute que sa présence y est pour quelque chose. Le souffle court, il lève son poignet à ses yeux et regarde l'heure sur sa montre.

-Il est 18h... à quelle heure rentrent tes parents ?

-Pour mon anniversaire, en général ils sont à la maison pour 19h, soufflé-je. On en fait une dernière ?

  Je n'ai aucune envie que cette journée s'arrête. On a pris des photos devant le château, et tout un tas d'endroits merveilleux. Pas une fois mes problèmes ne m'ont parût importants, aujourd'hui. Alex semble hésiter quant à ma requête, mais finit par céder. C'est là que j'aurais voulu que la file d'attente dure des heures, et pas quelques secondes. Parce qu'une fois l'attraction faite, nous nous dirigeons déjà vers la sortie. Nous prenons une dernière et énième photo, et partons avec mille et un souvenirs.

"J'espère que tu as bien profité de cette journée, Aly. C'était ta dernière"