partie 9

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La nuit dernière, le quartier indigène a reçu la visite de Gosier _ D'oiseau, le commissaire de police. Il doit ce nom à son cou interminable et souple comme celui de nos piques_ bœufs... Donc Gosier d'oiseau est descendu avec ses hommes au quartier indigène. J'avais quitter la résidence à minuit. Quand j'arrivai chez moi, tout dormait.
Je m'allongeai mais ne parvint pas à dormir. Je fermai les yeux et attendis le sommeil. Il vint un moment où je ne savais si je dormais ou si j'étais éveiller.
J'entendis comme dans un rêve un crissement de freins.
La case fut inondée de lumière comme pendant les nuits de pleine lune.
Je me levai et me dirigeait à pas feutrés vers la porte.
On y frappa de violent coups de l'extérieur.
_ Ouvrez, ouvrez! Criait on.
Je revins furtivement en arrière pour aller prévenir mon beau frère. Je fus étonné de le trouvé éveillé.
_ C'est Gosier _ D'oiseau et ses hommes, lui murmurai je à l'oreille.
Nous allâmes ouvrir la porte sur laquelle nos visiteurs donnaient libre cours à leur impatience.
La porte céda plutôt que je ne l'ouvris. Précédé de quatre gardes foulbé, Gosier _ D'oiseau se rua dans ma case. Je m'effaçai derrière la porte tandis que mon beau frère et ma soeur, à moitié mort de peur, regardaient Gosier_D'oiseau et ses hommes bouleverser notre mobilier.
Ils renversèrent la vieille Touque à pétrole et l'eau qu'elle contenait inonda ma natte. Gosier_D'oiseau donna un coup de pied sur une gargoulette qui vola en morceaux. Il dit à l'un de ses hommes de retourner le tas de régimes de bananes. Il cueillit Un fruit et l'avala goulûment.
Je tremblait pour ma soeur dont les yeux ne quittaient pas la pomme d'Adam hypertrophiée du blanc. Elle se gonflait et se dégonflait comme une baudruche à mesure que Gosier_ D'oiseau avalait. Il jetta la peau et pirouetta deux fois sur lui même, puis nous désigna du doigt. Le garde qui portait un galon rouge me tira de derrière la porte et me poussa devant son chef. Gosier_D'oiseau me braqua sa puissante torche électrique sur le visage. Je cillai et instinctivement je rejetait la tête en arrière.
_ Ton nom? Me demanda le gradé noir qui faisait office d'interpréte.
_ Toundi.
_ Toundi comment? Demanda le commissaire.
_ Toundi Joseph, boy du commandant.
_ Gosier _ D'oiseau fronça les sourcils. Le noir gradé confirma ce que je disais avec un :
_ Y'en a vérité, chef.
Le blanc me tourna le dos et dirigea le faisceau lumineux sur la zone d'ombre où s'étaient réfugiés mon beau frère et ma soeur.
_ C'est ma soeur et l'homme est son mari...
_ Y'en a vérité, chef, dit encore le gradé noir.
_ Bien, dit Gosier_D'oiseau en lançant sur son collègue noir une œillade courroucée. Bon, bon, disait il en nous considérant tour à tour.
Il cueillit une autre banane et commença à la manger
Les yeux de ma soeur se remirent à s'agrandir et moi à avoir peur. Gosier _ D'oiseau tourna les talons, plia son long cou et s'en fut. Le bruit des moteurs alla décroissant puis ce fut le silence.
Tous les noirs avaient gagné la forêt. C'est le gradé noir qui avait avertit alerté le quartier avec son coup de sifflet au moment où ils étaient arrivés à notre case.
Au cours de sa rafle d'hier soir, Gosier D'oiseau n'a eu personne. Il a manger des bananes.
Je me suis réveillé au premier chant du coq.
Tout le monde dormait encore quand je suis arrivé à la résidence, sauf la sentinelle qu'on entendait aller et venir dans la véranda. Le garde me reconnut et vint près de moi. Nous nous assîmes sur les marches de l'entrée et il me demanda ce que je pensais de << zeuil de panthère>>. Tiens, me dis je c'est ainsi qu'on appelle le commandant...
_ Movié ( mon vieux) ! S'exclama le garde, zeuil de panthère cogner comme Gosier d'oiseau ! Lui donner moi coup de pied qui en a fait comme soufat'soud'...
Zeuil y en a pas rire...
_ Oui, répondis je, la panthère nous tient...
Le clairon du camps des gardes sonna six heures. J'entendis un << boy la douche! >> à tout casser. Pour un blanc, mon maître est vraiment matinal. Plus tard, quand il revint de la douche, il me demanda si j'avais bien dormi.
