Ardeur de passion

Chapitre 6

TRAHISONS

Vingt-et-une heure : mes oncles et mes tantes arrivent chez moi. En saluant ce groupe de personnes inhabituel, j'aperçois oncle Lassana. Si Lassana est là, toi, tu ne dois pas être là, disait-on avec mes frères.

Voici Lassana GUINDO, il a trente-sept ans et c'est mon oncle paternel. Mon tonton le plus cruel et le plus dur de tous, nous l'appelons : « L'organisateur des mariages forcés ». Il s'arrange avec pleins d'individus pour les marier à d'autres, généralement ce sont des femmes qui y sont forcées. Forcées à épouser des vieux hommes riches. D'après lui, c'est pour faire respecter et honorer les traditions et coutumes de nos pays.

Toutes ses filles sont mariées à un homme qu'elles ne connaissaient pas, notamment une qui vient d'avoir ses seize ans. Il est prévoyant pour ses petits-enfants qu'il compte marier aussi à d'autres individus quand ils grandiront. Il a réussi à marier d'obligation un cousin à moi, Alioune (dit Ali), beaucoup de problèmes avec la police, insolent et difficile à gérer pour ses parents et lui-même. Ils l'ont marié à une femme du bled et à l'heure d'aujourd'hui, il est à moitié heureux car il ne l'aime toujours pas, « Mon plus grand exploit » selon mon oncle Lassana.

Quand je l'ai vu, je savais que c'était pour ce mariage controuvé et mensonger, oui car ce mariage reposait sur des mensonges, il est faux.

Depuis le début, vous le voyez, on me répète que je ne dois pas finir comme mon grand frère et épouser un homme rapidement. Je vous explique la raison de cette remarque. Il y a trois ans, tonton Lassana était là et il a forcé Adama à se marier, mais il n'avait pas prévu que mon grand frangin était un chouïa nerveux. Adama a refusé tout en le menaçant, ce qui s'est très vite transformé en une histoire familiale, depuis mon oncle a lâché l'affaire. Malheureusement après avoir abandonné, il a craché sur mon frère en le démontrant comme la bête noire de notre famille.

Revenons-en aux faits. Tout le monde était rentré. Je suis dans mon lit, parlant en message avec les filles, je ne leur ai pas expliqué pour ce « mariage prévu » dont Ousmane m'a parlé.

À la suite, mon père et les autres m'interpellent du salon, je les rejoins.

Mes parents, mes oncles et mes tantes sont tous assis, patientant.

Ma mère assise au côté droit de mon père.

Télévision éteinte, silence absolu.

Regard inquiet de ma mère.

Un air déterminé du père.

Mon père demande à Adama qui était dans sa chambre, de venir aussi. Il nous invite à nous asseoir et l'écouter :

—   Amy, normalement tu le sais, cela fait plusieurs fois maintenant que je te parle du mariage. J'ai toujours voulu ton bien. Quand tu veux et t'essaie d'avoir quelque chose, je fais en sorte que tu l'as. Tu es ma fille et je ne veux que le meilleur pour toi. C'est pour ça qu'aujourd'hui, je décide de te marier, te marier à un homme, respectueux, qui saura te protéger et t'aimer, annonça mon père.

Un homme respectueux, qui saura me protéger et m'aimer. Bien sûr et puis quoi encore ? Je savais où il voulait en venir, ce fameux mariage. C'était donc vrai ce qu'il m'a dit ? Je n'y croyais pas, c'était tellement tôt. Mes oncles et mes tantes sont présents pour cette annonce ? C'est pour leur en parler en même temps que moi. Les larmes me montent doucement aux yeux, je perçois l'expression de mon frère. Étonné de ce qu'il vient d'entendre, il demande :

—   Quoi ? Se marier avec qui ?

—   Ne t'en soucis pas, elle ne deviendra pas comme toi, intervint oncle Lassana.