Chapitre 5

204 19 5
                                    

Assise aux pieds d'un arbre, j'admire Nicomède qui, depuis déjà une heure, enterre le corps sans vie de mon grand-père. Ça a été la première chose qu'il a voulu faire à son arrivée ici, estimant que ce n'était pas possible pour nous de vivre dans une telle puanteur mais je ne l'ai pas laissé faire, je n'étais pas prête à lui dire, aussi tôt, adieu.

Il m'a comprit et, malgré un certain dégoût mal caché, a répondu positivement à ma volonté. C'est donc maintenant, quatre jours après son arrivée que j'ai accepté de le lâcher et il n'a pas perdu de temps avant de sortir le corps de la maison.

C'est tout naturellement qu'il s'est mit à la tâche tout seul, ne me demandant aucune aide. D'ailleurs, ces derniers jours, il a travaillé dans les champs sans même que j'aie à lui demander quoi que ce soit. Je ne sais pas ce que j'aurais fait si il n'était pas revenu. 

J'aurais probablement fini par mourir de faim, toujours aux côtés de mon grand-père, attendant inlassablement l'arrivée de mon oncle. 

Cependant, sa présence m'a redonné l'énergie pour vivre que je pensais avoir définitivement perdue lors de la mort d'un des être les plus chers à mes yeux. Il a réussi à me sortir du traumatisme dans lequel je m'étais retrouvée enfermée et son baiser a provoqué chez moi des sensations indéchiffrables que je n'avais jamais ressenti avant.

Je lui suis infiniment reconnaissante d'avoir été là pour moi durant la période difficile que je viens de traverser et que, bien entendu, je vis toujours. Il a fait preuve d'énormément de patience et, malgré mes cris qui le réveillaient la nuit à cause d'un énième cauchemar, il venait toujours me réconforter, sans montrer ne serait-ce qu'un seul signe de fatigue.

Il ne s'est pas plaint une seule fois de la puanteur que provoquait le corps mort que je refusais d'enlever. Pourtant, j'ai pu l'apercevoir vomir quelques fois et je le comprends. Moi même, j'ai eu beaucoup de mal à supporter cette odeur.

Toujours plongée dans mes pensées, je ne remarque pas directement que Nicomède a terminé son travail et ce n'est que quand il vient s'asseoir à mes côtés que je reviens dans le monde réel, en sursautant.

-Tu crois qu'il viendra, cet homme que tu attends si désespérément ?

En entendant ses paroles, je suis prise d'un doute. Je sais que mon oncle reviendra, il revient toujours. Mais quand ? Quand fera t'il son retour ? Je ne peux pas me permettre de demander à Nicomède de l'attendre des semaines, voir même des mois à mes côtés.

De plus, il m'a fait  promettre de ne pas rester ici plus d'une semaine. Il ne reste déjà plus que trois jours et nous n'avons toujours aucune nouvelle de lui.

Que faire si il ne s'est pas montré avant notre départ ? Je serais incapable de me débrouiller par moi même dans une grande ville. C'est à peine si je pourrais survivre à la campagne alors dans la capitale... Je me ferais immédiatement voler toutes mes affaires et je finirais dans la rue à faire la manche ou pire... En tant qu'objet de plaisir pour des vieux dégueulasses.

Je frissonne de dégoût rien que de penser à cette scène horrible. 

Je surprends Nicomède en posant ma tête sur son épaule pour lui répondre.

-Je ne sais pas, je l'espère en tout cas. Sans lui, je ne sais pas ce que je vais devenir.

-Tu l'aimes tant que ça ?

Je le regarde d'un air interrogatif. Bien entendu que je l'aime, il a été ma seule figure paternelle et a toujours été à mes côtés avant qu'il ne doive partir travailler en ville. Il serait étrange de penser que je ne l'aime pas.

AleynaWhere stories live. Discover now