Ardeur de passion

Chapitre 25

CE SOIR J'OUBLIE TOUT

Idrissa MENTA

Y'a un an, j'ai été diagnostiqué d'une tumeur cérébrale. Les seuls à être au courant sont Adama et Ousmane. Mes propres parents ne le savent pas. Quand je me suis marié avec Amy, il me restait entre quatre et sept mois. J'ai décidé de me laisser mourir, j'ai plus envie de vivre, j'ai laissé tomber l'existence moi. J'ai refusé toutes les chimiothérapies, les I.R.M et les médocs.

J'ai épousé Amy pour deux raisons : pour son père, c'était son dernier souhait : voir sa fille mariée et avec des enfants. Il était méfiant de quelque chose. J'avais des doutes sur le fait qu'il avait un cancer, il avait quelques symptômes identiques aux miens, j'ai compris directement mais j'ai décidé de me taire. Deuxième raison : je vais mourir, donc Amy pourra refaire sa vie. Mon but ce n'était pas de lui faire vivre un enfer comme je l'ai dit, c'était de l'aider et de me faire pardonner après ce que j'ai fait.

Son père m'a proposé de me marier avec elle, mes parents m'ont forcé à rien et j'ai accepté, tout simplement. Sinon elle serait mariée à un autre mec qu'elle ne connaît pas et vu que moi je vais m'éteindre, c'était le mieux.

Je ne me suis pas fait pardonner pour l'instant mais j'y compte, c'est ça mon objectif. Je me suis battu contre cette maladie mais j'arrive à mon terme les gars. Eh ouais ! Je ne suis pas Thor, je ne surmonte pas tout moi. J'ai donné la décision d'arrêt des soins (si je tombe dans le coma ou si je dois faire une opération avec peu de chances de réussite) à Amy.

Je pense qu'elle va savoir quoi en faire et comprendre ce que j'essaye de faire depuis longtemps. Je suis serein en plus, si c'est elle qui doit m'envoyer dans l'autre monde. Ouais la décision est difficile à prendre mais il faut qu'elle le fasse et puisqu'elle me déteste, c'est parfait. J'espère qu'elle fera le bon choix, qu'elle se vengera de ce que je lui ai fait, comme ça elle pourra enfin retrouver le cours de sa vie. Connaissant Amy, j'ai des doutes qu'elle réussisse. Elle est trop douce et gentille, mais il n'y a qu'elle qui doit le faire et pour ça, il faut qu'elle continue à me haïr au plus haut point. Que je reste méchant avec elle, que sa rage et sa haine ne s'estompent pas, voire qu'elle s'amplifie pour qu'elle puisse arrêter les soins si nécessaire. L'autre jour, quand j'ai appris qu'elle était vierge et que toute cette rumeur dans laquelle on est bercé depuis le lycée est fausse, ça m'a donné envie de disparaître pour de bon.

Soit, je meurs pendant une éventuelle opération, soit je ne me réveille pas à la suite d'un coma. Si c'est ça, elle n'aura aucune décision à prendre et ce serait le mieux.

Tellement qu'elle est apaisante, quand on a discuté, j'ai failli céder et laisser mon plan pour continuer à vivre. « Et si... moi je n'ai pas envie que tu meurs ? », cette phrase elle résonne encore dans mon cerveau. Mon vieux cerveau qui pourrit et qui me tue. Tout sauf ça : qu'elle veuille que j'existe encore.

En conclusion, quand je vais périr, j'espère qu'elle comprendra que j'ai toujours regretté à mort de l'avoir agressé le soir de son anniversaire, de lui avoir fait la misère, et que je recherche juste son pardon moi ...

Mes biens, l'entreprise, et tout le reste, je les ai mis au nom de ma famille.

     Le lendemain midi ...

Je suis en bas de chez moi avec mon grand frère, je parle avec lui. Depuis qu'il sait que j'ai fais aucun traitement pour ma tumeur, il ne me lâche pas les couilles.

— Toi je peux rien te confier c'est un truc de ouf, dis-je.

— T'allais jamais lui dire, arrête, répondit Ousmane.