Chapitre 8

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P.D.V. Inconnu :

Enfin, après tant de mois d'absence, je vais retrouver la chaleur de ma maison... Malgré le fait que je sois déçu de m'être fait renvoyer de mon travail, je suis heureux rien qu'à l'idée de revoir mon père et la petite Aleyna. 

Elle doit sûrement avoir encore grandit durant mon absence. A son âge, ça pousse vite je crois. Et ça commence à attirer les hommes aussi... Il va falloir que je commence à lui trouver un bon parti qui la rendra heureuse d'ailleurs, si je ne veux pas qu'elle finisse vieille fille.

Mais rien que de l'imaginer mariée me rend triste. J'ai l'impression qu'il y a seulement quelques semaines, elle était là, à courir entre mes jambes et à me faire des blagues qui rompaient l'ennui qui régnait sur la maisonnette.

En m'apercevant que je suis bientôt arrivé, je me mets à siffloter. Cela fait déjà plusieurs jours que je voyage et atteindre ma destination m'apaise. Je n'aurai plus à craindre de me faire détrousser ou même tuer pendant la nuit par des bandits de grands chemins. La journée, je n'ai aucune peur. Après tout, qui oserait s'en prendre à un homme de mon gabarit ? Les longues années que j'ai passé au palais en tant que garde ne m'ont pas servi à rien, je me suis forgé un corps d'acier.

Néanmoins, quand j'arrive devant la maison qui nous a accueillis, ma famille et moi, durant des années, je me retrouve perplexe et je commence à m'inquiéter. Il règne un calme étrange qui ne devrait pas être là et les champs sont bien trop vides pour cette heure de la journée. Connaissant Aleyna, elle n'aurait jamais manqué un jour de travail. Elle a trop peur de nous voir nous priver par manque d'argent.

Mon inquiétude commence à prendre une ampleur de plus en plus grande quand je remarque, de loin, que la porte est ouverte et que malgré les bruits de galopade de mon cheval, personne ne vient m'accueillir.

Je presse donc mon destrier pour qu'il aille le plus vite que possible et, dès que je suis arrivé à la hauteur de l'entrée, je saute alors que je viens à peine de me mettre au trot et rentre dans la maison sans prendre la peine de m'annoncer. 

Une atmosphère anormale est présente en ces lieux, certains meubles sont renversés et quelque chose semble avoir pourri car la puanteur est impossible à supporter. Je ne sais pas ce qui est arrivé ici, mais cela a certainement du être grave.

Mon premier réflexe est de crier à m'en écorcher la voix tout en espérant recevoir une quelconque réponse mais ma demande n'étant pas acceptée, je renonce à continuer à appeler Aleyna et mon père et me met à fouiller les rares pièces de la maison.

Alors que je m'apprête à abandonner, désespéré de revoir un jour les personnes les plus importantes pour moi, je tombe sur un mot qui semble avoir été rédigé très rapidement. Je m'empresse de lire la petite lettre pour comprendre la situation et pouvoir agir.

"Cher oncle, durant ton absence, il s'est passé quelque chose que je me dois de t'annoncer de vive voix. Je ne pouvais plus rester ici sans toi et je suis donc allée, avec l'aide d'une de mes connaissances, m'installer dans la capitale. Je vais bien, ne t'inquiète pas pour moi.

Ta nièce qui t'aime."

La capitale ??? Non, non, non, elle ne doit surtout pas y aller, c'est extrêmement dangereux. Je dois la ramener maintenant. Qu'est ce qui lui a prit ? Je me rappelle pourtant avoir été très clair lorsque je l'ai élevée, elle n'a pas le droit d'aller dans la capitale. Et qui est cette connaissance qui l'a attirée en ce lieu si pourri ? Elle est censée ne connaitre personne, c'est dans ce but que je l'ai fait vivre éloignée de toute personne.

Je ne réfléchis pas plus longtemps et, emportant le mot avec moi, je remonte à cheval pour rejoindre la petite. Je suis tellement inquiet pour elle que je ne prête pas attention à la vitesse à laquelle je suis ni aux chemins que j'emprunte. Fort heureusement, j'ai fait ce trajet tant de fois que je sais désormais le faire les yeux fermés.

