Chapitre 3

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Élina

La torture était une chose que je n'avais jamais connue auparavant. Du moins, de la torture qui n'en était pas vraiment.

J'avais compris les intentions de la confrérie des anciens. Je comprenais parfaitement leurs raisons. Je savais qu'ils croyaient faire ce qu'il fallait. Le truc c'est que je n'adhérais vraiment pas à leur technique.

En quoi m'arracher une partie de chaque parcelle de mon corps pourrait être considéré comme étant bien ?

Mes pleurs et mes cris ne leurs faisaient donc rien ? Est-ce qu'ils m'entendaient seulement ? J'avais l'impression d'être seule dans la pièce, alors qu'ils étaient plusieurs à me regarder souffrir le martyre. Les prélèvements s'accumulaient dans les contenants.

Je m'étais senti partir plusieurs fois, mais à chaque fois, je sentais qu'on pesait sur mon esprit. Les anciens m'empêchaient de m'endormir.

Il avait besoin que je sois consciente. C'était complètement taré. Comment pouvait-on faire subir de telles choses à quelqu'un alors qu'il était éveillé ?

Je sentais le scalpel m'entailler la peau. Je sentais les doigts de l'homme en blouse blanche pénétrer ma peau pour en retirer l'échantillon cherché. Je me sentais comme un cadavre qu'on dépouillait de tous ses organes.

Lorsque je perdais trop de sang, je sentais les piqûres. Je guérissais rapidement par la suite. Je crois que c'était du sang de vampire qu'ils m'injectaient. Les plaies se refermaient toutes les unes après les autres, mais je ne les oubliai pas pour autant. Je les sentais toujours. Je les avais marqués au fer rouge sur tout le corps. Chaque plaie, chaque ecchymose. Je m'en souviendrais.

Lorsque je commençais à tressauter, ils me laissaient quelques heures de répit. Je les attendais se parler, se dire qu'il était préférable d'y aller petit à petit pour ne pas me perdre complètement.

Ils ne comprenaient pas qu'ils avaient déjà commencé à me perdre.

Dans ces moments-là, je me perdais à l'intérieur de moi-même. Je voulais dormir, mais je ne pouvais pas. Mon corps était faible et mutilé.

La torture physique n'était rien. La preuve, à la troisième journée, je ne criais plus. Mes larmes s'étaient tus. Je les laissais simplement s'activer autour de moi. Sans me débattre. Sans réagir.

Je failli m'évanouir une fois, mais la femme qui m'avait parlé quelques jours plus tôt m'avait massé durement le sternum de ses jointures. Ma poitrine me brûlait, mais elle avait réussi à me maintenir éveillée.

C'était ma santé mentale qui risquait de subir le plus de dommages. Je tentais de me dire que je n'étais pas celle qui subissait tous ces tests, que je n'étais pas vraiment ici. J'essayai de me détacher de mon corps, mais je craignais de me perdre moi-même. Je m'accrochais toujours, parce que je ne voulais pas mourir. Pas pour eux.

Puis, ça s'arrêta. Il n'y eut plus de douleur, plus de bruits métalliques et plus de sons. Il n'y eut que le froid de la pièce et ma simple personne.

J'expirai lentement et profondément. Je pouvais enfin respirer sans aide.

***

J'ouvris les yeux. Je restai immobile, les yeux fixé au plafond. Je n'étais plus dans la même pièce. Mon regard parcouru la pièce.

J'étais dans une autre cage.

C'était beaucoup plus petit que la pièce précédente. Je me redressai. C'était une sorte de cubicule. Il y avait un mur vitré. Des gens se trouvaient à l'extérieur de la baie vitrée. Je fronçai les sourcils. Ils portaient tous la même combinaison que moi.

The Monarque : Coeur dans la tombe (Tome 4)Where stories live. Discover now