Chapitre 34: Just right here...

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-Tu veux quoi, au juste ? je dis.

Tous les jours, le garçon qui dit s'appeler Alex vient chez moi. Mes parents le laissent entrer malgré que je leur ai interdit. Ce gars me fait peur. Tout ce qu'il dit sonne faux dans ma tête. Mes parents disent que cela fait plusieurs mois que je le connais, mais ce n'est pas ce dont je me souviens. Mais aujourd'hui, j'ai envie de l'écouter. Je l'ai invité dans ma chambre, à la recherche de réponses à mes questions. Des milliers de questions pourtant sans importances qui me torturent l'esprit.

-Tout ce que je veux, c'est que tu te souviennes.

Il dit ces mots comme si c'était évident. Coudes sur mes cuisses, je laisse tomber ma tête dans mes mains. Il s'assoit à côté de moi sur mon petit lit une place. Je lève la tête de mes paumes et le regarde, avec, je l'avoue, un petite idée derrière la tête.

-Alors, d'après toi, de quoi je devrais me souvenir ?

Il répond du tac au tac.

-Oh, je sais pas... sans-doute du fait que, toi et moi, on est des âmes-sœurs ?

-Et comment tu me prouves ça ? je m'esclaffe.

Même si je sais que ce qu'il va me répondre est bidon, j'aime bien l'entendre parler.

-Ça fait quatre mois que je te connais et, crois-moi, je te connais par cœur, Alyssa.

J'affiche un sourire en coin.

-Je t'écoute. Balance tout ce que tu sais sur moi.

Je sais qu'il ment, il ne me connait pas. Il va dire des absurdités mémorables, je le virerais de chez moi, et il arrêtera enfin de venir.

-Ça risque d'être long, soupire-t-il. Alors je sais que... tu aimes l'odeur de mon shampoing.

Il penche sa tête vers moi, et je me retrouve à sentir ses cheveux. Putain, c'est vrai que j'adore ça ! Je me retire rapidement et cherche une excuse.

-Coup de chance. Quoi d'autre ?

-Je sais que tu es toujours restée seule, tu n'as jamais voulu d'amis parce que tu n'imaginais pas une seconde que quelqu'un puisse vouloir être avec toi. Quand quelqu'un vient te parler et essaie de te connaître, tu abrèges la conversation, de peur de t'attacher et qu'on joue avec toi. Je sais aussi que tu n'es pas vraiment une intello. Et tu sais pourquoi ? *je secoue la tête* Tout le monde pense que tu passes tes heures libres à la bibliothèque pour lire ou réviser. Mais moi je sais que tu vas entre deux rangées de livres pour te cacher et pleurer, car c'est le seul endroit où personne ne te remarque. Parfois même, dans la cours, tu soutiens un livre devant ton visage pour cacher les larmes qui dévalent tes joues, parce que tu ne peux pas les retenir. Aussi, tu joues au foot pour transférer toute ta peine et ta rage dans le sport. Et je sais que tout à changé depuis quatre mois. Depuis que tu nous connais, tu vas mieux.

J'en reste bouche bée. Ça ne peut pas être un coup de chance, il a tout bon, sur toute la ligne.

-C-comment tu sais tout ça ? je bégaie.

La pensée de ce qu'il sait sur moi, je sens les larmes me monter aux yeux.

-La honte, je dis en replongeant ma tête dans mes paumes.

Je sens qu'il passe son bras autours de moi.

-Ehhh princesse... t'as pas à avoir honte avec moi...

-Je me souviens même pas de toi, comment tu veux que je sois bien à l'idée que tu en saches autant sur moi ?

-Lève la tête et regarde moi.

Je lui obéis et plonge dans son regard de braise, après avoir ravalé mes larmes.

-On est liés, p'tit génie.

Je m'apprête à sourire, sans savoir pourquoi, mais il le remarque et me coupe.

-Attend ! C'est mon point suivant. Quand tu souris, t'as une petite fossette, juste...là.

Son pouce se pose vers mes lèvres. Cette fois, je souris vraiment, et lui aussi. La proximité de nos lèvres me déstabilise un moment. J'en oublie de respirer. Il retire son doigt, apparemment satisfait du petit effet qu'il a produit.

-Alors ? Convaincue ? sourit-il.

-Je veux bien te croire sur ce point-là, j'acquiesce. Mais ça ne veut pas dire que je me souviens, et je ne te fais pas confiance pour autant. 

  Je me lève, me défaisant par la même occasion de l'emprise qu'a son regard sur moi. On toque à ma porte. Je parie que c'est ma mère qui vient voir comment ça se passe.

-Oui ?

  En effet, la porte s'ouvre sur ma mère, hésitante.

-Tout va bien, les jeunes ? Vous êtes tellement calmes que j'ai eu peur d'en retrouver un mort.

  Du coin de l'œil, je remarque qu'Alex adresse un clin d'œil complice à ma génitrice. Et si c'était elle qui lui avait dit tout ça sur moi ? Ça m'étonnerait, puisqu'elle n'est pas au courant de la phase de dépression que j'ai eu pendant presque un an... il faut dire que je suis plutôt douée en ce qui concerne de cacher mes sentiments.

-On discute juste, je finis pas dire.

-Je vois ça... j'ai fait des cookies, vous en voulez ?

  Alex s'illumine.

-Des cookies ?? il répète.

  Il est limite là à tirer la langue en bavant. Je trouve ça à la fois marrant et mignon. Mais je n'oublie pas que, même si il dit vrai et qu'il est mon "âme-sœur", ou un truc du genre, je ne dois pas me laisser attendrir par ses beaux yeux et me concentrer sur mon vrai problème: comment j'ai pu oublier quatre mois de ma vie, et comme par hasard à partir du moment où je l'ai rencontré ? Ma mère sort de ma chambre, tout sourire, suivie de près par Alex, et par moi un peu plus loin. Il gobe quelques biscuits sous mon regard attentif. Je passe au scanner chaque partie de son visage, assise en fasse de lui à la table ronde de la cuisine.

-Tu devrais l'emmener à la maison. Le docteur a dit que des lieux, des visages, des odeurs ou des voix familières peuvent stimuler sa mémoire, intervient ma mère, la main en appuie sur le plan de travail.

-A la maison ? Quelle maison ? je questionne.

-Tu vas vite le savoir, puisque je t'y conduis tout de suite, conclut Alex en avalant son dernier morceau de cookie.

***

  C'est bizarre. Cet endroit me dit vaguement quelque chose. C'est une maison de forme basique, d'un blanc visiblement abîmé par le temps. L'endroit est d'abord entouré de petits gravillons d'un mélange jaune orange, puis des champs colorés de dizaines de teintes de verts différents, s'étendent à perte de vue. J'ignorais qu'une maison aussi isolée de la ville existait si près, à à peine quinze minutes de voiture de chez moi. Alex gare sa voiture sur les petits cailloux, avant de descendre. Je l'imite et admire la grande maison. Bien qu'elle mériterait un rafraîchissement au niveau de sa couleur, elle garde un charme incontestable.

-Allons dire bonjour à la reine des neiges, dame nature, et la meilleure pour la fin... pikachu, lance Alex.

Cinq pouvoirs, cinq destinsWhere stories live. Discover now