Je ne mets pas plus de quelques heures à arriver et il ne m'est pas trop difficile de pénétrer dans la ville. Le tout est de maintenant la retrouver et dans cette cité remplie de monde, ce sera une tâche ardue car je n'ai aucune idée de l'endroit où elle peut se trouver.

Sans idée fixe, je commence à me balader dans les rues, la bride de mon cheval à la main, dans l'espoir de recevoir des informations concernant son emplacement et quand, sur la place du marché, je pense voir une jeune fille lui ressemblant de dos, je me précipite vers elle tout en criant son prénom.

Je me retrouve soulagé quand je la vois se retourner et que je constate que c'est bien elle et qu'elle semble en pleine forme. Je me précipite à ses côtés pour la serrer dans mes bras et sentir son odeur comme pour me prouver qu'elle est bien là.

Après de longues minutes, nous nous détachons l'un de l'autre et je m'adresse à elle tout en lui tenant les épaules.

-Où se trouve mon père ? Il faut aller le chercher et quitter la ville. MAINTENANT !!

Je vois qu'elle est surprise du ton que je viens d'utiliser mais je constate que cette surprise se transforme rapidement en gêne puis en tristesse et c'est moi qui tombe dans l'incompréhension.

-Mon oncle... J'ai quelque chose d'important à t'annoncer et pour ça j'aimerais que nous soyons seuls tous les deux et ce n'est pas dans la rue que ça va être possible.

En effet, depuis tout à l'heure, de nombreux regards curieux convergent dans notre direction. Je ne refuse donc pas son invitation à me rendre dans la maison dans laquelle elle a passé ses derniers jours.

Une fois arrivés dans la maison de noble dans laquelle elle a élu résidence, nous nous installons dans la pièce principale pour parler. Je la vois d'abord hésitante, ne sachant probablement pas comment aborder le sujet avec moi mais quand elle se lance, elle le fait d'une traite, ne prenant même pas le temps de reprendre sa respiration.

C'est ainsi que j'ai apprit toute l'histoire, l'attaque, le marché d'esclave où ils désiraient l'emmener, le sacrifice de mon père et le retour du petit noble.

Une fois qu'elle a fini, je me lève pour marcher dans sa direction et je la vois frémir lorsqu'elle constate que je m'approche d'elle. Croit-elle que je vais la blesser sous le coup de l'émotion ? Cette pensée me rend triste et, sans perdre plus de temps, je me jette sur elle pour la prendre dans mes bras et la consoler.

-Ça a du être terriblement dur pour toi... Je suis là à présent et je ne te quitterai plus... Mais nous devons quitter les lieux et nous trouver une nouvelle maison où habiter tous les deux, d'accord ?

Je la sens hésitante, je comprends bien qu'elle ne sache pas trop comment réagir étant donné qu'elle ne connait rien à la situation actuelle mais je ne peux pas lui expliquer maintenant alors que la mort de mon père l'a déjà tellement détruite.

Après un long silence durant lequel elle réfléchit, elle hoche la tête mais reprend parole.

-Néanmoins, je ne peux partir sans prévenir le véritable propriétaire de la maison. Il a tant fait pour moi, ce serait impoli.

Je suis dubitatif mais je finis par approuver. Après tout, quelques jours en plus ici ne devraient pas changer grand chose, n'est-ce pas ? Du moins je l'espère.

Nous nous levons tous les deux pour qu'elle me fasse visiter les lieux mais des grands coups sur la porte nous font sursauter. Je regarde Aleyna en l'interrogeant du regard mais elle ne semble pas comprendre non plus ce qui se passe vu comment elle est troublée.

Constatant que nous n'allons pas leur ouvrir, les inconnus défoncent la porte et pénètrent dans la maison sous les cris de la nièce. Quand je remarque qui se trouve au centre des hommes qui viennent d'entrer, je me fige.

Et voilà que le monstre en personne est entré dans sa maison...

AleynaWhere stories live. Discover now