Chapitre 28

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♫ « It Ain't Me » - Kygo ft. Selena Gomez ♫


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Joy
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Je n'ai encore rien planifié pour les deux prochains jours. En m'annonçant qu'il ne rentrait pas dimanche comme prévu, Harry a fichu mes plans en l'air. Moi qui me faisais une joie de le retrouver pour passer une semaine entière avec lui, je suis vite redescendue de mon nuage. Je me console en me disant qu'il sera là au plus tard après-demain. Quarante-huit heures, ça passe vite, non ?

Je me retrouve donc seule à l'appartement, à ne pas savoir comment je vais rentabiliser efficacement mon temps libre. Ma chère colocataire a déserté les lieux pour rejoindre Louis. C'est fou comme l'on s'habitue vite à tout faire en fonction de la personne avec qui on vit.

Edgar endure l'enfermement que je lui impose, mais je n'avais pas d'autre solution pour pouvoir m'occuper de lui et passer du temps avec Ava. Il est de plus en plus insupportable et me fait comprendre que la grande maison de son maître lui manque. Chat de luxe. J'envisage de me transférer là-bas dans la journée pour apaiser le pauvre félin en mal d'espace et soulager enfin mes oreilles de ses miaulements incessants.

Trois semaines qu'il est parti. Trois longues semaines. J'ai ouvert les yeux ce matin avec cette pensée qui m'a tiraillé le ventre dès le réveil. En observant le brouillard matinal depuis ma fenêtre, je me suis demandé ce que Harry pouvait bien faire de son côté. Heureusement, j'ai su me ressaisir pour ne pas sombrer dans un abattement totalement inutile. Je me suis levée, j'ai pris une douche et enfilé les sous vêtements que je ne destinais qu'à ses yeux pour lui envoyer la photo qu'il m'avait réclamée la veille. Ça doit bien faire plus de cinq ou six ans que je n'ai pas fait une chose pareille. Je me suis sentie un peu puérile en envoyant le cliché digne d'un magazine de charme tout en espérant qu'il ferait son petit effet. Sa réponse m'a flattée dans le sens où il exprimait clairement l'impact qu'il avait provoqué en lui. Il ne m'a d'ailleurs rien renvoyé après. J'espère qu'il a fait de doux rêves.

Avant de déjeuner, j'enfile une veste pour descendre relever le courrier. Ava trouverait matière à dire si elle me voyait le nez plongé dans le journal. Il n'y a qu'elle pour s'abonner à un quotidien alors que toutes les informations sont consultables sur le Net. En parcourant les gros titres, je tombe sur le rapport de la haute autorité de santé concernant le classement des établissements les plus sûrs de Londres. St. Mary remporte une nouvelle fois le palmarès pour la quatrième année consécutive. Ils sont parvenus à maintenir leur niveau sans moi, ces cons. Ça vaut bien une petite visite de courtoisie. Je repousse cette échéance depuis bien trop longtemps et n'ai clairement rien de mieux à faire aujourd'hui.

Remettre les pieds là-bas n'est pas aussi compliqué que je le pensais. On se fait souvent toute une montagne de certaines épreuves alors qu'avec un peu de courage et de bonne volonté, les choses se font naturellement. Jerry me tanne depuis des semaines pour que je passe lui dire bonjour. Je crois qu'il en a surtout assez de sans cesse jouer le messager lorsque mes anciens collègues demandent de mes nouvelles. Je ne compte pas m'éterniser, seulement passer prendre la température, voir si je suis capable d'y aller la tête haute, alors que ce lieu est chargé de souvenirs et de mauvaises tentations.

En passant les portes coulissantes, je m'attendais à me sentir beaucoup plus vulnérable, alors qu'au contraire, je suis étrangement sereine. Le ménage du matin vient d'être fait si j'en juge à l'odeur familière qui prend au nez dès le hall d'entrée. Je note déjà de légers changements. Les murs qui étaient verts avant mon départ ont été rafraîchis dans un blanc immaculé et chaque secteur d'hospitalisation semble avoir été identifié par une couleur. J'emprunte donc la direction du couloir rouge -quelle originalité- pour me rendre aux urgences.

YOURS. // Tome 3Where stories live. Discover now