Chapitre 13

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Je profite de mon cours temps de pause pour étirer mes muscles endoloris et tenter de faire passer la douleur. Les quelques temps passés chez Nicomède ont endormi mon corps et, même après quelques semaines, je n'ai pu le réhabituer à la dureté du labeur dans les champs. 

Je remarque que mon oncle me regarde avec une touche de pitié dans les yeux. Je sais qu'il aurait souhaité une autre vie pour moi, une vie dans laquelle ma plus grande inquiétude aurait été la mauvaise qualité de ma peau ou mon choix vestimentaire, une vie où je n'aurais eu aucune difficulté à me trouver un, voire plusieurs prétendants. 

Mais j'aimerais qu'il comprenne que je suis heureuse comme ça et que je ne changerais de place pour rien au monde. Ma seule source de tristesse est l'absence de Nicomède à mes côtés.

Il me manque à un point que je n'aurais pu imaginer et mon oncle en a conscience. Il se met souvent à me sermonner sur le fait que je ne peux être avec lui et que je dois l'oublier pour mon propre bonheur. Mais toutes ses belles paroles ne me servent à rien car je le sais très bien.

Malheureusement, je ne peux lutter contre la tristesse qui m'envahit dès que je pense à lui. Tout ce que je suis capable de faire, c'est vivre tout en priant pour que son image sorte rapidement de ma tête.

Tandis que je suis plongée dans mes pensées, picorant les quelques miettes restantes de mon déjeuner, un bruit de galopade se fait entendre. Je jette un regard à mon oncle et, ne pouvant contenir ma panique, dépose mes mains tremblantes sur la table dans le but de m'accrocher à  quelque chose.

La dernière fois que des gens sont venus ici, quelqu'un est mort. En face de moi, mon oncle me lance un regard de soutien puis se lève. Mes tremblements se font de plus en plus puissants quand je pense qu'il va me laisser seule mais je réalise qu'il ne compte pas quitter la cuisine et me calme.

Je le vois s'emparer d'un gros couteau et me faire signe de me glisser derrière lui. Je lui obéis et nous marchons lentement jusqu'à l'entrée. Après une certaine hésitation, nous décidons de sortir et je me retrouve perplexe en m'apercevant de l'identité de la personne qui m'a donné une telle frayeur. 

Je suis, tout d'abord, énervée par le fait qu'il soit là malgré l'interdiction de mon oncle mais mon amour pour lui finit par prendre le dessus et je ne peux donc m'empêcher de lui sauter dans les bras. Qu'est-ce que son odeur m'a manqué...

Nicomède semble, dans un premier temps, surprit par mon geste puis il se détend rapidement et me donne un doux baiser. Ses lèvres sur les miennes font naître en mon ventre des centaines de papillons qui menacent de s'envoler et je frissonne de plaisir.

A ce moment-là, nous nous retrouvons comme seuls au monde, tout est parfait et nous pouvons finalement être ensemble. Je suis, plus que jamais, remplie d'amour pour lui et là, il me semble enfin réciproque et permit. C'est le raclement de gorge de mon oncle qui éclate finalement notre bulle. Je reprends alors conscience de la situation dans laquelle nous nous trouvons et m'éloigne de lui, les joues rouges telle une pivoine.

Après mon accueil chaleureux, nous entrons dans la maison et nous nous installons à table où je lui lance un regard interrogatif. En effet, malgré le bonheur de nos retrouvailles, j'ai pu constater qu'il semblait troublé.

Il comprend directement que j'attends des explications et ne perd pas de temps car, sans même que je doive ouvrir la bouche pour lui poser des questions, il commence à nous expliquer la raison de sa venue.

Je me fige en entendant ses paroles. Comment ai-je pu, en une seule soirée, attirer l'attention de cet homme si important qu'est le roi ? Je suis entièrement d'accord avec Nicomède, il est hors de question que j'aille là-bas.

AleynaOpowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz