La Weyter

20

Le palais n'était plus bien loin des voyageurs. Plus leurs pas étaient nombreux, plus la colère de Michael grandissait, car il savait se rapprocher de sa souffrance originelle.

Ils virent bientôt le sommet du palais, et Ojko en souriait. Il ne s'étonna même pas de l'envergure du monument, ni même de sa beauté. Il savait déjà de quoi était capable un tel être, telle qu'Emma. Le sol restait calme, c'était une chose bien étonnante, car la planète savait, et la planète c'était elle.

Ils arrivèrent sur la terrasse d'entrée, en arc de cercle, précédant une dizaine de marches cristallisées. Ojko fit alors signe à sa troupe de se stopper de la main. Il la sentait comme elle connaissait déjà sa présence.

Emma arriva au bord de la première marche en haut de l'escalier, enroulée dans un voile de soie rouge, le visage humide, fait de colère et de tristesse.

"Que voulez-vous étrangers ?" Demanda-t-elle la voix étranglée.

"Madame ! Je me présente, mon nom est Ojko, et je suis votre semblable."

"Je sais qui vous êtes."

"Je viens à vous avec une demande. Un projet à vous soumettre. L'univers est en détresse, habité par des habitants qui ne lui donnent aucun sens. J'ai pour projet de le sauver, mais pour cela, j'ai besoin qu'une seconde personne se joignent à moi. Je ne vous demande pas d'être cette personne, je ne vous demanderais un tel service, je sais que votre temps est précieux, mais dans un tel cas, j'ai besoin de vous pour concevoir l'enfant de deux Dieux qui me permettra de rendre à l'univers sa beauté et son but."

"J'ai vu en effet par mes yeux que l'univers périssait, mais aussi terrible soit-il, je ne vous accepterais dans mes draps pour vous offrir un enfant qui ne naîtra que pour la destruction. Car c'est bien là, la destruction que vous désirez ? N'est-ce pas ? Inutile d'utiliser de grands mots avec moi quand la réalité est si petite. Je vous trouve d'ailleurs bien confiant de venir à moi avec une telle requête. Je ne suis pas libre comme vous pourriez l'imagin....."

La phrase qu'Elea s'apprêtait à terminer s'était interrompue. En effet, les yeux de la Déesse avait croisés ceux de son homme, sa création, celui qu'elle aimait tant, plus que tout.

"Michael ?" Murmura-t-elle légèrement incompréhensive.

Celui-ci ne la regarda qu'avec dureté. Et alors, elle reporta ses yeux à Ojko, avec bien trop de colère.

"Que fait ma création parmi tes hommes ?"

"Lui ? Il est venu à moi avec la colère des orages. Tu lui as fait beaucoup de mal." Lui souriait-il.

"Que lui as-tu fait croire pauvre imbécile ?!" S'énerva-t-elle en se rapprochant de lui, laissant tomber au sol son voile, descendant les marches.

Ojko recula souriant derrière ses serviteurs, qui barrèrent ignorants, la route à la dame.

Du pouvoir à la magie, une dague apparue forgée dans l'or, dans la main d'Emma. Et sa main se perdue dans la chair de ces hommes et femmes. Sans mortalité.
Michael accouru alors vers la troupe, et ne voulant que sa créatrice ne fasse encore du mal, il se plaça directement devant la troupe qui, blessée, protégeait son maître.

Emma joignait son regard à Michael, la dague levée sur le côté droit de son cou.
Emma tremblait alors, ne voyant en son homme que la colère qu'il lui associait. Alors qu'elle, tout au contraire, l'aimait à en mourir.

Elle rabaissa alors sa lame, les larmes perlant aux coins de ses yeux. Ses yeux toujours plongés dans ceux de Michael. La faute ne venait pas d'elle, elle le savait, mais elle savait également que pour Michael, la faute venait d'elle, et qu'en ce temps, elle ne pourrait le changer. Elle ne pouvait que l'aimer comme aimer une fleur empoisonnée. Elle ferma alors les yeux, attrapa sa jeune main, et déposa la dague d'or dans sa paume, avant de se mettre à genoux devant lui.