_ Oui, mon commandant, répondis je .
_ Vraiment ? Fit le commandant un sourire au coin de la bouche.
_ Oui, mon commandant, répétais je.
_ Tu mens ! Dit il.
_ Je ne mens pas, répétait je.
_ Tu mens ! Dit il.
_ Je ne mens pas, mon commandant.
_ Et la rafle d'hier.
Il haussa les épaules. Puis, méprisant, il me traita de <<pauvre bougre>>. Il avala difficilement son café et engueula le cuisinier. Le café était moins sucré que d'habitude. Après nous avoir servi notre << bande de fainéant>> le commandant était sortit en claquant la porte.
Aujourd'hui c'est samedi. Tous les blancs de Dangan ont l'habitude de passer cette journée au cercle européen dont M. Janopoulos est le propriétaire.
Tous les boys sont libre à midi.
En rentrant au quartier indigène, j'ai rencontré Sophie, la maîtresse noire de l'ingénieur agricole. Elle semblait furieuse.
_ Pas contente du congé, Sophie?
Lui demandai je.
_ je ne suis qu'une idiote, me répondit elle. Pour une fois que mon blanc avait oublié les clefs de son coffre dans les poches de son pantalon pendant la sieste, je ne les ai pas fouillées.
_ Tu veux donc empêcher ton blanc de retourner dans son pays.
_ Je le f.. De son pays comme de lui! Ça le fait mal au coeur de penser que depuis que je suis avec cet incirconcis. Je n'ai pas encore trouvé l'occasion de m'enrichir . j'ai encore laissé échapper ma chance aujourd'hui... Je n'ai que de la boue à la place du cerveau...
_ Alors, tu n'aimes pas ton blanc?
Il est pourtant le plus beau de tous les blancs de Dangan, tu sais..
Elle me regarda un moment, puis rétorqua.
_ Toi, tu parles vraiment comme celui qui n'est pas un nègre! Tu sais bien que le blanc n'a pas ce qui peut nous rendre amoureuses...
_ Alors?
_ Alors quoi, j'attends... J'attends l'occasion... Et Sophie ira en Guinée espagnol... Qu'est ce que tu veux, nous autres négresses ne comptons pas pour eux. Heureusement que c'est réciproque ! Seulement, vois tu, je suis fatiguée d'entendre: << Sophie, ne viens pas aujourd'hui, un blanc viendra me voir à la maison>>, <<Sophie, reviens, le blanc est partit>>, << Sophie, quand tu me vois avec une madame, ne me regarde pas, ne me salue pas>> etc...
Nous avons continué à marcher côte à côte sans rien nous dire. Chacun suivait ses pensées.
_ Je ne suis qu'une idiote, se répétait elle encore en me quittant.
Le soir, vers cinq heures, je suis allé rôder autour du cercle européen. Nous étions beaucoup de noirs à regarder les blancs s'amuser.
M. Janopoulos est l'organisateur de tous les plaisirs des blancs de Dangan. Il est leur doyen et on se perd en conjectures sur la date de son arrivée ici. On raconte qu'il est le seul rescapé d'un petit groupe d'aventuriers qui furent mangés dans l'est du pays quelques années avant la première guerre mondiale.
Depuis M. Janopoulos, qui aurait bien pu finir dans quelque estomac a poussé...
Il est devenu le plus riche de tous les blancs de Dangan.
M. Janopoulos n'aime pas les indigènes. Il a la manie de lancer sur eux son énorme chien loup.
Le sauve qui peut devient général parmi les noirs. Cela amuse les dames.
Aujourd'hui, elles ont été servies. Le groupe des indigènes venus regarder les blancs était plus dense que d'habitude.
Massés à proximité du cercle européen, nous nous sommes éparpillés dans les massifs d'essesongos dès que M. Janopoulos eut satisfait sa manie.
La débandade habituelle s'était transformée en ruée frénétique.
La présence du nouveau commandant au cercle européen avait doublé les rangs des badauds. À la première alerte, j'ai été bousculer, renversé, piétiné, j'ai senti le chien du grec sur mes talons.
Je me demande comment j'ai pu me relever et grimper sur le faite de ce manguier géant qui a été mon refuge. Les blancs riaient en désignant du doigt le dôme de l'arbre qui me cachait.
Mon commandant riait avec eux. Il ne m'a pas reconnu. Comment aurait il pu me reconnaître ? Pour les blancs tous les nègres ont la même gueule...

Une Vie De Boy (En 1ére)Where stories live. Discover now